Servir la République, quel que soit le sacrifice. C’est une vague idée difficilement perceptible en temps ordinaires. Réalité devenue pour des milliers de béninois un tangible quotidien depuis l’avènement du covid 19 et ses conséquences désastreuses. Ce sont essentiellement des agents de santé à divers niveaux. Dans ce que les politiques ont convenu d’appeler ‘’une guerre », ils sont en première ligne. Dans une bataille où l’ennemi invisible, peut leur tomber dessus de partout, ils s’arc-boutent au devoir, au service et au dévouement à la patrie. La preuve est que dans cette dynamique nouvelle adoptée par le gouvernement dans sa riposte contre la propagation de coronavirus et qui consiste à dépister entre autres les agents de santé, on dénombre parmi eux déjà des victimes, des contaminés après seulement quelques jours de dépistage, pareil dans le rang des corps habillés. Chose malheureusement normale.
Ce sont aussi ces hommes en treillis, incapables désormais de dévisager leur ennemi, tant ce dernier est d’une grandeur microscopique et qui change les belles règles de combat militaire en données nouvelles où, mitraillette et kalachnikov sont d’une désuétude tremblotante.
Deux corps au front, coude-à-coude comme jamais le Bénin n’a vu ses fils se sacrifier à la bataille depuis le 16 janvier 1977. Un engagement, un sacrifice entièrement brut. Un don de soi pour rien que le salaire, pas de bonus ni d’avantage particulier, (en tout cas pour le moment), pendant qu’ailleurs, ils sont désormais vénérés, célébrés, adoubés par les gouvernants à travers des augmentations ou mise en place de nouvelles conditions pouvant bouster leur moral. S’il est vrai que la vie n’a pas de prix, s’il est vrai que ces groupes cibles exposés se retrouvent face aux fondamentaux de leur corporation, il est aussi vrai que l’accompagnement, ne serait ce que moral naisse de façon instantanée face à ce minuscule, mais géant invisible, le désormais chef de bord du monde, le SARS-COV-2. Le chef de l’Etat, dans ce qui reste dans les esprits comme étant l’appel consacrant sa grande maîtrise du dossier Patrice Talon l’a dit : <<les avantages ne sont pas pour demain, il faut attendre quand les caisses le permettront, une embellie progressive des cagnottes de ceux qui font les efforts>>. Ce qui se fera, c’est sûr. Mais quel hommage alors rendre à ces hommes qui sont plus que réquisitionnés, mobilisés pour la cause dont à peine ils ont des moyens? Une cause pour laquelle à peine ils sont préparés. Une cause pour laquelle ils n’ont que pour armes des outils de bricolage que le gouvernement s’évertue heureusement à renforcer au jour le jour depuis le début de cette bataille engagée contre la propagation du virus.
Selon les données du gouvernement le Bénin est à 90 cas confirmés depuis ce 1er mai. Un chiffre qu’on mettra bien au crédit de la stratégie globale pilotée par le comité de riposte contre le covid19. Les ministres et les communicants n’ont eu de cesse de le rappeler. Mais on ne dit pas suffisamment que ces chiffres nous les devons surtout à ces hommes et braves femmes de ces deux corps qui ont accepté abandonner leurs familles. Ils n’ont pas le choix dira t-on. Parmi les personnels soignants, d’aucuns n’ont plus le droit de retourner chez eux puisque le rythme de travail a changé. Ceux qui sont en charge de traiter les cas déclarés positifs sont coupés de leurs familles. Un sacrifice de trop, le prix à payer pour notre bien commun. De ce corps longtemps vue entre les mailles des grèves incompréhensibles, de ce corps longtemps perçu dans la compromission fatale hôpital public et clinique privée, de ce corps autrefois adepte de mauvais traitements des patients et très expressifs avec des propos orduriers directement sortis de caniveaux, de ce corps il n’y a pas longtemps très habile à la bastonnade, on peut lire un bond significatif. Une transfiguration à mettre à l’avantage de tous mais surtout d’un corps qui du jour au lendemain, nous montre que désormais c’est possible de célébrer le 1 mai avec l’ultime certitude que nous sommes en droit de la célébrer. Parce que tous autant qu’ils sont, chacun sur son tabouret d’obligation assume et fait glisser un peu plus devant la ligne de notre bien-être.
Servir la République, quel que soit le sacrifice. Ils y tiennent depuis l’avènement du covid 19 et ses conséquences désastreuses. A eux qui, face à l’œuvre du destin, leur volonté se trouve noyée, il convient de rendre un hommage mérité pour le dévouement, l’engagement et la disponibilité à se mettre au service de leurs semblables. Même si d’un côté, le serment d’hyppocrate regagne les esprits, de l’autre, le devoir d’État, ils méritent hommage. Pour la simple et juste raison que ces groupes cibles exposés, sont désormais les catégories socioprofessionnelles enclines à la contamination du covid 19. Le cœur à l’ouvrage, c’est avec bonne foi que les hommes en uniforme et le personnel sanitaire se plient en deux dans la croisade contre la propagation du covid 19 et ses effets pervers. Jour comme nuit, ils répondent présents, prêts à se retrouver sur tous les fronts, pourvu que le peuple soit libéré. A eux seuls, ils constituent l’espoir et le soutien de toute la population en ces temps de peur et de psychose. Hommage à ces premiers éléments qui sont les chairs à canon dans cette <<guerre>>