Alors que le scrutin présidentiel approche à grands pas, l’opposition se cherche encore dans les stratégies. Du pur bonheur pour le président sortant Patrice Talon.
Comme toujours, il a fallu que la presse donne l’alerte sur des sujets préoccupants, comme celui des prochaines dates importantes du scrutin présidentiel, pour que l’opposition en fasse son chou gras. Il n’est pas sûr que la polémique qui n’en vaille pas la peine tombe malgré la manchette de ce mercredi 14 octobre du quotidien La Nation « Pourquoi le mandat de Patrice Talon a été prorogé ».
Depuis la révision de la Constitution intervenue au parlement au petit matin du 1er novembre 2019, il était très clairement inscrit que le scrutin présidentiel se tiendra en avril. De même, la prestation de serment du président de la République ne se fera plus le 06 avril mais en mai. Patrice Talon va donc de jure passer encore plus d’un mois au pouvoir – contrairement à ses prédécesseurs – s’il venait à perdre le pouvoir. Toute l’opinion publique ou presque le savait.
L’opposition béninoise toujours dans la réaction
Visiblement l’opposition ne savait rien de tous ces changements. A moins qu’elle retrouve subitement la mémoire sur un sujet qui remonte quasiment à un an. Dans la presse depuis quelques jours, elle s’oppose à toute prorogation du mandat du président de la République. Les opposants font mine de ne pas voir que leur désir ne sera pas réalité tant que la Constitution n’est pas modifiée. Ce qui paraît très peu probable à l’heure actuelle.
L’autre changement que désire l’opposition et qui paraît peu probable dans les jours à venir est l’annulation du parrainage. Les proches de Patrice Talon et le chef de l’État lui-même ont pourtant déjà indiqué que cette annulation n’aurait pas lieu. Patrice Talon a en outre fait savoir à Jeune Afrique que le scrutin d’avril sera pluriel même s’il n’y aura pas beaucoup de candidatures. Le Bénin a aussi déjà franchi le délai de six mois avant lequel des lois électorales peuvent être modifiées en prélude à des élections. Sauf un consensus de toute la classe politique – ce qui semble très peu évident à l’heure actuelle – le code électoral et la Constitution resteront en l’état jusqu’à l’élection du 11 avril.
Le programme de l’opposition
Dans une récente sortie, un collectif d’opposants appelé « le groupe national de contact » indique que la liste électorale est un « gros problème ». Joseph Tamégnon y indique qu’ « On ne peut pas aller à une élection si nous ne maîtrisons pas la liste électorale. Or cette liste-là, nous ne la connaissons pas». Il laisse entendre qu’aucun député de l’opposition n’y figure. Les opposants, à tort ou à raison ne siègent pas au sein du conseil d’orientation et de supervision de la lépi (Cos-Lépi), l’opposition n’étant pas au parlement.
Joseph Tamégnon laisse entendre, malgré tout, que Patrice Talon ne va pas rempiler pour un second mandat de 5 ans. « 2021, c’est nous qui allons gagner, il ne sera plus président », indique-t-il, sans dire comment cette victoire va se concrétiser. Car, l’opposition visiblement est en panne de programme précis à proposer au peuple béninois. A six mois du scrutin présidentiel, elle ne donne aucune idée précise de ce qu’elle réserve pour les onze millions de Béninois si elle arrive au pouvoir. Si les opposants ont un programme, il se limite à la restauration de la démocratie qui, selon eux, a reculé au Bénin. Il y a quelques jours, les anciens ministres Komi Koutché et Valentin Djènontin mettent ainsi sur pied depuis l’extérieur « S’engager pour le Bénin ». Son pendant au Bénin serait « le groupe national de contact ». Tous les opposants ont ainsi du grain à moudre après les rapports de l’OFPRA et de CIVICUS qui pointaient la dégradation des droits humains au Bénin.
Choisir entre la peste et le choléra
Pour l’instant, les opposants se font hara-kiri. Sur les réseaux sociaux fusent les étiquettes d’opposants modérés ou radicaux à Patrice Talon. Un groupe d’opposants dénie à un autre d’être plus opposant que les autres. Certains partisans de l’opposition sont même prêts à voter pour Patrice Talon au lieu du candidat du parti FCBE, considéré à tort ou à raison comme de connivence avec le pouvoir.
Patrice Talon, lui, a encore rappelé il y a quelques jours, à Jeune Afrique que les 159 parrains actuels étaient libres de parrainer qui ils veulent. La commission électorale nationale autonome (CENA) ajoute que le parrainage se fera dans l’anonymat. La Cour constitutionnelle pourrait statuer sur cette interprétation de la CENA. Etant entendu qu’un parrain ne peut donner sa voix qu’à un seul candidat, il reste à savoir vers qui iront les 143 autres parrains restants après le choix des 16 pour Patrice Talon. C’est éventuellement la bataille de l’opposition si elle était organisée. Pour peu aussi que Patrice Talon accepte que l’opposition la gagne.