Le plein de confiance. Le gouvernement a sa raison. Les chiffres aussi. La gestion de la crise sanitaire provoquée par la Covid 19 échappe à l’entendement des pouvoirs publics. Entre les mesures et recommandations prises et la montée vertigineuse des cas de contamination, l’harmonie se fait désirer. A qui doit-on faire le procès ? En tout cas, le malaise est si profond qu’il est temps de situer les responsabilités. Ce qui n’a jamais été fait depuis le début de cette crise sanitaire qui défie royalement les mesures barrières. Chacun est dans sa logique. Au Bénin, on semble marquer un arrêt ou passer pour le bon élève de l’organisation Mondiale de la Santé (OMS). Mais à l’arrivée, c’est leçon non sue. C’est le gouvernement même qui organise les manifestations de masse. Craignant peut-être un vide juridique, les décideurs politiques ont mis en branle le processus électoral. Or, le Bénin est un pays où la proximité sociale est carrément une culture. On n’a pas besoin d’aller faire des cours en sociologie pour s’en rendre compte. C’est aussi un peuple qui a le souci de l’autorité de l’État. A ce niveau donc, il serait difficile de voir à travers la progression des cas de contamination à la Covid 19, le non respect des règles barrières éditées pour prévenir ce virus contagieux voire mortel. La belle preuve, les chiffres ont connu une hausse au lendemain des élections municipales et communales organisées le 17 mai dernier. Ce sont des événements à caractère public où il est fait exigence aux populations d’aller exercer leur droit civique. Deux semaines de campagnes électorales, même si celles-ci auraient voulu être médiatiques, ont été l’occasion en or pour les populations, de reprendre le contact et de se partager le virus. On se rappelle encore du show Armand Gansè devant le cortège du Bloc Républicain (BR) à Bohicon, à Zogbodomey, Désiré Vodonon n’a pas manqué de rappeler dans une foule et même sans bavette de protection, son envie goulue de diriger la municipalité. Les images du géant rassemblement de l’Union Progressiste (UP) dans Sô-Ava et ailleurs sont encore dans la tête des concitoyens. Le Parti du Renouveau démocratique (PRD) avait, en son temps sacrifié à la tradition de boycott des mesures préventives en initiant sa marche ou caravane. Le jour même de l’élection, on pouvait faire l’horrible constat qu’il y a un manque criard de dispositifs d’alerte et de prévention contre la Covid 19 dans les bureaux de vote. Des électeurs qui s’empressaient pour aller chercher les masques de protection et prendre quelques gouttes de gel hydroalcooliques dans la paume, bafouant la mesure de distanciation sociale requise. Au nez et à la barbe des membres de poste de vote (MPV) et même des forces de l’ordre.
Dans cet environnement propice à la propagation du virus, on ne peut que constater les dégâts. L’écart entre le premier patient décédé du coronavirus et les dernières victimes sans oublier le nombre sans cesse croissant des cas de contamination conduit à rendre responsable le gouvernement qui s’est beaucoup plus préoccupé de la mobilisation de fonds que de prendre des mesures raisonnables pour arrêter la saignée. Sur toute la ligne, le gouvernement a failli dans la gestion de cette crise sanitaire. L’organisation des élections et la revue drastique à la baisse des chiffres par l’OMS, ont créé une banalisation du mal dans la tête des populations.
Campagnes, élections, résultats, installations, désignations des maires, etc, assez de shows politiques et médiatiques qui dénotent de l’inconséquence collective. Pire, la levée de quelques mesures restrictives il y a quelques jours en conseil des ministres (ce qui n’est pas mauvais), en a rajouté du sien. Des fêtes organisées en toute ignorance et non prise en compte des mesures barrières.Pour une nation comme le Bénin, la Covid 19 réserve logiquement une réponse macabre. Que Dieu nous en préserve. Et nous voilà enfants du Bénin debout à l’heure du décompte funeste. Si tout était vraiment aux arrêts, on aurait pu éviter cette hausse des chiffres. Mais au Bénin, la politique et l’inconscience collective priment sur toute autre considération, fut-elle, sanitaire. A l’arrivée, on sort une cagnotte financière de 74 milliards comme mesures sociales pour atténuer les affres de la crise sur certains secteurs de la société et on lance la répression pour non port de masque. De bonnes résolutions. Mais le respect strict des règles sanitaires, aurait pu nous aider encore plus. Médecin après la mort. « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté » disait Jean-Jacques Rousseau