Les récents mois ont été des mois qui ont vu ce jeune au style simple et à la coiffure plutôt anecdotique, trainer sur les réseaux sociaux comme il l’aurait fait dans les locaux et dans la cour de la radio nationale. Pour une vedette des médias béninois, le style de DGK, passait pour la chevelure de Raoult. Léger coup de cheveux frisés. Une simplicité de drôleries à faire pouffer de rire même ses détracteurs. Kindoho a un vécu, un passif qui interroge notre démocratie et inquiète les esprits libres.
Quand, dans ces années 2013, 2014, le folklore d’une propagande peu cordonnée était en route pour le plaisir du Chef de l’État d’alors, Boni Yayi, les esprits ont été mis en pause sur les fréquences du service public. Et à chaque 13 heures, il y a eu cette voix qui fendait les transistors pour dire l’information. Malgré le divorce, le mal-amour entre les auditeurs et les médias du service public, cette voix du 13 heures réconciliait les deux parties. La voix rauque aiguë et tranchante qui tonne tant est celle d’un homme qui déchaîne les passions sur Facebook. Par centaines, ces publications sont reprises, partagées et commentées. La voix dissidente ou libre qu’il aura espéré demeurer sur les antennes sans succès, il va l’incarner dans les médias sociaux dans cette fin de règne durant laquelle Boni Yayi n’était guère apprécié.
Les publications de Déo Gratias Kindoho sont très suivies et l’opposition a vu en lui le porte-étendard d’une jeunesse qui voulait faire bouger les lignes politiques. Le régime Yayi et ses sympathisants ont mal vécu les doses répétées de coups administrés par le journaliste. L’équipe de Talon, en exil, va trouver du réconfort dans ses écrits. C’est une plume restée tendue à l’égard du système Yayi et ce, jusqu’à l’élection présidentielle. Talon tient comme beaucoup d’autres activistes, un partenaire de premier plan. Et pour beaucoup de Béninois, le deal était parti pour être des plus solides. Sauf que…
Esprit libre
DGK est un esprit condamné à la liberté. Un insoumis à tout ce qui, a en aversion la norme, l’éthique, la justice. Il y a en lui comme dans son ADN, un destin qui ressemble fort bien à celui de Jean-Jacques Rousseau. Un destin de talent mélangé à la solitude. Ses prises de position passent visiblement mal sous la rupture. Sa voix n’est plus entendue à la radio nationale depuis plusieurs mois. Avec une question : sa position actuelle, à quoi est-elle due ? La frustration ou juste ce burlesque esprit de trop de liberté ?
Il a été dérangeant au point de mettre la Facebook-sphère béninoise dans sa poche. Mis au banc de touche, condamné à errer dans la cour de l’office de radiotélévision du Bénin (ORTB), les internautes ont été nombreux à prendre en estime sa cause et sa souffrance, d’autres non. Il est aujourd’hui dans un régime de mise à disponibilité. Au service semble-t-il d’un privé au Burkina Faso, son sort ressemblerait encore à celui d’Annick Balley s’il bénéficiait du quitus. Elle (Annick Balley) qui avait quitté son poste sous le défunt régime pour un privé au Mali avant de revenir et être promue sous la rupture. Déo Gratias est talentueux, constant dans ses prises de position et c’est connu, mais reviendra-t-il un jour ? Le talent est-il fait pour le journalisme de ses cieux où les présidents ont hérité des droits de protection contre les agressions des vérités ? Et s’il s’en va sans que les princes de la rupture rougissent, qu’avoir comme impression de leurs alliés et amis journalistes ? Ils les voudraient cancres et doux toutous ?