Son combat pour la défense du site sacré d’Awouté a trouvé un écho favorable, auprès du public et sur les réseaux sociaux. La preuve avec cet internaute qui a lancé sur Facebook le has tag #JeSuisAwouté ce 24 septembre 2020 précédé du message : À quoi bon vouloir de la #restitution des #Biens culturels par la #France quand chez soi, on a aucune #considération pour #ceux qui sont restés au #Pays ? C’est quoi Awouté ? Et qui est cette défenseure des biens culturels qui veut protéger de toutes ses forces Awouté ?
Awouté, la désacralisation d’un lieu
Awouté, est un lac sacré dans le royaume d’Allada au Bénin. Allada, terre d’origine du premier président noir du monde et le père d’indépendance d’Haïti, Toussaint Louverture. Dans la langue dominante et la plus parlée au sud du Bénin c’est-à-dire le fongbé, Awou signifie habit et Tó veut dire lac. Awouté est donc une marre d’eau dans laquelle ADJAHOUTO le fondateur du royaume d’Allada au 13ème siècle trempa son habit ensanglanté pendant sa longue marche venant d’Adja-Tado actuel Togo. La marre se transforma instantanément en lac et fut baptisé AWOUTO.
Au bord de ce lac sacré devenu un lieu de pèlerinage touristique se trouve un domaine royal. Un domaine qui a la spécificité d’abriter depuis très longtemps les dignitaires du royaume. Ce domaine a abrité d’ailleurs l’édition 2020 du festival Vodoun les 9,10 et 11 janvier. Ce site sacré fait malheureusement l’objet d’un projet de pépinière de palmier à huile par le ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (MAEP) via le Centre d’Appui Régional pour le Développement Rural (CARDER) malgré les démarches du palais royal d’Allada afin d’éviter l’expropriation de son bien. Ce qui risque de porter un coup à l’économie touristique du royaume d’Allada et d’enlever à ce lieu, son caractère sacré.
Djèhami Kpodégbé Kwin-epo ne veut pas laisser faire
Pour préserver le caractère sacré d’Awouté qui constitue un vestige important de l’histoire du royaume d’Allada, la reine du royaume éponyme Djèhami Kpodégbé Kwin-epo s’est érigée en solide défenseure de cette cause noble et juste. Pour défendre cette cause culturelle, elle a fait des réseaux sociaux ses alliés. Depuis la sortie de cette décision à faire de ce site sacré une pépinière de palmier à huile, Djèhami Kpodégbé Kwin-epo n’a cessé de multiplier à travers des sit-in et des vidéos devenues virales les appels pour que ce projet soit avorté afin de préserver le caractère sacré d’Awouté. Jusqu’à ce jour, rien ne semble ébranler la détermination du MAEP et du CARDER à aller au bout de leur projet. Un projet qui n’a pas trouvé d’écho favorable au sein de la population locale et celle des personnalités originaires d’Allada. Ce qui amène plusieurs personnes indignées par cette situation à se poser les questions suivantes : Doit –on au nom d’un projet détruire un patrimoine qui fait la richesse de notre royaume ? Où est passé le respect des ancêtres ? Veulent –ils s’attirer la foudre des dieux ? Pourquoi veulent –ils empêcher notre postérité de connaître ce pan de l’histoire de leur royaume ?
Ces questions doublées de tristesse peuvent ne pas avoir lieu, si le gouvernement du Bénin renonce à ce projet afin de permettre aux fils et filles d’Allada de garder en eux cette fierté qu’ils ont quand on évoque Awouté. Trouver un terrain pour une pépinière de palmier à huile à Allada n’est pas un problème. Le royaume d’Allada en complicité avec les autorités préfectorales et communales peuvent leur en trouver. On ne détruit pas facilement un lieu chargé autant d’histoire.