Médaillée d’or en Heptathlon aux 18ème jeux africains à Accra, l’athlète béninoise Odile Ahouanwanou rentrée au bercail dimanche dernier, était en conférence. Au cours de ce rendez-vous avec les professionnels des médias spécialisés dans le domaine du sport ce mardi, la double championne d’Afrique dans la discipline s’est livrée aux questions. A coeur ouvert, elle a passé en revue toute son actualité et ses projets pour le futur. N’étant pas encore qualifiée pour les les JO de Paris 2024, elle compte se battre pour y être car son « rêve, c’est d’avoir le maximum de médailles » dans sa carrière, quelque soit la compétition.
Lire l’intégralité de sa conférence de presse.
Journaliste : Lorsqu’on revient en compétition et on gagne, qu’est-ce-que ça fait ?
Odile Ahouanwanou : « C’est vrai que l’année dernière j’étais un peu silencieuse parce qu’il y a plusieurs raisons que vous ne voulez pas notifier et que je respecte aussi. Mais quand on revient et qu’on gagne, c’est une fierté. Déjà pour revenir, physiquement, mentalement, il faut se préparer. Ce mental, je l’ai et d’ailleurs c’est ça qui est ma force aujourd’hui et pour toujours. Donc revenir et gagner, ça donne une fierté. Une fierté de représenter le Bénin; de toute façon chaque fois que je porte le maillot beninois, je suis doublement fière. Fière de ma racine, fière du Bénin, fière de là où j’ai quitté parce que je sais que j’ai quitté très très loin. Donc voilà ça donne envie de se battre davantage. Donc je suis très fière pour cette deuxième médaille. »
Journaliste : Dites-nous quels sont les facteurs de votre succès ?
Odile Ahouanwanou : « Vous savez comme moi que sans le travail, on ne peut pas prétendre gagner pour avancer dans la vie. Moi, mon succès c’est la détermination comme je vous l’avais dit, le travail ardent qui fait que à la fin, il y a toujours des résultats satisfaisants. Donc je peux dire que c’est le travail. »
Journaliste : Qu’est-ce-que ça représente pour vous après une décennie de défense des couleurs nationales de décrocher une médaille pour la nation ?
Odile Ahouanwanou : « Moi, mon rêve, c’est d’avoir le maximum de médailles. Quelques soient les médailles. Si c’est le jeux olympiques, si c’est les championnats du monde. Quand je vais en compétition, mon objectif, c’est prendre la première place. Ce n’est jamais prendre la deuxième place ni la troisième. Oui, je suis toujours fière quand je remporte une médaille. Même si je ne remporte pas et que je fais une belle prestation, je suis tellement fière de moi. Je ne suis pas satisfaite, c’est vrai que mon entraîneur, il va vous le dire, je suis rarement satisfaite parce que pour moi, je sais que je peux faire mieux donc je suis fière quand même. Mais je sais qu’il faut encore et encore travailler. »
Journaliste : Qu’est-ce qui est votre stimulant ?
Odile Ahouanwanou : « Je suis motivée, primo parce que j’ai pris la décision de faire le sport de haut niveau. Donc je ne veux pas décevoir, mes parents qui m’ont laissé l’occasion de le faire, ne pas décevoir mon pays, ne pas décevoir vous qui me suivez, ne pas décevoir mon entraîneur qui m’entraîne depuis plus de dix ans maintenant. Je ne veux pas décevoir ceux qui m’entourent, mon équipe, mon staff. Je sais qu’il y a des équipes qui me suivent et qui m’encouragent. Pour moi, c’est ma manière de dire merci à tous ceux qui me soutiennent. C’est vraiment aussi là où je puise ma détermination. »
Journaliste : Comment t’es-tu préparée pour aller décrocher cette médaille ?
Odile Ahouanwanou : « Après les jeux olympiques et les championnats d’Afrique en 2022, il y a eu un petit temps de pause. Mais toute suite, j’ai rebondi durant ma pause d’un an. J’ai repris service grâce à mon équipe, une équipe de force qui m’accompagne dans tous les domaines. Si je dis dans tous les domaines, c’est le kiné, c’est la cryo, c’est le préparateur physique, c’est le préparateur mental, c’est l’entraînement, il y a toute une équipe et quand c’est comme ça, c’est beaucoup plus facile de rebondir. Après ce n’est pas si facile, il y a aussi la détermination et l’envie d’être encore meilleure, peut-être meilleure plus. Et comme je vous l’avais dit, moi j’ai soif de mieux faire, c’est tout ça qui fait que aujourd’hui, eh oui je remporte cette médaille et demain par la grâce de Dieu, je vais remporter pourquoi pas des médailles historiques. »
Journaliste : Quel est ton plan de préparation pour les prochains jeux olympiques ?
