Après son interview accordée au magazine Jeune Afrique, l’intervention de Patrice Talon continue de susciter des réactions.
Hasard du calendrier ou non, la rencontre de la Commission électorale nationale autonome (CENA) avec les partis politiques intervient au lendemain de la publication de l’interview de Patrice Talon dans le magazine Jeune Afrique. Le chef de l’État y indiquait que les députés et maires pourront « parrainer les candidats de leur choix, lesquels ne relèveront pas tous de la majorité ». En rencontrant les partis politiques, la commission électorale a fait savoir qu’elle ne publiera pas la liste des députés et maires qui vont parrainer les candidats. Comme pour dire que les 160 parrains sont libres dans leur choix. Le début d’une élection plurielle ? Pas forcément.
Pour autant, un député du Bloc républicain, parti soutenant le régime de Patrice Talon, indique ne pas être d’accord avec cette interprétation de la CENA, jugée « unilatérale et individuelle ». Le parlementaire Abdoulaye Gounou, Docteur en droit, a indiqué à Frissons radio qu’un élu peut accorder son parrainage à un candidat qui n’est pas le choix du parti. Il redoute que « Cela amène le parrain en conflit avec le parti ». Du désaccord ou simple tactique politique ? La prise de position a en tout cas fait la une de certains journaux parus ce mercredi 30 septembre.
La stratégie de l’international
L’interview de Patrice Talon à Jeune Afrique continue aussi d’alimenter les colonnes des journaux béninois. Il est tout de même curieux que des journaux relaient abondamment des propos du chef de l’État alors qu’ils auraient pu solliciter l’interview. Peut-être par manque de cran ? Ont-ils jamais demandé une quelconque interview au président de la République ? Le service de communication de la présidence taille t-il moins d’importance à la presse locale ? Surtout quand il s’agit des annonces cruciales. A moins que Patrice Talon, à l’instar des dirigeants africains, priorise les médias internationaux. Ses interviews réservées exclusivement à la presse locale sont rares, sinon inexistantes. La dernière sortie médiatique a été accordée à RFI et France 24, des médias internationaux, en novembre dernier.
A Jeune Afrique, Patrice Talon a fait savoir que sa décision est prise pour sa candidature en 2021. « Je sais si je serai candidat ou non », a-t-il affirmé. S’il a été bien inspiré de ne pas lever l’équivoque sur sa candidature à Jeune Afrique, il est tout de même curieux que le chef de l’État ne donne pas une position claire sur sa participation au scrutin présidentiel. Le Bénin est tout de même à moins de sept mois de l’élection présidentielle. En cela, Patrice Talon ne se distingue pas des dirigeants africains qui entretiennent pendant longtemps le mystère sur leur candidature. La rupture a visiblement échoué.
Patience, patience, patience…
A défaut d’une positon claire, les spéculations vont bon train. Edouard Loko, le chargé de mission de Patrice Talon, indique que le président de la République « prépare déjà, malgré lui, le second mandat pour l’année prochaine ». Le bâtonnier Jacques Migan, soutien aussi de Patrice Talon déclare, se basant sur l’interview à Jeune Afrique que « à travers ce que j’ai entendu, il sera candidat aux élections de 2021 ». L’avocat invite l’opinion publique à être patiente.
La même patience, c’est peut-être de cela qu’a aussi besoin le parti Les Démocrates en vue de l’obtention de son récépissé. Patrice Talon affirme que le parti pourrait bien l’obtenir si les conditions sont réunies. « Mais je ne m’occupe pas de cela, ce n’est pas mon rôle », ajoute-t-il. Plus loin, dans la même interview à Jeune Afrique, il fait savoir que « Mais quand, à l’instar de Thomas Boni Yayi, on se comporte en compétiteur alors qu’on n’est plus dans la compétition, il y a problème ». L’ancien président Boni Yayi est membre du parti Les Démocrates. Cela fait plus de deux mois que le parti a déposé ses dossiers pour obtenir son récépissé…