« Le séjour dans l’eau ne transforme pas un tronc d’arbre en crocodile », disait l’écrivain Seydou Badian. L’habitude est une seconde nature. On aura beau chasser le naturel, il revient toujours au galop. Seulement 48 heures après le lancement officiel de la campagne électorale, les vieilles pratiques ont repris droit de cité. Face à la menace sanitaire qui crée des dégâts colossaux, le gouvernement béninois a imposé des restrictions dans le cadre des campagnes électorales comptant pour le renouvellement des conseillers communaux et municipaux. Une décision qui se heurte déjà à une résistance terrible sur le terrain. Les partis politiques font royalement fi de ces mesures, pourvu que leur message passé.
En effet, les partis politiques en lice pour les élections communales et locales du 17 mai prochain foulent royalement au pied le nouveau cadre défini et qui voudrait que la campagne soit essentiellement médiatique. Cadre qui annule les caravanes, les attroupements de masse. Mais contre toute attente, les longues caravanes et les regroupements de masse restent les options choisies par les partis politiques pour conquérir l’électorat. Ce faisant, les missions dévolues aux organisations politiques à savoir : l’information, l’éducation, la sensibilisation et la formation ne représentent que des paroles. Alors que le taux de contamination au Covid 19 grimpe, à la fin de la campagne, les statistiques pourraient se révéler plus critiques et plus alarmantes. C’est à croire que les déclarations des présidents de la Haac et de la Céna sont tombées dans les oreilles de sourds. Sinon, qu’est-ce qui pourrait justifier cette propension à défier les lois de la République? Qu’est-ce qui pourrait bien garantir la quiétude de cœur à ces hommes et femmes responsables de ces attroupements de plusieurs jeunes et vieux, hommes et femmes, et même des enfants ? La banalisation de l’autorité de l’État plus la banalisation des mesures préventives prises par le gouvernement pourraient être préjudiciables après quelques jours si ces politiciens n’arrêtaient pas ces anciens modes de présentation de leurs idéaux. Non seulement la mesure de distanciation n’est pas respectée, mais aussi le port obligatoire du masque de protection relève de l’incantation.
Vivement que le gouvernement puisse taper du poing sur la table, de manière à couper le mal à la racine. Sinon, il aura pris des mesures de riposte, la Cena aura beau réceptionné des équipements de lutte contre la propagation destinés au partage aux électeurs le jour du scrutin, mais le tout serait d’une inutilité indescriptible. Ce qui est sûr, à cette allure, personne ne sera surpris d’une augmentation drastique du nombre de cas confirmés au Covid 19 après le 17 mai.