Et c’est de cette nation qu’il sagit. Celle que Patrice Talon a su construire depuis 2016. C’est elle la nation du silence et des bruits qui courent où malgré l’insistance du vacarme des couloirs, personne n’ose broncher. Une nation de dualité. D’un côté, la classe des engraissés ou du moins, lot de ceux qui en sont suspectés. C’est le cas des gagnants de ces nombreux marchés gré à gré dont les bruits ont tant couru. Le cas aussi des anciens responsables suspectés dans des dossiers, devenus aujourd’hui subitement et impuissamment « rupturiens » et à l’abri de la CRIET. Eux, ils sont sans un risque, même que leurs affaires soient rappelées. Ils peuvent chambrer les gens de mauvaise passe, les petites gens de mauvaises positions. Ces gens qui paient en vingtaines d’années collées à eux par la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme.
Dans le rang des puissants logent aussi ces hommes et femmes qui, même si le scandale soulève la poussière de la curiosité comme ce fut le cas pour ces engins acquis semble-t-il à une demi dizaine de million l’unité, rien comme suite ni poursuite pour eux. Un peu de bruit puis le silence. Il en a été ainsi pour pleins de dossiers. Dossiers comme cette affaire de leasing dont jamais le béninois ne saura assez. Il court du bruit et il court des chiffres brassant les retombées du leasing par centaine de millions et bien plus. Comme toujours du bruit puis après le silence. Là encore, c’est une affaire de géants, affaire de bénis de la république. On peut se taire, ça va nous passer, le temps aidant. Voilà cette république opaque que Patrice Talon a su imposer.
C’est une République de l’opacité mais surtout de dogme développemental. Tout ce que le gouvernement fait en lois et en actes est si pur et bon pour le peuple que rien de sensé ne vaut le questionnement. Il faut se taire. Avec la rupture, l’action publique est fine, parachevée et a un sens que nulle réflexion ne peut éprouver. Syndicats, organismes nationaux et même internationaux l’ont vite intégré. Doù le silence impérial qui a le mérite de laisser le train de la rupture dérouler son sifflement qui nous conduit à 2021. Dans ce silence et pour l’intérêt de la République éprouvée par des années d’errance, on peut liquider les agents des structures comme la SONAPRA, l’Onasa, puis récemment la SONACOP… Personne ne devrait broncher. Et tous nous le savons. Donc quand ce 1er juillet, tous les employés de la comateuse SONACOP ont été licenciés, c’est sans surprise que personne du monde syndical, des organisations de protection de l’homme, personne n’a pipé mot. Qui pour s’interroger ? Après tout, nous savons que derrière, sont touchés des hommes du rang des silencieux et que, Patrice Talon opère dans l’intérêt supérieur de la nation.
Cette République, il fallait un magicien, un terrible hypnotiseur pour en réussir le tour qui aboutit à transformer un pays de curiosité et de bouillonnement intellectuel en un territoire d’hommes qui se la boucle et où seuls les « s’en fou la CRIET » osent s’interroger. Il fallait un magicien et Patrice Talon n’est pas simplement un, il en est le Roi. Tout est si beau avec lui. Beauté dans la promptitude des gens acquis à sa cause et aux causes pour lesquelles il se bat. Beauté dans le silence absolu face aux choses inédites qu’il initie. Solitude de dirigeant, ce mal doit lui peser les épaules tout de même face à 11 millions de gens muets. Talon, si le silence peut réconforter, le prince de la Marina, peut se taper comme Poutine 12 ans, encore que, sauf les acquis à sa cause, personne ne bronchera et c’est là la preuve de sa nature surhumaine : un vrai AGBONNON.