A moins d’un an de l’élection présidentielle, la candidature de l’agrégé des facultés de droit est ventilée dans la presse et sur les réseaux sociaux.
Président de la République à 48 ans ! Ce serait inédit dans l’histoire du Bénin à l’ère du renouveau démocratique. De Mathieu Kérékou à Nicéphore Soglo en passant par Boni Yayi et Patrice Talon, personne n’a pu devenir président de la République si jeune. Joël Aïvo le peut, peut-être bien, devenir le locataire du palais de la Marina à la suite du scrutin présidentiel de 2021. Ses proches, supporters, sympathisants (pas encore militants) y croient certainement. L’ancien doyen de la faculté de droit de l’université d’Abomey-Calavi, peut-être.
Joël Aïvo n’étonne plus. Ces derniers mois, les descentes sur le terrain de cet éminent professeur se sont faites loin des amphithéâtres dans lesquels sa compétence ne fait l’objet d’aucun doute. Ses nombreux messages sur les réseaux sociaux appelant à la consolidation du modèle démocratique béninois n’auront pas suffi. L’une de ses dernières publications sur Facebook le vendredi 19 juin 2020 retient tout de même l’attention. Assis sur une chaise en tenue locale blanche, on perçoit distinctement sur le mur l’actuel président du Nigéria Muhamadu Buhari et l’ancien chef de l’Etat béninois Boni Yayi. Rêve t-il de devenir comme eux ? Mystère !!! Mais dans le message qui accompagne sa photo postée, le professeur d’université demande au Seigneur « un peu de [sa] lumière et de [sa] force ».
Par monts et vallées
La force, il en aura certainement besoin s’il franchit le rubicond. On est encore loin des descentes sur le terrain d’un potentiel candidat à la magistrature suprême mais Joël Aïvo sort de plus en plus et il le fait savoir. Il s’est rendu auprès de femmes exerçant des activités génératrices de revenus à l’intérieur du pays. Il a rencontré il y a quelques mois un agriculteur dans la vallée de l’Ouémé. Tout un symbole dans cette vallée dont l’énorme potentialité est louée. Joël Aïvo échange aussi avec la classe politique, comme tout récemment avec des responsables du parti FCBE. Et puis, tout dernièrement, il rend visite à des organes de presse, le quatrième pouvoir, sans l’existence de laquelle il n’y a pas de démocratie.
Quelle est l’ambition de Joël Aïvo pour 2021 ? Pour l’instant, le professeur est muet comme une carpe. Ce sont plutôt les messages de Béninois appelant à la candidature du quadragénaire qui sont lus. De l’autre côté, d’autres Béninois sont loin d’être convaincus par l’arrivée à la tête du pays de cet autre oiseau rare. Pourtant, il est une certitude : Joël Aïvo pense à 2021. S’il n’y pensait pas, bien de personnes ont très certainement dû lui demander de s’engager. Le peut-il ? Le veut-il ? Y-est-il préparé ? Des questions qui taraudent l’esprit de tout aspirant à la fonction présidentielle.
Les lois électorales
Quasiment dix ans après avoir été agrégé du CAMES, l’élection de Joël Aïvo à la tête du pays pourrait être le graal. Pourtant, à moins d’une modification du code électoral, le constitutionnaliste sait bien qu’il ne peut pas être candidat au scrutin présidentiel. Officiellement, il n’est membre d’aucun parti politique. Il est donc impossible pour lui de rassembler les 10% d’élus nécessaires pour prétendre briguer la présidence de la République. Ces derniers jours, un débat sur la latitude des élus à parrainer le candidat de leur choix a vu le jour. Il sera intéressant d’observer sur quoi va aboutir ce débat.
Irons-nous vers la modification des lois électorales pour clarifier le parrainage ? Il reste encore quelques mois pour voir s’approcher le délai de six mois au-delà duquel on ne saurait toucher aux lois électorales, à moins d’obtenir le consensus de la classe politique. L’agrégé de droit qu’est Joël Aïvo en est certainement conscient, tout comme il lit ces derniers jours les appels d’une frange de l’opinion publique à retirer les parrainages de la course à la présidentielle. Ces appels viennent-ils de soutiens de Joël Aïvo ?
S’ils étaient entendus par le pouvoir en place, il devrait en tout cas en bénéficier s’il était candidat. Car, si Patrice Talon veut faire un second mandat, il a un boulevard tout tracé pour l’obtenir. On voit mal alors comment ses soutiens et lui vont ouvrir la compétition, avec le risque qu’il perde le scrutin. En Afrique, le président sortant perd rarement l’élection. Le professeur d’université a certainement dû le savoir tout au moins lorsqu’il rédigeait en 2006 sa thèse intitulée « Le Président de la République en Afrique noire francophone. Essai sur la sociologie et les évolutions institutionnelles de la fonction au Bénin, au Cameroun, au Gabon et au Togo ». A moins que Joël Aïvo sonde le terrain pour 2026. Mais, on est encore loin. Il y a d’abord 2021.
Bel article. Cependant, je fais une actualisation sur le titre du prof Aivo. Il est titulaire depuis 2019. Merci d’en tenir compte pour les articles suivants.