C’était déjà persistant. Les populations de Lougou (arrondissement de Ségbana) étaient nombreuses à avoir rencontré des hommes en file indienne et à deux sur des motos. Dans cet arrondissement coincé entre la commune de Kandi, le fleuve Sota, et le Nigéria, les cultivateurs et pêcheurs sont formels : « les hommes à motos sont des membres de Boko Haram. Ce sont des hommes armés. Lourdement armés sur des motos faufilant entre boisseaux et arbustes de ces contrées touffues d’herbes et d’arbres par ces temps de saison pluvieuse. »
Depuis deux mois de tels convois ont été perçus à plusieurs reprises par des agriculteurs et des pêcheurs. Jusqu’ici, tout s’est passé sans incident. Un cultivateur raconte : « ils cherchaient là où trouver le signal du réseau téléphonique je tentais de leur indiquer une hutte. Je tremblais. Ils en ont ri avant de me rassurer qu’ils ne tuent pas des hommes comme moi ». Quelques fois les cultivateurs apeurés, les pêcheurs glacés par le poids des armes ont ainsi dû orienter les motards qui erraient cherchant les passages secrets qui mènent au Nigeria ou les moyens de traverser le fleuve Sota.
La peur, la confusion à Zonzi
C’est dans cette ambiance de cohabitation intenable que le pire a failli s’ajouter au tableau de la peur. Ce samedi aux environs de 23 heures, le village de Zonzi dans l’arrondissement de Lougou a sursauté dans la panique. Panique due à une rumeur d’attaque par un groupe armé qui aussi se déplaçait à motos. Plusieurs coups de feu ont résonné dans le village distilla rapidement la rumeur. Ce dimanche matin au décompte, des sources contactées par eketiinfo démentent la thèse de coups de feu. Il y a eu de panique certes mais c’est à la vue d’une horde de motos. A l’idée que ces motos sont celles des membres de Boko Haram, la peur la confusion puis la folle rumeur de tirs et même des morts. Une situation qui démontre combien la psychose a tissé son toile et a gagné les cœurs. Les populations se posent mille questions. Les interprétations sont légions mais à l’emporte-pièce dans toute la zone, toute la commune de Segbana et les communes environnantes. Face à tout ceci, les autorités locales ont la langue bien réservée. La situation mérite pourtant une communication officielle. En l’absence de cette dernière en effet, tous les pronostics, tous les rapprochements de faits même faux sont possibles. Le maire Bio Tan OROU ZIME, de la commune en est conscient et c’est face à cette réalité et à la psychose grandissante qu’il est monté aux créneaux ce lundi. Sur les antennes de Kandi FM il a confirmé les allégations des populations de Lougou. « Plusieurs mouvements, des passages à moto des groupes présumés terroristes ont été enregistrés depuis le 12 juin », précise t-il avant d’appeler à la collaboration population forces de l’ordre.
Zonzi, une partie du Bénin oubliée comme il en existe partout
Lougou, l’arrondissement dont Zonzi, l’un des villages a vécu un samedi nuit de panique après le passage de 17 motos d’hommes se remorquant et lourdement armés est à 53 kilomètres de Ségbana, à 52 kilomètres environ de Kandi. C’est un de ses arrondissements dont la chance est de juste appartenir au pays rien de plus. Il y a quelques jours cependant, les autorités sans doute au courant des mouvements des djihadistes qui ébranlent de peur la population, ont sensiblement augmenté le nombre de militaires en détachement dans la commune de Ségbana. Le nouveau chef d’arrondissement fraichement installé s’est même rendu il y a quelques jours à Tsamia au Nigéria. Selon nos informations c’est en partie pour évoquer le sujet avec ces pairs nigérians.