Odile Ahouanwanou : « Ça se prépare bien, vous savez tous que les jeux olympiques, la préparation ce n’est pas la veille, il faut préparer des années en arrière donc tout le travail qui a été fait, c’est là donc il va falloir continuer ce travail avec des stages, des grandes compétitions qu’on a déjà avec mon entraîneur et mon staff. Donc, il va falloir être en forme le jour J pour que ces jeux soient plus beaux. »
Journaliste : Qu’est-ce qui avait fait disparaitre Odile Ahouanwanou des radars ?
Odile Ahouanwanou : « En fait, je n’ai pas disparu. Si vous regardez bien les fiches de FFA ( Fédération Française d’Athlétisme), vous allez constater que j’ai fait quelques compétitions. J’ai fait les interclubs, qui est une compétition majeur pour mon club, donc j’ai fait des compétitions. La seule compétition internationale que j’ai ratée, c’est les jeux de la Francophonie. Cette compétition, j’ai été blessée parce que j’ai anticipé ma préparation et je me suis blessée bêtement à l’ischio et j’en ai informé toute la fédération. Mais la raison principale du fait que je n’ai pas été sur les réseaux ou donner plus d’informations, c’est ma vie privée, c’est un peu plus ma vie familiale, donc j’ai pris la décision de prendre une petite pause pour rebondir. C’est tout ce que je peux vous sur ce sujet. »
Journaliste :La médaille historique gagnée par Noélie Yarigo, quelques jours avant l’expédition d’Accra, n’est elle pas une source de motivation supplémentaire pour Odile dans cette compétition ?
Odile Ahouanwanou : « Comme je vous l’avais dit tantôt, quand je vais à une compétition, je suis toujours déterminée. Cependant, Oui, quand tu as une grande sœur, ou tu as des meilleurs athlètes qui font des prestations, c’est vrai que ça motive, ça encourage, mais moi, ma détermination, elle n’a pas changé, mon envie de gagner n’a pas changé. Ce n’est pas parce que ma grande sœur Noélie YARIGO a une médaille, moi je ne me suis pas déconnectée de mon objectif, j’étais focus sur ce que je sais faire et ça a donné les résultats. »
Journaliste : Quel est l’état de santé de Odile Ahouanwanou à 107 jours des Jeux olympiques ?
Odile Ahouanwanou : « C’est vrai que aux jeux africains, j’ai expliqué à certains de vos confrères que déjà la période n’était pas la période idéale pour faire l’heptathlon puisque en fait, l’heptathlon ce n’est pas la même chose que pentathlon. Le pentathlon, c’est une autre discipline. Si vous me suivez bien, il y a quelques semaines en arrière, j’ai été championne de France sur Pentathlon et j’étais à quinze points de mon record donc ce qui est conséquent. Seulement que jusqu’après il faut faire une coupure pour (re)préparer la saison estivale. Donc ce qui n’est pas le cas puisqu’il y a les jeux africains qui sont juste à côté. Les étapes de préparation physique générales, je n’ai pas fait, ce qui a fait que avec mon staff et mon entraîneur on a décidé de représenter le Bénin malgré qu’on n’est pas encore prêt. Il y a quelques bobos comme je l’ai dit, des douleurs au niveau de l’ischio que j’ai fait l’échographie, j’ai fait tout ce qu’il faut, et il n’y a pas de blessures mais juste un contracture. J’ai fait l’IRM il y a quelques jours et tout va bien mais après il faut continuer à se préparer à faire les conditions physiques générales, être suivi par le kiné et tout ça. Il n’y a rien de grave et tout ce passe bien à l’heure où je vous parle. »
Journaliste : Est-ce que à l’heure actuelle, Odile Ahouanwanou est déjà qualifié pour les JO Paris 2024?
