L’administration publique va adopter de nouvelles heures de travail en ce début d’année 2021. Pour les fonctionnaires, il va falloir s’adapter dès ce lundi 04 janvier. De même que les usagers de l’administration publique.
A une dizaine de jours de l’implémentation de la réforme, le gouvernement a continué de communiquer sur les nouveaux horaires de travail dans l’administration publique. Tant pour les travailleurs, ces changements vont bouleverser des habitudes. En l’espace de 24h, deux textes ont été rendus publics toujours pour repréciser les heures de travail et de pause. Dans une note circulaire datée du mardi (22.12), la ministre du Travail et de la fonction publique, Adidjatou Mathys, a tenu à rappeler à l’attention de ses collègues ministres, « les responsabilités de certains acteurs, quant au respect scrupuleux de ces nouveaux horaires de travail ». A travers un communiqué radio et télédiffusé en date du mercredi (23.12), la ministre rappelle que « Tous les agents publics sont en conséquence invités au respect scrupuleux de ces nouveaux horaires ». Ces nouveaux horaires se présentent comme suit: de 8h à 12h30 dans la matinée et de 14h à 17H30 dans l’après midi, sans oublier la pause de 12h30 à 14h.
Pour autant, bien de personnes ont déjà critiqué la réforme avant sa mise en œuvre dès le 1er janvier 2021. Selon Noël Chadaré, secrétaire général de la COSI-Bénin (Confédération des organisations syndicales indépendantes), la réforme n’est pas osée, « entre 17h30 et 18h30 il n’y a pas une grande différence ». « Si c’est pour nous laisser rentrer pour mieux nous occuper de nos enfants, on aurait pu nous permettre de rentrer désormais à 16h », a déclaré le syndicaliste sur la radio nationale.
Rapprocher les plus petits de leurs parents, vraiment ?
Qu’est-ce qui garantit en effet que les parents vont mieux s’occuper de leurs enfants s’ils sortent tôt ? En l’espèce, le gouvernement sait qu’il ne peut pas intervenir dans la gestion que chaque parent fait de son ménage. En outre, la fin du travail dans l’administration publique ne correspond pas aux horaires dans les écoles, généralement 19h au cours secondaire. Les parents qui finissent iront-ils attendre leurs enfants devant les portails des établissements de leurs enfants ? Au primaire, l’heure de fin de la journée est de 17h. L’enfant pourrait attendre pendant 45 minutes voire une heure d’horloge avant de voir ses parents venir le chercher. A moins que dans les deux cas, du primaire et du secondaire, les apprenants ne rentrent à la maison sans leurs parents ? « Le gouvernement a fait le choix de laisser les acteurs de l’éducation continuer la réflexion dans le secteur », a estimé par contre le directeur de la programmation et de la prospective du ministère du Travail, Abdoul Aziz Malick, sur la radio nationale. Il ajoute que la réforme permettra de rapprocher les fonctionnaires des plus petits de la maternelle et du primaire.
Si les parents rentrent une heure plus tôt par rapport aux anciens horaires, rien n’indique qu’ils évitent les embouteillages. D’après la ministre Adidjatou Mathys sur la radio nationale, avec les nouveaux horaires, les fonctionnaires «peuvent rentrer plus tôt et éviter les embouteillages qui engendrent le stress, la fatigue ». Quelle étude indique qu’il n’y aura plutôt pas des embouteillages vers 17h30 lorsque tous les fonctionnaires vont décider de rentrer ? Les embouteillages n’ont-ils pas été déplacés tout simplement ? A moins que les travailleurs du privé étant encore au service jusqu’à 18h30 voire au-delà rendent les embouteillages moins denses ?
La santé et l’économie
Pour les travailleurs du privé et, au-delà les usagers de l’administration publique, il va falloir s’adapter aussi aux nouveaux horaires. Ils bénéficient certes d’une heure plus tôt pour rencontrer un commis de l’Etat déjà à 14h. Mais ils perdent néanmoins une heure pour ce même service car la fonction publique fermera à 17h30 au lieu de 18h30. Ces nouveaux horaires ont-ils rencontré leur faveur ? Les usagers n’ont pas été consultés.
Le gouvernement visiblement a fait le choix de penser d’abord aux fonctionnaires. Ces derniers passent 11h dans les conditions de travail, évalue Abdoul Aziz Malick du ministère du Travail. Il estime que cette « amplitude horaire (les anciens horaires) joue sur la santé des agents ». Sa ministre Adidjatou Mathys ajoute que « L’agent de l’Etat qui sort plus tôt, il est plus épanoui, il rentre plus tôt chez lui, il y a un mieux-être, qui peuvent diminuer bien évidemment les frais sanitaires, les maladies ». Comment parvient-on à atteindre l’épanouissement et une meilleure santé de l’agent de l’Etat s’il a moins de temps pour dormir à la pause ou si encore il entrera plus tôt dans les embouteillages ? De même, les parents, notamment les mères, ont moins de temps à passer avec leurs bébés à la pause. Quelle réaction du bout de chou si sa mère le quitte une heure plus tôt pour être au service à 14h au lieu de 15h ? Le gouvernement prévoit la construction de crèches et cantines sur cinq ans, d’ici à 2024, annonce le directeur de la programmation et de la prospective (DPP) Abdoul Aziz Malick.
Le gouvernement fait savoir que les nouveaux horaires permettraient de faire des économies. Entre 26 et 29 milliards, évalue le DPP du ministère du Travail. Selon Abdoul Aziz Malick, les agents qui font une pause au bureau continuent de consommer l’eau, l’électricité. La climatisation est toujours en marche, observe-t-il. Les nouveaux horaires vont-ils entraîner un renoncement des fonctionnaires au sommeil dans leurs bureaux ? Rien n’est sûr, tout comme l’efficacité de ces nouveaux horaires auxquels devront s’adapter les fonctionnaires dès lundi (04.01). Un joli petit cadeau de nouvel an pour démarrer 2021 fait par le réformateur Patrice Talon qui entre de nouveau, comme il l’a toujours souhaité, dans l’histoire.