Alimatou Badarou aura été, pour un bon moment, l’un des visages du rajeunissement de la classe politique béninoise. Sur tous les plateaux à prendre position au profit du patron de la rupture. Même si elle a été la suppléante d’un député aux législatives d’avril 2019, Alimatou Badarou a réussi à se révéler, se positionner et surtout convaincre Patrice Talon. C’est une femme disponible, une femme politique qui dit son amour pour le changement et sa détermination de vanter les mérites du gouvernement, même quand celui-ci traverse des averses de critiques.
Cette audace politique, cette affirmation, un engagement cru et parfois risqué a payé : elle a été hissée à la tête du convoité Conseil National des Chargeurs du Bénin (CNCB). C’est pourtant pour cette même audace, cette force de caractère que la nouvelle figure politique et membre fondatrice du Bloc Républicain va connaître une descente aux enfers. Une interview à Be News a suffi pour ramener la directrice du CNCB et cadre du BR à la réalité agressive de la politique. Franchise ou dépassement des limites, Alimatou Badarou sera relevée de ses fonctions par son ministre de tutelle. Elle n’aura même plus droit de cité. Blackout total sur celle qui, pourtant, pendant des tumultes, aimait charmer les téléspectateurs, prêchant à tout va sa religion : la rupture.
Le silence, la disparition, passage initiatique éprouvant, on l’imagine, pour une actrice énergique et aussi passionnée de Talon et de son « œuvre révolutionnaire ». Le silence pour elle aura duré trop longtemps, le manque des lumières des studios télé aussi. La punition, la sanction, elle a su l’intégrer dans le devoir de silence qui s’est imposé après sa sortie. Une sortie où elle a osé faire des déballages touchant même son ministre de tutelle. Des déballages à s’ériger presqu’en opposante assumée contre le parachutage de Luc Atrokpo de Bohicon à Cotonou. Paroles de trop. La suite de l’histoire, tout le monde la connaît. Les communales de mai 2020 seront sans elle. Atrokpo, ancien maire de Bohicon l’est aujourdhui à Cotonou.
Alimatou Badarou, on l’a cru finie. Mais en politique, le temps est le noyau de tous les mystères et de toutes les promesses de miracle. Alimatou Badarou version silence, version maturité du silence politique rebondit. Elle est élue, samedi 12 septembre 2020 à Cotonou, coordonnatrice nationale de l’Organisation des Femmes du Bloc Républicain (OFR). Une renaissance inespérée. Une fleur en signe d’annonce d’une remontée politique certaine, cette fois sans doute avec une leçon bien sue : en politique, tous les silences ne sont pas ceux de l’absence de discours.