Théophile Yarou est sorti ce lundi 18 janvier 2021 de son calme habituel. Il a lâché tout ce qui semble être le signe d’un déchirement interne irréconciliable. Plus tard dans les réseaux sociaux, on aura eu droit aux propos de Aboubacar Yaya. Propos crus, bizarres mais surtout indignes d’un responsable, de surcroit prétendant à la candidature à la magistrature suprême.
En une seule journée, Théophile et Aboubacar ont étalé les difficultés d’un parti orphelin de son concepteur, Boni Yayi. La FCBE est en passe de rater le rendez-vous d’avril 2021. Malgré leur 6 parrains déjà garantis, Paul Hounkpè et ses amis sont en difficulté. La faute à un manque de consensus au sein d’un parti dont les leaders ne sont pourtant plus si nombreux que ça. Une crise de désignation de candidat, un manque de leadership transcendant et des égaux surdimensionnés, un assemblage de caractères enfantins, le tout pour nourrir une ambiance explosive que, à l’occasion de cette interview, Théophile Yarou a mis au grand jour.
Les clivages au sein de la Force cauris pour un Bénin émergent (FCBE) sont le témoignage d’une adolescence de la classe politique béninoise. Des bébés politiques incapables de jouer en dehors de la couvée paternelle. A cette génération de politiques, il faut un patron, un propriétaire de club politique qui classe, aligne, déclasse et dégote les joueurs à sa guise. A lire entre les lignes des propos du secrétaire exécutif national Paul Hounkpè, il se dégage une déchirure, et un refus de perdre, une résignation après un échec de tirer le drap de son côté.
Après Noé, le déluge
La situation n’est pas propre à la FCBE. Mais à ce stade des changements intervenus, la force cauris seule a un statut de parti sans patron. Un parti où après s’être affranchi de Boni Yayi, les forces se sont équilibrées entre responsables avec surtout en tête un Paul Hounkpè en mal de leadership sur les autres ténors. Preuve est qu’à l’heure de la désignation du candidat à la présidence, les dissensions ont vu le jour et les 8 intentions de candidature n’ont pu être départagées.
De la mouvance à l’opposition, telle est l’image de notre classe politique éternelle adolescente en mal de maturité et incapable de s’auto gérer. Si au Bloc Républicain et à l’Union Progressiste, tout semble aller comme sur des roulettes, c’est bien parce que l’ombre du chef de l’Etat plane sur ces deux géants. MOELE-Bénin, PRD, UDBN et Les Démocrates ne sont pas moins régentés. Le salut de nos groupes politiques pour l’instant ne tient qu’à ça, le charme paternel d’un Bruno Amoussou, d’un Adrien Houngbedji ou l’influence d’un Patrice Talon. Cette réalité-là, même les réformes du système partisan n’ont rien pu y changer. Aujourd’hui et demain encore, aux partis politiques sans patrons, des crises internes sans grands intérêts.