A quelques heures de la fin des campagnes électorales, il est impérieux d’évaluer les chances de certains candidats, notamment ceux qui ont déjà fait l’expérience du mandat électif et qui rêvent de poursuivre leurs œuvres de développement dans le processus de la décentralisation entamé courant 2002-2003. Pourront-ils se faire à nouveau accepter par les populations à la base ?
Ils ont un actif, immédiat ou non, à défendre. Eux, ce sont des candidats qui ont déjà fait l’expérience de la gouvernance locale à la tête des communes. Ils ne sont pas à leur premier exercice de se frotter à l’électorat béninois. La réforme du système partisan leur donne une nouvelle occasion d’aller solliciter le suffrage des populations. A un moment où les statistiques et sondages annoncent un renouvellement à plus de 80 % des élus communaux et municipaux, avec, comme effet surprise, une forte implication des jeunes, la tendance semble basculer en défaveur de ces anciens-nouveaux candidats qui risquent de subir des fortunes diverses du fait, d’une part, de leur gestion calamiteuse à la tête des communes et municipalités, et de l’autre, leur inconstance politique. Répartis au sein des cinq formations politiques en lice pour le compte des élections municipales et communales du dimanche 17 Mai, ils occupent des positions favorables sur les listes électorales. Ce qui pourrait laisser croire qu’ils ont la garantie nécessaire pour réaliser leur nouveau rêve politique. Mais le terrain pourrait décider autrement.
Son passage à la tête de la commune d’Abomey-Calavi a laissé de bons et de mauvais souvenirs. L’ancien chef des services de renseignements sous le Président Mathieu Kérékou, n’a pas été catholique dans sa gestion comme la plupart des politiciens béninois mais les populations lui vouent une certaine admiration pour son côté fiesta. C’est l’homme qui veut être l’ami de tout le monde et qui peut se retrouver sur toutes les cérémonies, juste pour montrer sa sensibilité aux administrés. Son séjour à la mairie d’Abomey-Calavi a été marqué par une grande division au conseil communal. L’affaire relative à l’acquisition d’engins lourds pour les travaux d’ouverture, d’aménagement et de reprofilage des voies dans les arrondissements, laisse un gros point noir sur son passage à la tête de cette administration communale. Ce dossier de ‘’ Ferrailles usées ‘’ agité à l’époque avait débouché sur une enquête judiciaire demandée par l’actuel conseil communal. Il quitte la mairie sur la pointe des pieds barré par le jeu des alliances.
Politiquement, Patrice Hounsou-Guèdè n’a pas été du tout stable. Elu maire sur la liste de son propre parti politique PUR (Parti pour l’Union Républicaine) à la faveur des élections communales et locales de 2008 alors qu’il n’avait que deux conseillers au sein du conseil communal, l’ancien patron des renseignements va s’allier plus tard aux Forces Cauris pour un Bénin Émergent (Fcbe), parti de l’ancien chef d’Etat, Boni Yayi. Après son départ de la mairie, l’homme a marqué une grande trêve avant de faire son retour. Un retour qui a été accueilli par une contre campagne médiatique où des affaires de corruption et de mal gouvernance ont été ressucitées et collées à la peau de l’élu communal. C’est d’abord le parti Dynamique Unitaire pour le Développement (DUD) de Valentin Aditi Houdé qui le récupérera dans le cadre des élections législatives auxquelles ils ne prendront pas part finalement. Acteur politique incontournable de la 6ème circonscription électorale, Patrice Hounsou-Guèdè rejoint la mouvance présidentielle. L’ancien maire de la commune d’Abomey-Calavi rompt ainsi les amarres avec son ancien-allié politique Valentin Aditi HOUDE en jetant son dévolu sur le Bloc Républicain. L’acte qui scelle ce ralliement a été officialisé par son positionnement sur les listes électorales pour le compte des élections municipales et communales du dimanche 17 Mai. Au regard de ce passé plus ou moins glorieux, pourra-t-il reprendre le contrôle de son ancienne administration ? Bien malin qui pourra le dire.
