C’est l’un des fléaux de cette jeunesse en perte de vitesse. La consommation de la chicha court les rues au nez et à la barbe de tous. C’est pratiquement légalisé sans que l’autorité ne soit capable de réagir.
Le Préfet du Zou en a certainement marre de voir sa jeunesse inhaler son propre tueur. Firmin Kouton a sorti un arrêté pour interdire la consommation de la chicha sur son territoire. Cette substance dont les conséquences sur la santé seraient dangereuses, selon plusieurs sources médicales. L’arrêté préfectoral a été pris mais l’on est encore loin de la réalité. Car le Zou avec ses deux grandes villes, Bohicon et Abomey, n’est pas le plus gros consommateur de la chicha au Bénin. Même si la mesure est à saluer, il est curieux que cela vienne d’un préfet dont le territoire est situé à plus de 100 km de la métropole Cotonou, passée maître en la matière.
Les vrais consommateurs de cette substance nocive se trouvent en effet à Cotonou. Avec sa concentration de jeunes gens, c’est sans nul doute le territoire plus que tout autre, qui mérite une sensibilisation, ensuite, si possible, une répression du phénomène. En soirée, très souvent dans les ruelles de la capitale économique, Cotonou, la scène est visible. Des bras valides s’adonnent allègrement à la consommation de la chicha autour d’une table, des boissons alcoolisées à côté, tout ceci dans un environnement dans lequel la pollution sonore n’est pas bien loin.
Les vapeurs de la mort
Les mêmes vapeurs de la chicha embaument également la commune d’Abomey-Calavi. Commune limitrophe de Cotonou, Abomey-Calavi regroupe également de nombreux jeunes, surtout avec son caractère de ville universitaire. Le dispositif qui permet de fumer la substance se passe à tour de rôle entre fumeurs sans la moindre précaution contre des maladies comme l’hépatite.
En totale méconnaissance des risques liés à la consommation de la chicha, les jeunes se tuent à petits coups sans s’en rendre compte. Car ce sont plus de 4000 substances chimiques en majorité toxiques qui sont libérées lors de la combustion, selon l’Institut national du cancer de France. Des substances cancérigènes en plus. L’institut révèle en appui à des informations de l’organisation mondiale de la santé que la Chicha est à la base des cancers du poumon, des lèvres, de la vessie et des voies aéro-digestives supérieures. Pire que la cigarette, la chicha est un véritable tueur, tant « elle délivre autant de monoxyde de carbone que 15 à 52 cigarettes et autant de goudron que 27 à 102 cigarettes », selon l’Office français du tabagisme. En moyenne selon l’OMS, 100 millions de personnes consomment chaque jour la chicha dans le monde.
Sensibiliser, réprimer…
Au Bénin, il n’y a pas de chiffres sur les consommateurs de la chicha. Dans de telles ténèbres, il est difficile de prévoir l’impact que la consommation de la chicha aura sur la jeunesse béninoise dans les dix prochaines années. Le système de santé actuel peine déjà à prendre en charge les dyalisés. Qu’en sera-t-il des malades de différents cancers causés par la consommation de la chicha ? La situation actuelle est telle que le 31 décembre 2020, le gouvernement béninois a encore montré la précarité dans le pays. Il a pris en charge les soins de santé de plusieurs citoyens incapables de payer leurs soins dans certains hôpitaux dont le centre de référence de Cotonou, le Cnhu. Les conséquences seront donc dramatiques si les autorités béninoises ne prennent la situation en main.
Compte tenu de l’ampleur du phénomène et sa propagation dans les autres régions du pays, il est plus de la responsabilité du ministère de l’intérieur de taper du poing sur la table. Une politique nationale de lutte contre le phénomène doit être mise en place pour sauver la santé de ces jeunes mais surtout celle de leur entourage, encore plus exposé aux dangers. Des sensibilisations sur les dangers de la chicha doivent être organisées pour éveiller les consciences de ceux qui sont censés être l’avenir du Bénin. Le paye devrait s’inspirer de la Guinée qui a interdit l’importation et la consommation de la chicha sur toute l’étendue du territoire national. Pour montrer son engagement, le gouvernement aavait saisi et brûlé plusieurs dizaines de dispositifs de consommation de la Chicha
Le Bénin dispose du cadre juridique pour lutter contre ce phénomène. Mais comme d’habitude, la loi anti-tabac est bien au frais quelque part, alors que des individus violent ses dispositions avec la complicité de l’autorité. Plusieurs organisations ont longtemps milité avant la promulgation de la loi par le chef de l’Etat. 3 ans après sa promulgation, les organisations doivent reprendre leur combat pour son application.