La 43ème Assemblée générale ordinaire de la Confédération africaine de football s’est tenue le 12 mars 2021 à Rabat au Maroc. Elle a consacré par acclamation le Sud-africain Patrice Motsépé, qui vient avec un bataillon d’hommes nouveaux dont le Béninois Mathurin de Chacus.
Le nouveau président de la CAF est une nouvelle figure. Malgré ses charges de président du club sud-africain des Mamelodi Sundowns, poste qu’il occupe depuis 17 ans environ, le milliardaire de 59 ans est un homme peu connu. Hissé au firmament, il tient dans son sac, pour une mission de renouveau du football africain, de nouvelles têtes qui ont presque les mêmes caractéristiques que lui. Des veinards.
Imposé et révélé Mathurin
En marge de cette assemblée, les nouveaux membres élus au conseil de la FIFA sont connus. Dans la zone francophone, Mathurin de Chacus, président de la Fédération béninoise de football, est celui sur qui le choix est porté, en plus de son homologue malien, Mamoutou Bavieux Touré.
Sa venue à la tête de la Fédération béninoise de football en août 2018 était un coup du sort, mais aussi le fruit d’une volonté politique. Un 3ème larron hérita du chapeau du chef qui cherchait preneur. Président du mythique club les Dragons FC de l’Ouémé depuis plus d’une dizaine d’années, le milliardaire qui a fait fortune dans les BTP était presque inconnu du public sportif béninois. Même en tant que membre du Comité exécutif de son prédécesseur, Anjorin Moucharafou, Mathurin de Chacus est toujours passé inaperçu et jamais attendu. Préoccupé par ses affaires, le football passait presque après. Président par « accident », président tout de même.
Son élection en tant que membre du Conseil de la FIFA (Groupe francophone) témoigne une fois encore de la chance qui jusqu’ici embellit le parcours du natif de Porto-Novo. Face à trois challengers ( 4 prétendants pour 2 places), il est passé par acclamation tout comme le Malien après le désistement du Togolais Guy Akpovi et la disqualification (sanction de la FIFA) du géant congolais Constant Selemani Omari. Servi sur un plateau d’or, il saisit le sésame et tutoie à nouveau le sommet en s’asseyant à la table des plus hauts décideurs du football. Une première pour le Bénin. Un honneur de plus pour celui qui, dans ses dires, déclare n’avoir pas obtenu richesse dans le football mais l’honneur. « Le plan de Dieu », a commenté sur un forum WhatsApp Alphonse Hounkpatin (Secrétaire permanent /ligue de football professionnel du Bénin) après l’élection.
Les fruits de la chance
Une succession d’évènements heureux au rang desquels figure la qualification du Bénin à la CAN 2019 après neuf ans d’absence. Qualification auréolée d’une brillante participation des Écureuils à la CAN en atteignant pour une première fois les quarts de finale. A cela s’ajoute désormais son élection au conseil de la FIFA. Avec Mathurin de Chacus, tout est en mode premier. Le veinard.
Le Conseil de la FIFA est composé de 37 membres : un Président, élu par le Congrès de la FIFA, huit vice-présidents et 28 autres membres élus par les associations membres de la FIFA, chacun pour un mandat de quatre ans. Désormais membre de ce Conseil, cet organe non-exécutif mais de surveillance et de stratégie qui définit la vision de la FIFA et du football mondial, le Bénin à travers son président, aura son mot à dire dans la destinée du sport roi.
Affirmation du Bénin au plan mondial, mais…
La baraka accompagne les grands hommes, dit-on et c’est sans doute le cas de de Chacus. Vu de l’extérieur, le foot béninois sous sa présidence se révèle au monde. Mais de l’intérieur, cette visibilité se lit avec des pointillés. Elle vient s’amouracher avec les vieux démons du football béninois.
Au plan local, tout reste à faire. C’est comme trois ans partis en fumée, trois ans de tâtonnements, trois ans de patinage. Outre les points positifs obtenus sous son règne, Mathurin de Chacus doit se réveiller. Du moins, cette nouvelle récompense de l’homme doit le stimuler à poser des actes forts. L’administration fédérale quasi inexistante sinon réduite à une poignée d’hommes qui se surpassent, a besoin de souffle. Trois ans durant, aucun programme de passage de grade pour les entraineurs béninois n’a été déroulé. S’il est vrai qu’il existe un programme de réhabilitation du centre d’excellence de Missérété, il est d’une évidence que trois ans après, même avec la pose d’une pierre de réhabilitation, ce centre demeure dans son état de décrépitude. Des aires de jeu qui abritent le championnat national de football sont sans grilles anti hooligan, créant une insécurité aux acteurs. Le football féminin toujours sans progrès.
Un contraste qui risque de lui revenir à l’heure du bilan. Mais, « veinard un jour, veinard pour toujours », dira l’un de ses proches.