À la première journée de sa tournée nationale, on découvre un chef de l’État béninois qui sait écouter. Un Patrice Talon loin de ce « agbonnon » national qui sait tout, qui enseigne tout. Le président béninois a même demandé pardon, un contre-pied des tons burlesques de ses communicants.
Des médias publics aux réseaux sociaux en passant par des médias privés, ce sont des savants qui, juchés sur leurs prétoires ont traité tous ceux qui critiquent Patrice Talon de tous les noms d’oiseaux. Pour eux, et ils le crient à chaque apparition sur les écrans, quand on trouve à dire sur la gouvernance Talon, c’est qu’il est question de manipulation. Se révolter, se montrer contre la gestion de ce régime, c’est être à la solde de Boni Yayi. Patrice Talon est un dieu aux actions justes et personne parmi les humains ne peut y avoir à redire.
Tout le long du mandat, la trompette présidentielle a eu ce ton-là. Et pour mieux le faire entendre, le chef de l’État lui-même est sorti quelques fois balayer du revers de la main les critiques. Il sait tout, il est de bonne foi, quand ça cloche, c’est les autres. Quand il y a eu du grabuge pendant la saison des réformes controversées, Patrice Talon, chef de l’État, Père de la nation, n’en était pour rien. La faute, le tort est revenu à l’opposition.
Patrice Talon, un vent de changement comme si 2021 était proche
Ce jeudi à Savè, Patrice Talon avait un sourire bon enfant, un air réconciliant, un regard pas défiant. Ce Talon qui révère toutes les sensibilités, les Béninois n’en ont pas eu droit 4 ans 6 mois passés. Le temps de l’intérioriser, d’assumer et de s’habituer à cette orchestration comportementale nouvelle, le chef de l’État demande pardon à Tchaourou. « Moi j’ai pardonné. La République a pardonné. C’est à vous à présent de pardonner » martèle-t-il. Et ce discours, même les plus prévoyants de ses communicants n’auraient pu le voir venir. Les cartes de sa propagande si tendues se doivent de se détendre. Des cartes que le chef de l’État gagnerait à même renouveler surtout les faucons de cette communication qui narguent, qui insultent. Parler Talon aujourd’hui et à cette approche de cette année électorale pour laquelle rien n’est encore décidé ne s’accommode plus aux discours et tons martiaux.
Le président s’est dit surpris des 5 ans qui sont partis en flèche. Il est dorénavant un homme aussi mû par des failles, des possibilités de se tromper, et donc de reconnaitre que Tchaourou a des raisons d’être en colère. C’est là une suffisante raison d’interroger sa communication. « La clébéture », cette caste de génies spéciaux, qui de WhatsApp à Facebook, Radios Télés, sait tout et condamne ceux qui pensent différemment. Des penseurs à rebours qui traitent d’enfants endiablés les gens d’opinion divergente. Du haut de leurs estrades, eux aussi doivent avoir eu du mal à suivre ce Patrice Talon qui revient sur toutes ses erreurs de gouvernance politique.