A moins d’un an du scrutin présidentiel, les soutiens du chef de l’Etat l’encouragent à briguer un autre mandat. Pourtant, Patrice Talon ne devrait pas accéder favorablement à cette demande.
Patrice Talon a dû songer à quitter le pouvoir à la fin de son mandat. S’il n’y pense plus ces derniers temps, c’est en partie à cause de ce retour des vieux démons de la politique béninoise. La rupture n’a visiblement pas rompu avec ces appels au président sortant de briguer un nouveau mandat. Silencieux comme à son habitude, le chef de l’Etat béninois pourrait pourtant décevoir ses supporters en rentrant dans les coulisses de la politique béninoise, comme il l’a réussi à le faire jusqu’avant son élection à la présidence de la République.
Notre Nelson Mandela ?
Il l’a promis ! Le président de la République avait dit qu’il ferait un mandat unique. Il serait intéressant de savoir les conditions dans lesquelles les candidats recalés du premier tour de mars 2016, notamment les ministres Abdoulaye Bio Tchané et Pascal Irenée Koukpaki, ont apporté leur soutien à Patrice Talon. Même si les soutiens du chef de l’Etat insistent que la constitution béninoise autorise un second mandat et que le mandat unique n’est plus d’actualité pour le « compétiteur né », il est en revanche opposé à Patrice Talon d’avoir exprimé volontairement l’envie de faire un mandat. Il a pris cet engagement tout seul sans aucune contrainte. 17 ans plutôt, en 1999, le défunt président Nelson Mandela venait d’achever son unique mandat à la tête de l’Afrique du sud.
La presse d’opposition et les réseaux sociaux rappellent bien ce devoir moral à Patrice Talon, l’incitant à tenir parole, faire un seul mandat et céder la place à un autre président de la République. Aux thuriféraires de l’homme de la rupture de répondre que Patrice Talon doit parachever son œuvre à la tête du pays. En se retirant à la fin de son premier mandat, le président de la République entrera dans l’histoire, lui qui l’a toujours désiré. Il pourrait démontrer à l’opinion publique qu’en politique, on peut aussi tenir à ses promesses.
Les trois conditions pour être candidat
L’actuel chef de l’Etat sait très certainement que nul n’est indispensable et que la nation vivra, qu’il soit président ou non. Paul Biya, après plus de trois décennies à la tête du Cameroun, insiste qu’il a encore des choses à apporter au jeune peuple camerounais. Il en est de même du président togolais Faure Gnassingbé qui a entamé un 4ème mandat il y a peu au Togo. Or, Patrice Talon a évoqué des conditions pour briguer à nouveau la magistrature suprême.
Jeudi (07.11.2019), il indiquait à des médias internationaux que « ça dépend de ma disponibilité personnelle, de mon état d’esprit, ça dépend de l’environnement politique dans lequel nous sommes ; le 3ème facteur, c’est la mise en œuvre de mon action actuelle ». Il a ajouté qu’il va aviser – encore une fois – en fonction de ces trois facteurs. A ces facteurs, s’ajoute l’absence probable dans la course au palais de la Marina d’une candidature de l’opposition. En renonçant à être en lice, le président qui voulait devenir pilote dégage un peu un ciel béninois devenu trop nuageux en raison du parrainage.
Ouvrir la compétition
Autrement, Patrice Talon pourrait surprendre son peuple, lui qui maîtrise son temps et dicte le tempo dans lequel il mène ses actions. Il peut faire modifier les lois électorales, ouvrant la compétition à l’opposition, comme le recommandent plusieurs experts. Le Bénin est encore dans le délai des six mois du protocole de la CEDEAO. Patrice Talon sait qu’en prenant une telle décision, sa majorité parlementaire ne le verrait pas d’un bon œil. Le « compétiteur né » est conscient également qu’il peut perdre le scrutin présidentiel s’il ouvrait le jeu électoral à des adversaires.
Dans un régime présidentiel fort comme celui du Bénin où le chef de l’Etat dispose de tous les leviers du pouvoir, c’est bien Patrice Talon qui détient les clés. C’est à lui de donner le top, tout comme cela est le cas depuis son accession au pouvoir.
Toutes les promesses ne sont pas faites pour être respectés. Les gens se marient , se jurent fidélité et pourtant. Arrivé à un moment il faut savoir revenir sur ses décisions pour le bien commun . Arrêté de publier des choses sans intérêt, ce n’est même pas réfléchi. Il en va du bien de notre pays, Quand un président fait bien il faut le garder même si il ne veut pas. Ne freinons pas notre développement, les mandats uniques ce n’est bon que pour les pays développés .le pays est lancé et vous voulez l’arrêté au nom de quoi?