Alors que le scrutin présidentiel est dans quelques semaines, l’Union européenne a appelé vendredi (18.09.20) à un scrutin transparent en Côte d’Ivoire.
La situation est tendue en Côte d’Ivoire, à quelques semaines du scrutin présidentiel. Dimanche (20.09.20), l’opposition, réunie autour d’Henri Konan Bédié, a appelé à la désobéissance civile. L’Union européenne a demandé, quant à elle, à Yamoussoukro, vendredi (18.09.20) de respecter « les libertés publiques » et d’organiser « un processus électoral impartial, transparent, inclusif et équitable ». Cette déclaration de l’UE survient à moins de deux mois du scrutin du 31 octobre. La veille, jeudi (17.09.20), Guillaume Soro, dont la candidature a été rejetée par le Conseil constitutionnel, a déclaré qu’ « il n’y aura pas d’élection le 31 octobre ». Il estime cependant que sa candidature est « ferme, irréductible et irrévocable ». Dans une émission sur BBC Afrique, il a martelé que « monsieur Ouattara ne sera pas le prochain président de la Côte d’Ivoire ». Il a insisté que les conditions ne sont pas réunies pour le scrutin.
Charles Blé Goudé est dans la même logique sur les conditions du scrutin présidentiel. Dans une vidéo publiée samedi (19.09.20) sur les réseaux sociaux, il a déclaré que « ces élections-là ne doivent pas se tenir, il faut reporter les élections ». Autrement, « nous allons droit dans le mur », selon lui. Charles Blé Goudé demande de préserver la Côte d’Ivoire d’une autre crise postélectorale. Celle de 2010-2011 a fait plus de 3.000 morts.
Nouvelle crise postélectorale en Côte d’Ivoire ?
S’il est difficile de savoir, pour l’instant, si la Côte d’Ivoire va sombrer de nouveau dans une crise postélectorale, elle fait face déjà à une crise préélectorale. Le pays a déjà enregistré des violences meurtrières, en août dernier, lors de la contestation de la candidature à un troisième mandat d’Alassane Ouattara. Une quinzaine de personnes sont mortes. Samedi (19.09.20), un véhicule de transport de troupes de la gendarmerie nationale a été incendié par des individus non identifiés.
Selon Charles Blé Goudé, « le passif de l’élection de 2010 n’est pas vidée ». Il ajoute que la commission électorale et « le Conseil constitutionnel ne sont pas crédibles pour conduire le processus électoral actuel ». Le Conseil constitutionnel a invalidé la candidature de 40 candidats. L’opposition accuse le Conseil d’être pro-Ouattara.
Répondant à Guillaume Soro, le porte-parole adjoint du gouvernement, Mamadou Touré, a fait savoir, sur France 24, que « le gouvernement mettra tout en œuvre pour que ces élections se déroulent dans la tranquillité, la paix et la sécurité ». Il a ajouté que la Côte d’Ivoire a été suffisamment traumatisée après la crise postélectorale et les crises antérieures « dont Guillaume Soro a été un acteur majeur ».
Union de l’opposition ivoirienne ?
Si les opposants sont unanimes sur les reproches au Conseil constitutionnel, ils le sont moins sur leur stratégie. Les opposants recalés du scrutin et ceux qui y participent, saluent une unité d’action contre le nouveau mandat d’Alassane Ouattara. Sur les réseaux sociaux, samedi (19.09.20), Guillaume Soro s’est réjoui « d’être en phase avec les Présidents BEDIE, GBAGBO, le PM Affi, les Ministres Mabri et Amon-Tanoh ». Il a ajouté qu’« Il nous faut stopper l’aventure du 3ème mandat. », sans dire comment.
Charles Blé Goudé demande, de son côté, à Alassane Ouattara de retirer sa candidature. Il a ajouté que les trois autres candidats devraient agir pour la non-tenue de l’élection le 31 octobre, le temps d’organiser un dialogue politique. Le scrutin présidentiel est à moins de deux mois et il n’est pas sûr que le régime d’Alassane Ouattara va accéder à ce dialogue. Mais pour l’opposition réunie dimanche, il n’est pas question de boycotter le scrutin. On notera, tout de même, l’absence des candidats au scrutin Pascal Affi N’Guessan et Kouadio Konan Bertin.
Pour l’heure, le président ivoirien surfe sur les atermoiements de son opposition. Le manque de stratégie claire de son opposition pourrait bien permettre à Alassane Ouattara d’entamer ce que ses partisans appellent premier mandat d’une nouvelle République.