La sollicitation était inattendue, prétentieuse même ! Joël Aïvo demande à débattre avec Patrice Talon au sujet du Bénin.
Que la folie et l’attrait du pouvoir peuvent monter à la tête, diantre !!! Un citoyen, fut-il Professeur d’université, à peine engagé dans le cercle politique, sans une once d’expérience dans la conquête du suffrage populaire ! Un citoyen qui sollicite des échanges qu’il rêve d’empoigne avec un président sortant, probablement candidat à nouveau, mais tout de même président sortant et surtout… Patrice Talon dont on connait pourtant la facture et la profondeur de l’esprit argumentatif, un brin séducteur. A la Marina, on devrait en sourire…Sourire de ce poney blanc (non, noir ) qui se donne des airs de destrier sur les chaudes falaises du pays Dogon : la frime !
Pris au premier degré, Aïvo essuie des tirs nourris
Dans la rue, les Béninois s’en sont livrés à cœur-joie. Réaction populaire, passagère, légère… Même ceux qui avaient commencé à nourrir une sympathie pour cette figure quadragénaire plutôt fermée, trop carrée et cadrée par la science, même ceux qui lui avaient trouvé une ombre d’empathie à cause de son audace dans un contexte politique bloqué, coincé par une conjoncture de lois et de circonstances qui ont arraché tout espoir aux diverses ambitions présidentielles, même tous ceux-là, se sont mis à se poser des questions au sujet de cette témérité qui prend des allures d’un aplomb disons impudent. « On ne brave pas comme cela le chef en public. En cela, pas de démocratie qui tienne ! Et puis, avait-il fini déjà de négocier ses parrains ? Son programme de société réduit à la restauration de la démocratie peut-il l’emporter sur, ne serait-ce que l’asphaltage, l’inespéré projet Talon ? Comment compte-t-il se retrouver au second tour dans ce positionnement institutionnel à priori acquis ?« , telles sont les prises de position sur les réseaux sociaux et dans les médias d’une opinion publique dont la candidature de Joël Aïvo ne devrait plus surprendre. L’enseignant ne devrait pas réaliser à son propre niveau, ce dont il parle, ce dont il rêve : « Joël Aïvo est peut-être ivre d’une gloire et d’un succès quêtés. » Tant et tant de réactions, qui ont obligé l’homme à repréciser ses pensées. Trop tard !
Le début du débat
L’audace semble t-il, donne déjà ses prémices. Les sujets sur lesquels l’enseignant de droit rêve d’échanger avec Patrice Talon le candidat, ont essentiellement rapport avec le bilan du quinquennat finissant. Comment l’actuel président a-t-il géré son peuple et ses affaires pendant ces cinq années ? Comment a-t-il pu imposer autant de sacrifices aux populations auxquelles il n’a jamais rendu visite ? Sait-il au moins dans quelle misère elles vivent, résignées et recluses ? Pourquoi l’année 2019 avait-elle coûté si chèrement au pays ? A quel prix aura lieu 2021 ? Faut-il y aller dans les conditions actuelles et quelles sont les garanties de l’équilibre des forces, de l’équité dans la compétition ? Pourquoi certains se sentent-ils persécutés, obligés de s’exiler ? Pourquoi la justice, et plus spécifiquement la CRIET, est-elle perçue comme un bras armé au service de Patrice Talon, contre les adversaires politiques… pourquoi… pourquoi… pourquoi ?
A toutes ces questions, Patrice Talon répond point par point au cours de son dernier entretien, à y voir de près. Démocratie en danger, dites-vous ? Les institutions tournent normalement, et leur couleur n’est que le résultat d’une situation dont il a hérité, qu’il avait voulu changer avec son premier projet de révision de la constitution, malheureusement rejeté, répond-t-il. « La démocratie béninoise va très bien… Il y aura même compétition en 2021, et elle sera très rude », lance-t-il à l’enseignant qui en appelle à une ouverture du jeu. A la question sur la misère du peuple, Patrice Talon oppose les bonnes notes et les acclamations des institutions internationales. « Le Bénin est un pays à revenu intermédiaire depuis peu, grâce à la détermination dans l’assainissement de la gestion publique »… « Aucune justice n’est aux ordres. Bien au contraire, l’inspection du service judiciaire a été restaurée… la CRIET a statué sur près de 500 dossiers… les dossiers à polémique ne font pas une dizaine »… De sorte à ce qu’on se retrouve dans un débat, à distance, par médias interposés. Celui qui voulait d’un échange avec le chef de l’Etat, doit en avoir eu pour ses préoccupations, du moins pour l’heure. Et pour la suite, s’il y en avait, pourquoi pas sur un plateau ? A l’américaine.
Restaurer la démocratie contre le PAG. C’est le contenu du débat ça. Rien d’autre.