Odile Ahouanwanou : « À l’heure actuelle non. Je ne suis pas encore qualifiée; soit il faut faire des qualifications directes par mes prestations par minima ou d’être bien classée au ranking. Pour l’instant je n’ai pas encore fait une grosse performance qui va me faire qualifier et au ranking, je ne suis pas encore qualifiée. Ce serait suite à mes différentes compétitions qui vont faire que au ranking je vais être mieux classée. À l’heure actuelle, non Odile n’est pas qualifiée mais je suis sur la bonne voie d’être en tout cas qualifiée. »
Journaliste : Quelle est la valeur de la bourse olympique dans votre vie professionnelle?
Odile Ahouanwanou : « La bourse olympique, c’est toujours la bienvenue, parce que vous le savez bien ou peut-être moins, en France, la vie elle est beaucoup chère, ce qui fait que la bourse olympique ne couvre pas toutes mes dépenses. Mais une grande partie quand même. Oui, c’est important la bourse olympique pour ma préparation. Elle ne suffit pas mais c’est quand même une part conséquente. »
Journaliste : Qu’est-ce-que vous pensez des performances de Noélie YARIGO ?
Odile Ahouanwanou : « Vous savez, Noélie YARIGO, c’est une grande sœur à moi contrairement à ce que beaucoup peuvent croire, Noélie YARIGO et moi, on communique. Les réseaux sociaux, ce n’est pas notre vie. On ne met pas tout ce qu’on dit sur les réseaux sociaux. C’est une sœur que je respecte beaucoup par sa détermination, son engagement. Quand elle a eu cette médaille, je fais partie des premieres personnes à la féliciter parceque c’est une médaille historique comme je lui ai dit. Je l’ai dit quand j’ai suivi ta course j’ai les larmes aux yeux, quand je la vois finir j’ai les larmes aux yeux je dis c’est fait. Donc, si je gagne une médaille, c’est Noélie YARIGO qui gagne une médaille, c’est le Bénin qui gagne une médaille, si Noélie YARIGO qui gagne une médaille c’est moi qui gagne une médaille, c’est le Bénin qui a gagné une médaille, c’est une fierté et qu’on soit fier de ce qu’elle a réalisé, vraiment fier de qu’elle a réalisé et je fais partie des athlètes qui sont fiers d’elle et je l’encourage en tout cas à donner le meilleur d’elle encore et encore. Noélie YARIGO, c’est un exemple que l’âge ne fait pas partie d’une finalité de ce qu’on peut réaliser dans le domaine du sport. »
Journaliste : Vos perspectives et challenges ?
Odile Ahouanwanou : « On va reprendre la préparation physique générale et tout et après tout suite il aura les quelques petites compétitions, ce n’est pas des petites compétitions car ce sont des compétitions importantes pour mon club mais il y a les interclubs que je vais participer dans toutes les épreuves. Je vais prendre quelques épreuves qui vont me permettre d’améliorer mes chronos ou ma performance pour que juste après je fasse la première grosse compétition en Autriche, la plus grande compétition des épreuves combinées. Voilà, et juste après il aura le championnat d’Afrique, peut-être que je peux faire quelques épreuves pour préparer avant les jeux olympiques. «
Journaliste : Est-ce que vous pensez déjà à votre retraite ?
Odile Ahouanwanou : « Oui qu’on pense à notre retraite, retraite c’est un gros mot (rires). Non, j’y pense bien parce que vous savez que, le sport a un moment donné il faut arrêter même si tu ne veux pas arrêter. À un moment il faut savoir passer par la grande porte que de passer par la petite porte. Donc, oui oui je pense bien à ça mais après il faut mettre les choses bout à bout pour que ça donne ce que ça va donner. Après je ne suis pas prête d’arrêter, d’être en retraite ( rires). Dès que je vais sentir qu’il faut que j’arrête, je vais arrêter. »
Journaliste : Quid du projet sportif et des ambitions de Odile Ahouanwanou
Odile Ahouanwanou : « Moi j’ai beaucoup d’ambitions. Sur le plan professionnel en tant que sportive de haut niveau. Je sais avec mon staff et mon entraîneur, du début de la saison jusqu’à la fin tout ce qu’il faut faire. Après il peut arriver qu’il y a des petites compétitions qu’on a pas placé que il faut qu’on s’adapte. Après ça, moi j’ai envie d’accompagner la jeunesse béninoise, j’ai envie de faire courir les jeunes et j’avais déjà commencé avec le marathon Odile Ahouanwanou que j’avais instauré il y a quelques années. À cause du COVID-19, j’ai arrêté mais je voulais reprendre mais pour l’instant je ne suis pas du tout prête à cause de mes objectifs qui sont aussi la préparation des jeux, je ne suis pas prête pour commencer. Mais oui, j’ai des ambitions d’accompagner la jeunesse béninoise à faire du sport comme moi. Je n’ai pas eu la chance vraiment quand j’étais gamine que quelqu’un me tienne la main pour me montrer la voie, je peux vous rappeler que je prenais les cailloux pour lancer les poids, je coupais les bois de teck pour faire des haies. Oui, mon ambition, c’est d’avoir pourquoi pas des écoles d’athlétisme au Bénin avec l’aide de la fédération bien sûr pour que les jeunes commencent l’athlétisme au Bénin très tôt. Nous, comme je l’ai dit tout à l’heure, on va arrêter, je ne sais quand mais il faut que la relève se prépare avec l’aide de tout le monde. »
Journaliste :Quelles sont les stratégies que tu mets en contribution pour améliorer tes performances surtout sur l’épreuve de 800m?
