Savè, la rupture encore à moitié.
Savè, dans la tête de beaucoup de béninois, c’est la résistance à la rupture, la résistance à la nouvelle donne politique qui voit Patrice Talon et son système en mains tous les pouvoir et drainer la nation dans ce qu’ils considèrent comme révolution. Les chiffres il faut l’admettre sont flatteurs à plusieurs égards. La révolution vantée dans les médias et canaux officiels semble tout de même loin de convaincre les esprits. Convaincre les gens de la qualité de la direction du gouvernail c’est me semble-t-il le seul chantier encore loin d’être défriché à succès chez les rupturiens convaincus et les néo adulateurs du système talon.
Les élections législatives d’avril 2019 et leur corolaire de violence qui ont affligé le pays et en ont dévoilé les failles du système démocratique ont indiqué la zone chabè comme étant la zone encore mal cicatrisée de l’ancien régime qui était chabè en parti avant d’être tout autre. Cette proximité connue, cette parenté fut l’excuse aux yeux des autres béninois. Les violences de Savè, de Tchaourou et de Cotonou ont choqué mais a été assimilé aux guéguerres entre un enfant adoptif et son nouveau parent. Difficile transition tant le souvenir du parent biologique est encore vif dans l’esprit. Dans le subconscient collectif le reste du pays a semblé comprendre accepter, pardonner trouver une excuse à une partie du Bénin qui dormais et qui se réveille 3 ans après et a du mal à digérer un monde qui tourne et change la donne des dés démocratiques joués depuis 1990. L’indignation donc en juin dernier même s’elle était là a pu s’étouffer face à cette excuse.
Aujourd’hui le dialogue politique a tenté d’effacé les taches sombres laissées sur la place publique politique. Boni Yayi l’ancien président est rentré mieux, il réconcilie les factions en lambeaux de son parti Force Cauris pour un Bénin Emergent. Le seul parti véritablement d’opposition en règle finalement. Face à ces données nouvelles et révélatrices d’un espace politique dynamique et extrêmement changeant l’excuse d’un monde chabè qui se rebelle est incompréhensible, intolérable et inexcusable. Ces dernières violences dans cette ville du centre ayant fait deux morts et plusieurs blessés graves indignent, révoltent et c’est à juste titre que le général désormais dans la peau d’un député (Gbian) pense qu’on ne peut tolérer que des individus mettent à mal l’autorité de l’Etat. Toute la différence est là, il ne s’agit pas d’une suite de la révolte politique prétendument née de l’exclusion des oppositions même si tenter d’en voir un lien n’est pas impossible.
C’est cependant un chantier béant qui se révèle au silence des nouveaux bâtisseurs. Diriger se voir accepter sa dictature de développement est un enjeu que les politiques d’aujourd’hui doivent avoir en prime de viseur. La politique donc trop institutionnelle du régime de Cotonou est mise en en débat indirectement. C’est en effet que si l’on sort les institutions du peuple et de son battement cela les rend forts mais fragiles à la fois. Et cette fragilité s’exprime à travers les difficultés de l’armée et de la justice dans la ville. Le chantier n’est pas que étatique, institutionnel et rupturien. Si Boni Yayi veut jouer le nouveau rôle, le rôle de parrain politique, une chaudière est mal venue dans sa région. Aider à l’éteindre est pour lui un devoir, c’est même un impératif. Boni Saka