Le successeur de Patrice Hounsou-Guèdè doit redouter de son bilan. Malgré les nombreuses alertes données de partout, pas grand progrès dans la commune d’Abomey-Calavi. La gestion qui est faite de cette administration communale laisse à désirer. Les responsables commis à l’œuvre de la gouvernance locale donnent l’impression de travailler. La forte communication entreprise à coup de ressources considérables peine à soigner l’image de la commune la plus peuplée du Bénin. A y voir de près, c’est le linceul blanc qui entoure le cadavre. La commune d’Abomey-Calavi tient la lanterne rouge en matière d’initiatives de développement visant à susciter le développement local. Cette administration locale bat tous les records possibles en matière d’impairs de gouvernance. Depuis l’avènement du maire Georges Bada, la commune d’Abomey-Calavi ne cesse de véhiculer une très mauvaise image, aussi bien au plan national qu’international. Les voies d’accès demeurent un casse-tête chinois pour les populations. Les inondations dues aux saisons pluvieuses en rajoutent aux difficultés de circulation des paisibles populations. Les actions du maire Georges Bada se résument aux inaugurations des initiatives privées et des voyages intempestifs sans grandes retombées sur le quotidien des populations. Ce qui fait dire aux citoyens de la ville que c’est le pouvoir central qui travaille à la place du conseil communal. Le dossier de bradage et de morcellement des réserves publiques qui fait actuellement grand bruit ne laisse aucune chance pour le maire d’Abomey-Calavi, de briguer un second mandat mais l’Homme se bat tout de même.
Au plan politique, le maire Georges Bada fait partie des dissidents du parti la Renaissance du Bénin (RB), aile Abraham Zinzindohoué. Membre fondateur du parti Union progressiste dont il est le porte flambeau dans la 6ème circonscription électorale, l’homme traine cette vilaine réputation politique. Plus grave, il doit affronter sur le terrain, un grand adversaire politique, celui qui lui passé témoin en la personne de Patrice Hounsou-Guèdè. Georges Bada qui, il y a cinq ans a préféré la mairie à l’hémicycle, devrait aussi se méfier de la candidate, Claudine Prudencio dont la popularité a monté en flèche. Toutefois, sous le gros baobab, il paraît bien confortable avec en prime une sérénité à nul autre pareil.
Très connu pour ses œuvres sociales, la carrière politique de l’honorable Désiré Vodonou a été secouée par des ennuis judiciaires. Elu député sous le gouvernement défunt, il n’a pu pas siéger au sein du Parlement béninois après l’invalidation de son élection par la Cour constitutionnelle d’alors suite à une affaire d’escroquerie. Le retour de Désiré Vodonou sur la scène politique apparaît comme un souffre douleur pour certains acteurs politiques de Zogbodomé et environs qui croyaient être sur un terrain conquis. Mais l’attente va encore durer longtemps, puisque le grand baobab politique de tous les temps dans le coin renoue le contact avec les populations. Désiré Vodonou n’a pas encore fait ses adieux à la politique. L’homme dont les nombreuses œuvres sociales restent gravées dans la mémoire collective des populations refait surface. Et déjà, c’est la débandade. Après des années de retrait et d’éloignement de la scène politique, le politicien le plus populaire de ces dix dernières années à Zogbodomè et environs a repris service. Dès lors, la plus grande commune de la 24ème circonscription électorale se met en ébullition. Tout Zogbodomè découvre l’enfant prodigue qui a longtemps fait leur bonheur. Après un bref passage au sein du Parti du renouveau démocratique (Prd), l’ancien bras financier de l’alliance Union fait la nation et membre influent du parti Force Clé du ministre Lazard Séhouéto se fait enrôler par le Bloc républicain dans le cadre des communales 2020. Même si le terrain semble lui être favorable, il n’en demeure pas moins que la bataille sera rude, vu les forces politiques en présence
Apparemment, c’est le maire dont la gestion fait l’unanimité aussi bien au sein du conseil communal que dans les rangs des populations. Si la mandature de son prédécesseur, Mathias Gbèdan a été très agitée, c’est tout le contraire pour l’homme de confiance du président Adrien Houngbédji. Le maire de Sèmè-Podji, Charlemagne Honfo, le bon petit du Hagbè national, candidat à sa propre succession sur la liste du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) est un personnage qui a rapidement acquis de l’audience. Ancien député, il jouit des fruits de sa fidélité politique à son mentor politique, Adrien Houngbédji. Avec sa double casquette de Maire de Sèmé-Podji et Secrétaire Général de l’Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB), Charlemagne Honfo part avec une avance considérable sur ses concurrents directs. Lui qui doit batailler dur sur le terrain pour ne pas se voir ravir la vedette.
