Calmer les uns et les autres, appeler à un comportement responsable, déplorer les dégâts matériels et humains, avoir une pensée pour les victimes, inviter au dialogue et à la concertation, tel est le résumé de la sortie ce lundi 8 mars du Président sénégalais Macky Sall.
Sale temps pour Macky Sall. Après plusieurs jours de violentes manifestations qui ont fait au moins 5 morts, selon un bilan officiel et 8 selon Amnesty International, le président Macky Sall a lancé ce lundi soir un appel « au calme et à la sérénité ». Le chef de l’État s’est exprimé dans un message à la Nation, suite aux troubles liés à la procédure judiciaire concernant Ousmane Sonko, mis en liberté sous contrôle judiciaire ce lundi et inculpé dans une affaire de viol présumé.
Alors que l’opposant a, lui aussi fait une déclaration en fin de journée, juste avant le chef de l’État, et appelle à la poursuite des mobilisations, avec des manifestations pacifiques, c’est dans une posture contraire que le président s’est adressé à son peuple.
Saluant d’entrée la mémoire des défunts, le numéro 1 sénégalais n’est pas allé par quatre chemins pour interpeller ses concitoyens sur les heurts de ces derniers jours. « Chacun avec ses choix et ses opinions, dans le respect des autres, nous pouvons et devons régler nos divergences autrement que par la violence destructrice » a t-il signifié avant de souligner en gras que tous forment » une seule famille, unie par une histoire qui nous assigne un destin commun ». Partant de là, il déplore cette situation empreinte de « violence inouïe où des enfants et des femmes ont été mis, de façon organisée, en première ligne dans les scènes de casse et de pillage ». Pour Macky Sall qui invite à taire les rancoeurs, rien n’importe plus que « l’attachement aux valeurs du vivre ensemble dans la paix, la sécurité, la liberté, la démocratie, la tolérance […] ».
Dans un style particulièrement caractérisé par le besoin d’un vrai retour au calme, le président sénégalais a pris l’engagement de jouer sa partition en utilisant ses pouvoirs et en misant sur le « dialogue et la concertation », choses pour lesquelles sa « main reste tendue et ses portes ouvertes », tout en invitant les uns et les autres à laisser la justice faire son travail en toute indépendance.
Evoquant également la pandémie sanitaire liée à la COVID 19 comme l’un des motifs de l’atmosphère délétère, et du mal-vivre de la jeunesse en particulier, Macky Sall décide dans l’immédiat d’alléger le couvre-feu sanitaire en vigueur à Dakar et à Thiès de minuit à 5 heures. Ceci pour permettre un « retour progressif à une vie normale dans ces deux villes qui concentrent l’essentiel des activités économiques du pays. »
Pour une sortie de crise totale, l’opposant Ousmane Sonko de son côté, réclame entre autre, la libération immédiate et sans conditions des « prisonniers politiques », l’ouverture d’une enquête indépendante sur les bavures lors des manifestations. Il demande aussi au chef de l’État de déclarer publiquement et sans ambiguité qu’il ne sera pas candidat à prochaine présidentielle de 2024.