Alors que le Bénin va organiser un scrutin présidentiel en avril prochain, le prochain locataire de la Marina gagnerait à transformer cet échec en succès.
Patrice Talon a voulu entrer dans l’année 2021 en démontrant que son gouvernement est très sensible à la condition des personnes dans des situations difficiles. « Le Président Talon ordonne le paiement des frais de tous les patients guéris et bloqués dans les hôpitaux, en vue de leur retour chez eux », a indiqué jeudi 31 décembre le gouvernement. Et le régime a tenu à le faire savoir. Les réseaux sociaux ont été mis à contribution. Le gouvernement a donc pris la décision de « libérer toutes les personnes concernées » « afin que les intéressés rentrent fêter en famille ». On ne connaît pas exactement le nombre de personnes concernées par le cadeau de Nouvel An du gouvernement. Sur les réseaux sociaux, certains internautes saluent un bon geste alors que d’autres critiquent une action qui se concrétise tard.
Plus tôt, dans la journée, la ministre des affaires sociales Véronique Tognifodé observait en effet que les patients « qui n’arrivent pas à payer les factures, ce n’est pas qu’au CNHU, c’est dans plusieurs hôpitaux ». Patrice Talon a-t-il été touché par la madame solidarité de son gouvernement ? Nul ne le sait : secret de gouvernement.
Le secours de Dieu est proche
Mais en prenant la décision de libérer les patients endettés de tous les hôpitaux, le gouvernement montre qu’il a été bien incapable de régler la question de la protection sociale des Béninois dans leur grande majorité. Il est inconcevable qu’au Bénin les populations ne soient pas en mesure de se soigner lorsqu’elles tombent malades. Les endettés du CNHU étaient bien en face du palais présidentiel, attendant le secours de Dieu à travers le geste d’un proche, d’un ami. Car au Bénin, l’Etat n’est pas en mesure de prendre en charge les malades. Difficile de savoir le nombre de personnes qui meurent par manque de moyens pour se soigner. Plus d’un Béninois a perdu un proche.
Certes, une prise en charge existe dans les hôpitaux. Mais il faut remplir des formalités avant d’en bénéficier et tout le monde n’y a pas accès. Ce dont les populations béninoises ont besoin, c’est leur droit, c’est d’une vraie couverture médicale. Une couverture qui permettra de ne se faire aucun souci lorsqu’on est malade. L’ « équipe de femmes et d’hommes travailleurs, de plus en plus intègres » dont parle Patrice Talon dans ses vœux à la nation béninoise est malade. Cette équipe a besoin que le « capitaine » Patrice Talon prenne à bras le corps sa santé. Pourtant, à son arrivée au pouvoir, le président de la République a promis l’assurance maladie. A la fin de son quinquennat, quatre mille personnes ont pu bénéficier d’une prise en charge complète grâce au projet Arch (Assurance pour le renforcement du capital humain). Quatre mille personnes sur une population de plus de onze millions d’habitants. Avouons que c’est bien maigre, trop maigre.
Pourtant, les populations ne diraient jamais non à un mécanisme qui leur permette de faire face à leurs dépenses de santé. Jeudi (31.12.20), la ministre Véronique Tognifodé a espéré ne plus « assister à ce genre de situations [les patients endettés] » grâce au projet Arch. En effet, sa grande sœur RAMU (Régime d’assurance maladie universelle) sous l’ancien président Boni Yayi fut un échec, malgré les artistes mis à contribution. C’est un échec aussi pour tous les régimes qui se sont succédé à la tête du Bénin. C’est aussi nos échecs, incapables que nous sommes de contraindre les régimes à s’engager résolument dans notre santé, la santé du Béninois lambda. Car, certains fonctionnaires, peut-être tous, ont souscrit à une police d’assurance. Celle-ci leur accorde une certaine facilité pour se faire soigner. Tout le contraire de la vendeuse d’akassa, de la vendeuse d’essence frelatée…Toutes, tous veulent se faire soigner, en cotisant pour leur santé. Tous demandent qu’on les y sensibilise. 2021 démarre du coup sur un échec.
Si il a des couilles que Yayi regle le cas ICC