Ancien journaliste et communicateur, son élection à la tête de la commune de Parakou a fait l’objet de grandes contestations aux premières heures de son installation. Charles Toko devrait travailler pour convaincre une population très exigeante et réconcilier tout le monde. Peut-on dire aujourd’hui qu’il a réussi cette mission ? En tout cas, la population de la cité des Koborou est partagée entre espoir et déception. Espoir pour avoir cru aux premières actions posées par un maire qui serait importé. Déception parce que les populations parakoises n’ont pas l’impression que les choses ont véritablement bougé ces dernières années. A défaut de le faire savoir publiquement, elles pourraient, à travers un vote sanction, exprimer leur désapprobation quant à la gestion peu convaincante de la première autorité de la municipalité de Parakou. La liste BR pourra-t-elle lui porter chance ? Wait and see !
Inscrit au registre des candidats importés, le maire de la commune de Bohicon tente une nouvelle aventure dans la ville métropole du Bénin, Cotonou. Ses deux mandats à la tête de la ville carrefour ne sont pas sans critiques. Luc Sétondji Atrokpo, comme c’est de lui qu’il s’agit, tente une aventure jamais observée depuis l’avènement de la décentralisation au Bénin. Alors que sa gestion de la commune de Bohicon n’est pas exempte de critiques, Luc Atrokpo profite de l’absence de vrais candidats à la trempe de l’ancien maire Lehady Vinagnon Soglo, pour occuper l’hôtel de ville de Cotonou. Apparemment, le terrain est balisé pour qu’il réalise cet exploit historique. Porté par la liste Union Progressiste, il pourra rencontrer une farouche résistance sur le terrain, vu que le candidat du Bloc républicain, Léopold Gbénou qu’on ne présente plus n’entend pas laisser faire. De Bohicon à Cotonou, Atrokpo joue gros. Un risque ou une formalité d’usage ? Le 17 mai est bien proche.
L’ancien maire de la commune de Glazoué revient à la charge pour reconquérir son ancienne administration. Laurent Gnacadja qui a laissé de bons souvenirs après son passage à la tête de cette administration communale de Glazoué peut compter sur le soutien d’un autre grand baobab de la localité, en la personne de Edmond Agoua, pour espérer reprendre les choses en main. Même si la liste UP est en situation favorable, Laurent Gnacadja doit en découdre avec l’actuel maire de la commune de Glazoué, Jacques Dagoué, candidat à sa propre succession sur la liste BR.
Candidat à sa propre succession à la tête de la municipalité de Porto-Novo sur la liste du Parti du Renouveau Démocratique, Emmanuel Zossou ne doit assurément rien craindre. Il a usé de la diplomatie pour conduire à terme le conseil municipal. On n’a pas noté des mouvements d’humeurs à ce niveau, bien que sa gestion n’ait pas été totalement parfaite. Seulement les textes du parti ne lui offrent pas une nouvelle opportunité pour siéger en qualité de maire de Porto-Novo. Pour les prochaines élections communales et municipales qui s’ouvrent le dimanche 17 Mai 2020, c’est un Yoruba qui est pressenti pour occuper le poste selon la tradition instaurée au sein du parti, c’est-à-dire, un mandat alternatif prenant en compte l’ethnie Goun et Yoruba. Mais vue la situation politique actuelle, il pourrait être l’exception de cette règle si Adrien Houngbédji trouvait en lui celui qu’il faut pour barrer la voie aux adversaires UP et BR, ancien de la maison Arc en Ciel.
Elu avec son parti Mecca, le jeu des alliances sous le régime Yayi aura eu raison de l‘entité politique présidée par Léopold Houankoun. Personnalité politique très influente sur le terrain et grand fan du football, il détient une base électorale assez redoutable. Ses nombreuses réalisations et ses œuvres sociales confortent sa position de grand favori. L’homme qui revient dans la course à la conquête de la commune d’Agbangnizoun est aujourd’hui membre du BR. C’est un vieux de la vielle, comme on le dit vulgairement. Il est aussi le Président du conseil national des supporters du Bénin (CNS- B). Ensemble avec son ancien adversaire politique l’He Dominique Atchawé, ce géant de part sa corpulence était à un doigt de s’abriter sous le baobab. L’habileté intellectuelle et la stratégie politique des membres du BR l’ont fait monter le cheval blanc qui le portera ou non dans son ancien bureau.