L’homme d’affaires Sébastien Ajavon est forclos pour la présidentielle de 2021 suite à sa condamnation par contumace par la Cour de Répression des Infractions Économiques et de Terrorisme (CRIET) à 20 ans d’emprisonnement et suite à la non réception par son parti l’USL du récépissé d’existence légale. Ces situations sus-citées induisent son absence du territoire, son casier judiciaire entaché, l’inexistence de parti politique susceptible de l’investir et l’absence d’élus parlementaires et locaux pouvant le parrainer qui sont de nature à empêcher sa participation à la présidentielle prochaine. Mais celui-ci, venu en troisième position lors de la présidentielle de 2016 ne s’est pas avoué vaincu. Il a saisi le 29 Novembre 2019 la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) pour qu’elle contraigne l’État à lui permettre de participer aux compétitions électorales à commencer par les communales imminentes car estime-t-il
son droit de participer à la gestion des affaires publiques de son pays est violé
La CADHP constatant <<un préjudice irréparable >> pour l’éxilé Ajavon, a ordonné ce 17 avril la suspension du processus électoral du 17 Mai 2020 jusqu’à l’examen de fond de la requête. Par ailleurs, la CADHP ordonne à l’État béninois
de lui faire un rapport, dans un délai d’un mois, à compter de la réception de la présente décision, sur l’exécution des mesures provisoires.
Il n’y a donc pas encore vainqueur ou vaincu dans ce délibéré de la cour puisqu’il s’agit d’une mesure provisoire. Avec cette décision, une lueur d’espoir peut paraître dans le camp d’Ajavon dont la chance d’une participation à la présidentielle de 2021 était presque nulle. Si l’État béninois respecte cette mesure provisoire, alors il n’y aura pas d’élections communales et la cour en statuant sur le fond de la requête peut en venir à demander l’annulation de certaines lois qui empêchaient l’USL d’exister en tant que parti politique et qui restreignaient la participation de tiers à la présidentielle.
Étant partie contractante de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui a créé cette cour, le Bénin est dans l’obligation d’appliquer la décision. Cependant, la cour n’ayant pas les moyens de la faire respecter ne pourra pas contraindre l’État béninois à surseoir au processus électoral en cours et considérant que par le passé, quelques-unes de ses décisions n’ont pas reçu écho favorable de la part du Bénin en l’occurrence, la décision annulant la condamnation de Sébastien Ajavon, Il est alors possible qu’il y ait bel et bien élections. C’est un cas de figure très probable eu égard aux dépenses déjà engagées par l’État dans le processus qui est presque à terme et toutes les dispositions prises quant au respect du calendrier électoral établi par la Commission Électorale Nationale Autonome (Cena). Mieux si le Covid 19 n’a pu bouleverser le calendrier électoral, l’observation de la décision de la justice africaine relèverait d’un exploit. Elle qui vient de donner une suite favorable à la requête de Sébastien Ajavon en exigeant l’annulation des élections municipales et communales fixées au 17 mai prochain. Sébastien Ajavon candidat à la présidentielle de 2021, tout est encore possible mais le chemin est long et sinueux.