Relancé en 2017, le G5 Sahel peine à décoller, et tâtonne à être opérationnel sur le terrain. Les sommets s’enchaînent mais les résultats sont peu reluisants. Après le sommet de Pau dans le Sud-ouest de la France en janvier 2020, c’était le tour de Nouakchott de recevoir les dirigeants de cette force constituée du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie avec leur partenaires français et européens. Objectif, faire le point de la mise en œuvre de la feuille de route convenue lors du Sommet de Pau et évaluer la situation. A l’issue de cette rencontre, les chefs d’Etats se sont félicités des avancées notées dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
L’environnement sécuritaire stagne au Sahel
Même si les forces françaises peuvent se féliciter de l’élimination dans le nord Mali d’Abdelmalek Droukdel chef historique d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, les violences terroristes ne ploient pas malgré la présence des Forces conjointes et étrangères notamment Barkhane, la Minusma et G5 Sahel dans la zone sahélienne. L’incursion djihadiste au Mali en 2012 considérée comme la résultante du chaos lybien, a infectée le Burkina Faso ensuite le Niger et poursuit sa croisade. Selon un rapport des Nations unies, 4000 personnes ont trouvé la mort en 2019 dans les attaques terroristes au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Le nombre de déplacés décuple. En décembre 2019, l’armée nigérienne a payé un lourd tribut dans le rang des ses hommes. 71 soldats avaient été tués lors d’une attaque djihadiste du Camp d’Inates dans l’ouest du pays. Les exactions terroristes ne sont plus à démontrer. Le plus préoccupant est que l’hydre du terrorisme fait de plus en plus surface dans les pays côtiers de l’Afrique de l’ouest. Ceux qui jusque là étaient épargnés, ressentent les velléités d’une implantation djihadiste sur leur sol. C’est le cas de la Côte d’Ivoire qui a enregistré deux attaques djihadistes en quatre ans. La première en 2016 dans la station balnéaire de Grand- Bassam et la deuxième récemment à Kafolo où une dizaine de soldats ont perdu la vie. Le Bénin voisin du géant Nigéria qui est resté à l’abri de Boko Haram, est entré dans le viseur des djihadistes venant du Sahel. L’enlèvement en 2019 de deux touristes français et l’assassinat de leur guide dans le Parc de la Pendjari au nord ouest du pays près du Burkina Faso a été un signal fort. Les pays tels que le Togo et le Ghana sont sur le qui-vive.
A la croisade terroriste, s’ajoutent les conflits inter-communautaires au Mali. Les affrontements entre communautés n’améliorent pas la situation dans le centre du pays. Au lendemain du sommet du Nouakchott, une quarantaine de civils et militaires ont péri dans des attaques de villages Dogons au centre du Mali. Une deuxième du genre en 2020 puisque le village matyr d’Ogossagou avait été ravagé en février dernier avec un bilan humain de 22 morts. Un an plus tôt le 23 mars 2019, 157 personnes avaient déjà été assassinées dans le même village.
Pourtant, toutes ces forces sont présentes.
Les crises de confiance, talon d’Achille du G5 Sahel
Les réticences vis à vis de la Force conjointe sont remarquables. La communauté internationale manifeste peu d’intérêt face à cette initiative régionale. Conséquence, la mobilisation du financement est en pleine souffrance. Les 400 millions d’euros promis par les donateurs internationaux en 2018 sont loin du compte deux ans plus tard. Les intérêts semblent ne pas converger. l’Amérique de Donald Trump ne s’implique pas directement même s’il est connu de tous que la politique militaire extérieur du locataire de la maison Blanche est en pleine restructuration avec le désir de réduire les effectifs américains hors du pays. La crise de confiance joue pleinement sa partition dans les peines du G5 Sahel. D’abord, le jeu trouble de certains partenaires dans la crise lybienne, laissent réticents quelques acteurs internationaux quant à la crédibilité de l’initiative. Ensuite, des donateurs craindraient que les fonds ne servent de recettes à des fins politiques. Et enfin, la sécurité au Sahel ne paraît pas prioritaire aux yeux des grandes puissances qui ont beaucoup plus les yeux rivés sur d’autres régions du globe.