L’Afrique n’est visiblement pas encore prête à laisser sa triste réputation de continent « des présidences à vie ».
Lundi 31 Août 2020, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), parti de Alpha Condé a annoncé la candidature du président guinéen pour un troisième mandat. Une annonce qui n’a pas surpris la majorité des observateurs, habitués à des dirigeants assoiffés de pouvoir.
Le président guinéen a rendu ce troisième mandat possible grâce à une révision de la Constitution contestée par l’opposition il y a quelques mois. Élu en 2010 puis réélu en 2015, Alpha Condé (82ans) a déjà passé 10 ans à la tête de la Guinée. Cette annonce de la candidature a suscité plusieurs réactions dans le rang de l’opposition guinéenne. De Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire à Alpha Condé en Guinée, en passant par Yoweri Museveni en Ouganda, Paul Biya au Cameroun, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo en Guinée équatoriale, Paul Kagame au Rwanda ou encore Faure Gnassingbe au Togo, ils sont nombreux sur le continent à s’accrocher au pouvoir comme un gecko. Une sympathie contagion qui incite à la méditation.
La révision de la constitution, la stratégie adoptée pour s’éterniser au pouvoir
Afin de prolonger leur mandat, les chefs d’État africains usent de la modification de la Constitution de leur pays. Certains sont arrivés à réviser leur constitution et d’autres l’ont essayé sans grand succès. Au Togo (2002), au Gabon (2003) et, plus récemment, en Côte d’Ivoire, en Guinée et dans bien d’autres pays, les dirigeants ont fait usage de cette stratégie politique pour se faire maintenir au pouvoir. Au pouvoir depuis 2000 après avoir été choisi comme président de la République par le Parlement, le 17 avril 2000, après la démission de Pasteur Bizimungu, Paul Kagamé a été élu au suffrage universel direct le 25 août 2003. Ceci à la suite de l’instauration d’une nouvelle constitution par référendum. Le président du Rwanda a profité d’une révision de la constitution en 2015 pour y inscrire un mandat transitoire de 7 ans avant un passage à un quinquennat. Ce qui lui permet de rester au pouvoir jusqu’en 2034.
En décembre 2002, un amendement à la Constitution a permis à Gnassingbé Eyadéma, au pouvoir depuis 1967, de briguer un nouveau mandat en 2003. Idem pour son fils Faure Gnassingbé en (2015) qui pourrait rester en poste jusqu’en 2030.
Le Bénin, l’un des rares pays africains à faire l’exception
Le 1er novembre 2019, la loi fondamentale du Bénin a été révisée, suite aux recommandations du dialogue politique, en procédure d’urgence et à l’unanimité des députés de la 8ème législature. Plusieurs innovations importantes ont été faites comme la limitation du nombre de mandats du président de la République à deux consécutifs, existant dans la constitution du 11 décembre 1990 qui a été renforcée. Ainsi donc, nul ne peut remplir plus de deux mandats présidentiels au cours de sa vie. Une révision de la constitution du gouvernement béninois qui va dans le sens de la limitation des mandats présidentiels. Alors que les appels pour une nouvelle candidature du président Talon fusent de partout, l’homme affectueusement appelé ‘’AGBONON’’ ne s’est pas encore prononcé. Même si Patrice Talon annonçait sa candidature, ce serait légitime et en respect de la constitution.