Ministre des sports du Bénin entre juin 2007 et octobre 2008, Ganiou Soglo revient sur les raisons des successifs insuccès de l’équipe nationale de football du Bénin dans les phases éliminatoires des Can (2021 et 2023). Passionné du sport en général et du football en particulier, l’ancien Président des requins de l’Atlantique ( club de football du Bénin,ndlr), remet une couche sur la récente élimination des guépards en Mozambique. Selon lui, pour remonter la pente, l’état, en plus d’injecter des sous dans cette discipline, doit revoir sa copie en jouant « un rôle plus actif en œuvrant à améliorer la formation des jeunes talents ».
Ce manque de stratégie pour donner un coup de pouce à ce qui se fait déjà, s’ajoute à une inaction du bras opérationnel qu’est la FBF. L’ancien député met « le doigt sur une blessure » : l’absence de « cahier de charges beaucoup plus stricte et en adéquation avec la nouvelle donne »
C’est dans une tribune intitulée : « ADIEU ABIDJAN 2024, LE FOOTBALL BENINOIS EN QUETE DE RENOUVEAU » que l’ancien député consigne ses approches de solutions pour un retour à la Can après 2004, 2008, 2010 et 2019.
Lire ci-dessous l’intégralité de la tribune
Le 7 juillet 2019, les Ecureuils du Bénin défiaient les Lions de l’Atlas au stade Al-Salam du Caire pour une place en quart de finale de la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de foot. Le Maroc d’Hervé RENARD est tenu en échec à la mi-temps. Le score était de 0-0, quant à la 53ème minute, Moïse Adilehou a inscrit le but de l’espoir, propulsant le Bénin en tête grâce à un magnifique plat du pied droit sur un corner de Cèbio Soukou. Malheureusement, le Maroc a égalisé en fin de match. Mais le Bénin héroïque a résisté courageusement pendant les prolongations et ont triomphé lors de la séance de tirs au but.
Ce fut la Liesse populaire dans tout le Bénin. On se souvient encore des malheureux cas d’accidents engendrés par ce débordement de joie dans Cotonou. Les clivages sociaux et politiques ont disparu le temps d’un match, un moment de communion et d’allégresse pour faire un Bénin uni et grand.
Après trois participations à la phase finale de la CAN (2004, 2008 et 2010), le Onze national a fait un grand pas dans la compétition, fait rêver le peuple avant de se faire éliminer, en quart de finale par d’autres Lions, les Lions de Teranga du Sénégal. Que de beaux souvenirs qui amènent encore à rendre un vibrant hommage aux artisans de cette épopée.
Et voilà le Bénin qui après avoir raté l’édition de 2021, sera de nouveau absent à Abidjan en 2024. Les Ecureuils …oups ! les Guépards (nouveau nom de l’équipe nationale) n’ont pas pu combler les attentes. Qu’est ce qui n’a pas marché ? L’Etat a-t-il joué sa totale partition ? La Fédération béninoise de football a-t-elle failli ? Le staff d’encadrement et les joueurs étaient-ils au niveau ? Quelles sont les leviers à actionner pour être à la CAN 2027 et la Coupe du monde 2026 ?
Pour ma part, je m’autorise à quelques suggestions. Pour retrouver le chemin de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations et poursuivre son ascension, le Bénin doit se pencher sur plusieurs aspects essentiels. Tout d’abord, l’État doit jouer un rôle plus actif en œuvrant à améliorer la formation des jeunes talents (détection, école des jeunes, le sport à l’école, les centre de formation etc..) et des acteurs (dirigeants, entraineurs, arbitres…) du monde du football.
Puis mettre l’accent sur les infrastructures, Il faut de nos jours de vrais stades à taille humaine et modernes afin que notre pays soit apte à organiser des évènements d’envergure régionale et internationale. Cela contribuera à la vulgarisation et la promotion du sport roi dans le seul but de renforcer l’engouement pour le football au Bénin.
Enfin, le championnat national doit offrir une plateforme pour les joueurs locaux et rendre le championnat beaucoup plus compétitif et attractif. Pour ce faire, il faut un cahier de charge beaucoup plus stricte et en adéquation avec la nouvelle donne de la part des autorités.
Tout le secret est là.
Que faut-il comprendre ? Le sport en Afrique c’est 0.5% dans le PIB mondial alors que les USA et l’Europe cumulent autours de 5%. Or en 2050, un jeune sur trois sera Africains, 1 milliard 500 million de jeunes africains aura moins de 25 ans sur le continent. L’économie du sport est en plein essor et l’Afrique regorge de potentiel inexploité.
Quelle est notre part ?
Le Sénégal aujourd’hui c’est 258 millions dans les infrastructures, pour la Kigali – Aréna au Rwanda c’est 104 millions de dollars, la NBA League en Afrique c’est 1 milliard de dollars. Force est de constater qu’il y a un accroissement grandissant de l’intérêt de l’économie du sport pour l’Afrique. Un expert africain M. W. MBIEKOP nous rappelle justement que 16 millions de jeunes arrivent sur le marché du travail chaque année en Afrique. A un moment vos ressources ne suffiront plus. Il faut faire preuve de créativité et d’audace.
A quelques heures du lancement des assises sur la croissance démographique, je reste fermement opposé à l’option prise par nos autorités, même si j’entends les arguments évoqués et qui tiennent la route. Je reste persuadé que pour le Bénin, le problème doit être une opportunité. Nous devons remettre le Bénin au travail pour une prospérité partagée. Le verre peut être vu à moitié plein.
L’essor du football et du sport en général peuvent constituer un véritable levier de développement de notre pays.
Quel est votre avis sur la question?
Ganiou Soglo