C’est pourtant une accalmie que nous avons vécue. Une accalmie de 4 ans durant lesquels, la politique s’est adossée au travail et aux chantiers. Patrice Talon a même outré les analystes politiques pros bord. Il était si courageux dans l’action et les réformes, que les velléités de propagandes ou de fanfaronnades à tue-tête se sont d’elles-mêmes estompées. En cette fin des communales où, la carte politique a davantage semblé se rajeunir, les éternels jeunes aux trous de bas ventre remplis, refont surface. Ils ont été jeunes fin Kérékou, jeunes début Yayi 1, fin Yayi 1. Ils sont restés tout aussi jeunes qu’ils l’ont toujours été début et fin Yayi 2. Par les temps de rupture où les jeux avaient revêtu d’autres teneurs, on les croyait avoir reçu un coup de vieillesse, un coup de discrétion, un coup de discernement, une leçon de sensibilité à la vergogne ou à la honte. Hélas! Nos espérances auront été trop vite en besogne. Espérances naïves qui s’oublient et ferment les yeux à une et à la seule réalité irréversible exclamée à tout va : « ici c’est le Bénin ». C’est le Bénin et oui. À 8 mois des présidentielles, Patrice Talon commence par vivre ce qu’à vécu Boni Yayi : des vieux jeunes qui l’appellent à rempiler. Aucun vent de ‘’changementeur’’ ni ‘’rupturien’’ ne peut ad vitam aeternam faire taire Frédéric Béhanzin, Lucien Médjiko et compagnie. Leurs habits sont changeants, de Yayi à Talon de ‘’la république plus que turque à la république extrêmement patriotique’’, ils sont dans cette verve intarissable mais qui charrie du vent dans une vacuité bruissant et brassant les tympans, témoignage d’une inculture chronique et d’un refus de franchir un cap. C’est là, cette jeunesse régimiste, éternelle incapable de bonds d’idée, incapable de maturité comportementale et toujours aussi prompte dans des élans opportunistes. A se demander à 8 mois de remettre en jeu son fauteuil, si Patrice Talon a donné des signaux d’une envie de retourner à la politique pure et dure. Puisqu’avant, les Turcs enfouis depuis peu dans la peau des patriotes, il y a eu ce qui s’est fait appeler « Elan national ». Une autre catégorie de jeunes mais avec le même mode opératoire.
Incessamment jeunes, ces retrouvailles d’anciens responsables d’étudiants aux réputations récemment et anciennement connues troubles vient avec du réchauffé. Si toutes les tomates ne perdent pas leurs valeurs avant de faire perdre au commerçant sa belle affaire, l’assertion se justifie d’autant plus que, nous avons dans ce nouveau creuset, le bon, le moins bon, et le pire se côtoyant et trainant les restes d’une gestion universitaire peu aboutie.
Notre jeunesse si elle n’a que ça à vendre à Patrice Talon, du recyclé et vendu jeune, il y a à craindre qu’il s’en passe et bien vite. Et la conclusion qui coule de source est moins heureuse : en terre politique béninoise, les temps et les mandats passent, la jeunesse reste la même, la ‘’cancrerie’’ aussi. Attention, jusque-là, Patrice Talon ne nous a pas changés. Nous lui avons montré ce qu’il veut voir. Nous restons les mêmes parce que « ici c’est le Bénin ». Toutefois, il n’a pas changé non plus son vœu du mandat unique quoique verni en « j’aviserai ». En attendant, faites la place aux jeunes, 2021 approche.