Sept millions et demi d’électeurs ivoiriens étaient aux urnes ce samedi 31 octobre pour élire leur président de la République.
Le scrutin de ce samedi 31 octobre était incertain. Avant l’élection présidentielle, deux principaux candidats de l’opposition, Pascal Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié, ont appelé au boycott du scrutin et à la désobéissance civile. Les deux candidats ne se sont toutefois pas retirés de la course. Avant la tenue du scrutin, une trentaine de personnes avaient été déjà tuées lors de violences entre partisans rivaux. Le scrutin présidentiel de ce samedi survient dix ans après la crise postélectorale de 2010-2011. La crise a fait officiellement 3.000 morts.
Jour important pour la démocratie ?
35.000 membres des forces de l’ordre ont assuré la sécurité du vote. 10.000 observateurs nationaux et internationaux ont été déployés. Un membre de la mission de la CEDEAO, le journaliste sénégalais Madiambal Diagne, s’est cependant retiré du processus avant le scrutin. « Les conditions d’organisation de cette mission ne m’ont pas agréé », a-t-il dit dans un tweet.
Le vote s’est globalement bien déroulé dans le nord du pays, plutôt favorable au président sortant Alassane Ouattara. Dans le sud du pays, des citoyens ont été cependant empêchés d’accomplir leur devoir civique. Les observateurs ont constaté des retards dans l’ouverture de certains bureaux de vote. Des matériels de vote ont été saccagés dans certaines villes. A Bonoua, ville favorable à l’ex-première dame Simone Gbagbo, le vote n’a pas eu lieu. A Daoukro, fief d’Henri Konan Bédié, les populations n’ont pas voté en masse. La mobilisation était aussi faible à Gagnoa, fief de l’ancien président Laurent Gbagbo. Des affrontements intercommunautaires ont eu lieu dans certaines villes à l’intérieur du pays. Le vote n’a pas eu lieu à Bongouanou, fief de Pascal Affi N’Guessan selon des témoins. A Abidjan, les rues étaient désertes, les commerces étaient fermés. Des échauffourées ont eu lieu à Yopougon, une commune favorable à l’opposition. La commission électorale indépendante a reconnu des « troubles mineurs », qualifiant d’insignifiant le saccage d’ « à peine 30 ou 40 » bureaux de vote.
Le président sortant Alassane Ouattara qui brigue un 3ème mandat controversé a voté dans la commune de Cocody à Abidjan. Après son vote, il a estimé que ce samedi est « un jour important pour la démocratie ». Il a appelé à la paix et demandé aux jeunes de ne pas se laisser manipuler. Son challenger, Kouadio Konan Bertin, candidat indépendant, a appelé à l’unité et à la solidarité après on vote. « Le temps de la paix est devant nous », a fait savoir celui qu’on appelle généralement KKB.
Échec du scrutin?
De leur côté, les deux candidats de l’opposition qui ont appelé au boycott, ont critiqué sévèrement le scrutin présidentiel. Au cours d’une sortie médiatique, Pascal Affi N’Guessan a déclaré que « nous ne nous sentons pas concernés ». Il a affirmé qu’ « il n’y a pas eu d’élection en Côte d’Ivoire », ajoutant que, parlant d’Alassane Ouattara, que « son coup électoral a été un échec ». Il indique la mort d’une douzaine de personnes sans que des sources indépendantes le confirment.
Alassane Ouattara devrait remporter le scrutin présidentiel. Des observateurs prédisent un faible taux de participation. La participation à ce scrutin sera l’un des principaux enjeux. On pourrait savoir si le mot d’ordre de l’opposition a été bien suivi. En Côte d’Ivoire, aucun texte n’invalide une élection présidentielle en cas de faible taux de participation. En 2000, lors du scrutin présidentiel boycotté par Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, le taux de participation était de 37%. En 1995, l’opposition avait aussi boycotté le scrutin. Henri Konan Bédié avait été élu alors qu’un électeur sur deux s’était déplacé aux urnes.