Human Rights Watch pointe du doigt les méthodes de la police lors de manifestations de l’opposition, à trois semaines du scrutin présidentiel.
Des manifestations d’ampleur pourraient intervenir dans les prochaines heures en Guinée. Le front national de défense de la Constitution (FNDC) appelle à une grande mobilisation mardi (29.09.20). Ce regroupement d’acteurs de la société civile et de l’opposition veut dénoncer la candidature à un 3ème mandat du président sortant Alpha Condé. Un responsable du FNDC a appelé les militants de l’opposition à « envahir l’autoroute ». Ces opposants doivent être « déterminés, courageux, et sortir le mardi pour dire qu’on en a marre et qu’on doit en finir avec ça », ajoute Saïkou Yaya du parti UFR (Union des forces républicaines), membre du FNDC dans un média guinéen.
Si le chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo et son parti UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) se sont « volontairement exclus » du FNDC, l’opposant, candidat au scrutin du 18 octobre prochain, est contre ce 3ème mandat d’Alpha Condé. Samedi (26.09.20), Cellou Dalein Diallo a critiqué le bilan du président sortant, à qui cadeau a été fait de deux mandats, selon l’opposant.
La tension est palpable
« Alpha, parlant de ces élections, parle déjà de guerre. Il faut qu’on s’y prépare. C’est lui qui l’a dit. S’il veut voler une autre victoire, nous nous battrons pour gagner. Et lorsque nous gagnerons, s’il essaie de voler, s’il veut la guerre, il l’aura », a fait savoir Cellou Dalein Diallo, candidat pour la 3ème fois consécutive face à Alpha Condé. Le président guinéen avait déclaré, quelques jours plus tôt, que « cette élection n’est pas seulement une élection, c’est comme si nous étions en guerre ».
Cette déclaration du principal opposant guinéen survient au lendemain d’un rapport intitulé « Ils ont laissé les gens s’entretuer », publié par Human Rights Watch (HRW). Selon l’ONG américaine, « les forces de sécurité ont failli à leur responsabilité de protéger la population de violences et intercommunautaires » lors du double scrutin législatif et référendaire de mars dernier. HRW affirme que la police a commis, elle-même, « des violations des droits humains à N’Zérékoré, dans le sud-est de la Guinée ». Au moins 32 personnes ont été tuées, évalue l’ONG. Sur RFI, le ministre de la sécurité, Albert Damantang Camara, reconnaît que « les forces de l’ordre ont pu être débordées par les affrontements intercommunautaires ».
Vote ethnique
Ce n’est pas la première fois que les forces de l’ordre sont pointées du doigt lors de manifestations dans le pays. En juillet 2018, HRW déclarait que les élections communales de février 2018 et la grève des enseignants dans le même mois avaient donné lieu à « de violents affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants de l’opposition ». Il n’est pas alors exclu que de nouveaux affrontements surviennent mardi (29.09.20) entre forces de sécurité et le FNDC.
Le scrutin présidentiel ne devrait pas échapper au vote ethnique. Les électeurs privilégient le candidat issu parfois du terroir. Le président Alpha Condé a ainsi mis en garde samedi (19.09.20) les électeurs de Kankan s’ils en venaient à voter pour un candidat autre que celui issu de cette communauté. « Si vous votez pour un candidat malinké qui n’est pas du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée, parti au pouvoir, ndlr), c’est comme si vous votiez pour Cellou Dalein Diallo », a-t-il fait savoir.
Cellou Dalein Diallo est un Peul. Et le vote de la communauté peul lui est généralement favorable. Alpha Condé quant à lui, fait partie du groupe des Malinkés. Le 18 octobre, le vote des Peuls et des Malinkés sera déterminant dans le choix du futur président guinéen. Ces deux groupes ethniques représentent plus de deux tiers de la population guinéenne.