De quoi allons nous mourir dans les prochaines années ? Que peut-on comprendre par la fin de temps ? Sommes-nous prêts à faire échec aux menaces environnementales dans un contexte où les rationalités marchandes et le capitalisme ambiant se positionnent aux yeux de l’humanité, comme étant des impératifs de développement non négociables ? En ce 5 juin qui marque la Journée Mondiale de l’Environnement, il est une nécessité absolue de questionner les colloques, les ateliers, les séminaires et les sommets initiés par des particuliers, les Ong et les institutions internationales dans le but de préserver la terre de son otage.
Jamais le sujet n’a suscité autant d’interrogations et d’attentions. Le changement climatique ou encore le réchauffement climatique n’est plus une question de spécialistes du domaine. Chaque individu se sent intéressé. Ceci, parce qu’il le ressent au quotidien. Dans cette peur et psychose générale, chacun cogite pour libérer la terre de l’otage des changements climatiques. Les rapports officiels de l’Organisation des Nations Unies (ONU) annoncent le spectre depuis des années. Notre planète est malade, très malade. Réchauffement de la terre, pollution de l’air et de l’eau, atteinte à la biodiversité …
Si les signaux d’alerte clignotent, ils rencontrent une incrédulité générale. Comme si le caractère irréversible de ces ruptures de seuil échappait à l’entendement commun et à la lecture des responsables politiques. L’idéologie productiviste en est la cause : indifférence à la nature, hégémonie de l’économique sur toute autre considération, fut-elle environnementale, sociale ou bien sûr politique, dimension démiurgique de la technologie. Toutes les négociations environnementales, le plus souvent basées sur de faux espoirs et les ambigüités perverses, que ce soit sur le climat à la suite du protocole de Kyoto ou sur la biodiversité, semblent détournées dans le sens des intérêts du marché et des sociétés industrielles. L’atmosphère et les ressources naturelles sont réifiées, et la défense de l’intégrité environnementale doit sans cesse être arrachée à l’emprise des rationalités marchandes. Le développement durable, à force d’équivoques prêtant à récupération, joue le rôle de supplément d’âme à une croissance économique insoutenable sur le plan écologique. Les recommandations issues des sommets et colloques internationaux sont restées lettres mortes. Elles font offices de documents d’archives. Mais la menace environnementale poursuit elle, son parcours et se hâte à rallier sa destination. Ni les recommandations de Cop 21 ni l’accord de Paris ni le protocole de Cartagena ni l’accord de Katowice ni les alertes de l’Onu n’ont, jusqu’à l’heure, valeur de thérapie. L’humanité toute entière subit, impuissante, les désastres environnementaux provoqués par le réchauffement climatique. Le dernier rapport sur la biodiversité est alarmant et suscite de grands débats au sein de la communauté scientifique. Plus d’un milliards d’espèces animaux sont menacés de disparition à l’horizon 2050.
Déjà l’apocalypse ?
Tout le monde voit le danger mais évite de faire ce qui revient de droit. Comme le cri de cœur du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres qui a prononcé un discours particulièrement alarmiste autour de la question climatique. « Nous sommes confrontés à une menace existentielle directe. Le changement climatique est la question déterminante de notre époque – et nous sommes à un moment décisif. Le changement climatique évolue plus vite que nous et sa rapidité a provoqué un séisme à travers le monde », dit-il. L’échéance est proche. « D’ici 2020, (Nous y sommes, NDLR), nous risquons de manquer le moment où nous pouvons éviter un changement climatique incontrôlé, avec des conséquences désastreuses pour les humains et tous les systèmes naturels qui nous soutiennent », annonce comme une prophétie, ce haut fonctionnaire de l’ONU. Et à l’Organisation Météorologique Mondiale, de certifier le drame environnemental qui se pointe à l’horizon. « Au cours des deux dernières décennies, 18 des années les plus chaudes depuis 1850 ont été enregistrées et cette année s’annonce comme la quatrième plus chaude. Les vagues de chaleur extrêmes, les incendies, les tempêtes et les inondations laissent une trace de mort et de dévastation. » La volonté des 197 Etats engagés dans l’accord de Paris au sujet de la limitation la hausse des températures mondiales à 2°C, laisse un goût d’inachevé en ce qui concerne l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Les défis que servira à relever le fonds vert échappent au contrôle des dirigeants. Peut-on déjà conclure que la terre regrette son hospitalité après tant d’années de service rendu à l’humanité ? Seul le comportement de tout un chacun de nous déterminera l’issue finale du combat.