Odile Ahouanwanou : « L’heptathlon, c’est vraiment une discipline il faut que tu sois bien polyvalent. Je sais le challenge qui m’attend, je sais ce que je dois faire et j’essaie de m’améliorer sur chaque discipline, sur chaque épreuve tous les jours. Même si peut-être que vous ne ressentez pas beaucoup, mais j’ai beaucoup progressé au 800m. Je donne juste un exemple, j’étais à 2’32 avant d’aller en France mais aujourd’hui je suis à 2’20, ça ce ressent pas. Lors des grandes compétitions, les hep athlètes sont beaucoup plus forts sur le 800m, ce qui n’est pas mon cas. Moi j’ai commencé par le football, je n’ai pas vécu comme les autres. Les autres, la majorité en tout cas, ils font les cross, ils font les courses, les longues distances, moi je n’ai pas l’habitude, je faisais du football, on prenait le ballon on jongle, on joue, mais je n’ai pas grandi avec ça, ce qui fait que j’ai beaucoup plus de difficultés avec les longues distances. Si j’ai des difficultés là mais j’ai quand même des forces dans d’autres disciplines. Ce n’est pas pour autant qu’il faut que je boycotte ma faiblesse donc je travaille sur ça. Ce qui fait que aujourd’hui, je continue de battre mon record au 800m. La belle preuve, en salle, tout récemment j’ai battu mon record. En salle, j’étais à 2’24, j’ai fait 2’23, donc c’est toujours de l’amélioration. Après, oui, ça peut ne pas se claquer de doigts mais je rappelle aussi qu’en heptathlon, je n’ai pas du tout le temps de préparer le 800m. C’est quand je finis une séance que je dois faire ce qu’on appelle aérobie derrière pour préparer le 800m, mais je n’ai pas des séances spécifiques 800m, je n’ai pas le temps. Durant une semaine, j’ai six jours, où je m’entraîne matin-soir sur toutes les disciplines, il faut que je passe. Donc si je vais prendre le temps pour préparer mon 800m spécifiquement, je risque de ne pas être bien dans d’autres disciplines, je risque de ne pas faire d’autres épreuves, ce qui fait que à part la raison que je vous ai dit les autres, elles ont la chance quand elles étaient jeunes de courir longtemps, les hep athlètes ne préparent pas le 800m en tout cas les épreuves combinées à moins qu’elles sont déjà fortes. Sinon, on a pas le temps de préparer le 800m, c’est en faisant les aérobies qu’on prépare sa condition physique et aussi quelques semaines avant une grosse compétitions on fait des tests pour préparer le rythme de 800m. Voilà, on n’a pas vraiment de temps pour préparer le 800m. Moi, j’avais, j’essaie de progresser même si ça ne se voit pas. »
Journaliste : La promesse de Samuel Eto’o fils faite à Odile Ahouanwanou lors des soirées des champions, a-t-elle été réalisée ?
Odile Ahouanwanou : » Écoutez, je ne me rappelle plus de tout. Mais en 2018, j’ai eu la médaille d’or aux championnats d’Afrique, c’est une médaille historique, ça a beaucoup parlé. Juste après on a été reçu pour le chèque. Après, on a reçu une somme qui n’est pas vraiment ce qui est inscrite sur le chèque, en tout cas le chèque que j’ai reçu n’est pas la valeur du montant que j’ai perçu officiellement. C’est tout ce que je peux vous dire »