Quelques heures après la décision du conseil des ministres sur la reprise effective des cours le lundi 11 Mai, moult remous se font déjà entendre quant aux garanties qu’offre cette reprise aux différents acteurs. Pour Anselme Amoussou, Secrétaire Général de la CSA Bénin, cette décision de rouvrir les écoles alors que le spectre lié à la pandémie du Covid 19 sévit, est un peu tirée par les cheveux. L’augmentation du nombre de cas ces derniers jours et la décision du gouvernement de retourner en classe, relèvent d’une contradiction à nulle autre pareille. Le respect franc des mesures barrières dans ces écoles n’est pas évident surtout la mesure portant interdiction de rassemblement de plus de 50 personnes face aux effectifs pléthoriques. Pour le syndicaliste, aucune garantie de sécurité sanitaire n’est offerte dans cette condition pour les différents acteurs que sont les enseignants et les enfants.
Par ailleurs, il pousse la chansonnette en déplorant l’absence de discussions entre le gouvernement et les représentants des travailleurs aux fins de trouver les solutions qui garantissent la sécurité sanitaire aux uns et autres dans le secteur éducatif. Dans ses réserves, il évoque entre autre les évaluations prévues en août pour les autres classes qui sont pour le moment toujours à la maison. Ce calendrier, ne répond à rien et l’accessibilité à certaines écoles dans cette période de l’année est la mer à boire. <<Le gouvernement est responsable du bien-être social et sanitaire des citoyens. Mais chaque parent est responsable de la sécurité de ses enfants>> peut on lire dans sa tribune avant de chuter avec l’espoir de se tromper dans son pessimisme.
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Le conseil des ministres a tranché. Ainsi donc, en dehors des classes des maternelles (maintenues en vacances scolaires) et des universités (qui travailleront en ligne) tous les élèves des autres classes seront présents le 11 mai 2020. Je suis consterné par cette analyse et cette décision des membres du gouvernement. FAUT-IL RAPPELER QUE CE CONSEIL DES MINISTRES S’EST TENU EN VISIO CONFERENCE COMME C’EST LE CAS DEPUIS LE DEBUT DE LA PANDEMIE. Cela signifie que les membres du gouvernement se sont tenus à distance de sécurité, les uns des autres, pour décider d’envoyer les élèves se mettre en danger, dans les classes à effectifs pléthoriques et dans les cours de récréation des écoles publiques qui n’ont pas reçu les subventions pour faire face aux dépenses urgentes nécessaires aux mesures minimum de sécurité. Les enfants iront dans les écoles privées déjà mises à mal financièrement et qui n’ont reçu aucun engagement d’accompagnement de l’Etat pour assurer la continuité du service avec moins de précarité pour le personnel enseignant et moins de risque.
Ne nous leurrons pas, il est impossible de faire respecter les mesures de distanciation et d’interdiction des regroupements à plus de 50 personnes, dans la plupart des établissements secondaires de notre pays. Le port systématique de masques et le DEPISTAGE DIT PROGRESSIF des seuls enseignants n’assurent aucune garantie de sécurité pour les usagers des écoles. Quid de la disponibilité en nombre suffisant des dispositifs de lavage de mains ? Quid du dépistage des apprenants ?
La contradiction est flagrante à plusieurs égards. Quelle est la différence entre un regroupement de campagne électorale interdit et une cour de récréation d’un établissement scolaire ? Quel est le plus dangereux entre la circulation des bus et un attroupement d’élèves de classes pléthoriques de 6e, 5e ou 4e ? Comment peut –on interdire la célébration des cultes et autoriser une reprise entière des classes pour les collèges de 3000 élèves confinés sur des espaces réduits de quelques mètres carrés ?
Les résultats d’un dépistage aussi massif seront-ils donnés dans le délai pour une reprise sécurisée de tous dans 4 jours ?
Les écoles qui ont servi de lieu de confinement seront-elles désinfectées avant la reprise ?
Par ailleurs, la reprise des classes pour les classes intermédiaires du primaire fixée en août répond à quelle logique pédagogique ? De mars à août, cinq mois de discontinuité scolaire pour ces petits enfants sans aucun dispositif de secours. Puis en août quelques jours de classes avant une évaluation incongrue. Sans oublier les aléas du climat. En août nombre d’écoles sont inaccessibles.
Rien sur la présence obligatoire ou non du personnel enseignant des classes intermédiaires.
Sur l’anticipation attendue pour l’organisation des examens de fin d’année dans moins de deux mois, le gouvernement est resté curieusement muet.
Je plains les chefs d’établissements qui vont faire face à un casse-tête insurmontable.
Le gouvernement est responsable du bien-être social et sanitaire des citoyens. Mais chaque parent est responsable de la sécurité de ses enfants.
Les organisations syndicales ont joué leur partition en réclamant en vain les échanges préalables permettant d’améliorer les intelligences individuelles. Elles n’ont jamais pu rencontrer leurs ministres de tutelle. Elles ont néanmoins formulé des propositions parce que comprenant que le caractère inédit de cette crise demandait que chacun des acteurs élève le niveau de sacrifice pour sauver la scolarité des enfants sans sacrifier leur santé et leur bien-être. Malheureusement, les inquiétudes et les incertitudes demeurent après les décisions du Conseil des ministres de ce jour. J’espère que les bons efforts déployés par les autorités jusqu’ici pour maîtriser la pandémie dans notre pays, ne seront pas anéantis à partir de nos écoles. Je veux vraiment me tromper dans mon pessimisme.
Anselme Amoussou
Cette décision est à l’image de tout ce que nous voyons dans le pays. Dans le domaine éducatif, est est la résultante des actions non concertées, non collectives des syndicats qui, pour des raisons de leadership, ont fini par vendre l’école béninois au pouvoir. Qu’il se prenne à lui-même.