Le quinquennat du président Talon tire progressivement vers sa fin. Et même si le locataire de la Marina n’a pas encore clarifié sa position sur sa candidature, les spéculations vont bon train. Et certaines analyses laissent croire que le chef de l’État va briguer un second mandat, au détriment de sa parole donnée.
Les réformes politiques controversées font partie du bilan du président Patrice Talon. Si pour certains, elles ont permis de nettoyer les écuries d’Augias, d’autres n’y voient qu’un outil d’instrumentalisation et d’exclusion. Une réforme diversement appréciée et qui a déjà fait ses preuves avec les élections législatives de 2019 et les communales de 2020. A l’orée de la présidentielle de 2021, la grande question que se posent les observateurs, est de savoir si cette élection sera inclusive ou non, l’opposition n’ayant pas l’assurance des parrainages nécessaires.
Mais si tous les regards sont presque tournés vers l’inclusivité de la présidentielle, les observateurs les plus avertis se demandent sous quelle bannière le président Talon sera porté candidat au cas où il déciderait de briguer un second mandat. Il est certes vrai que la loi ne contraint pas expressément les candidats à la présidentielle de porter l’étendard d’une formation politique. Mais l’esprit de la réforme du système partisan, est de faire en sorte que les futurs présidents du Bénin soient issus d’un parti politique, contrairement à ce qui a été observé depuis 1990. Et Patrice Talon, qui est l’essence même de la réforme, est tenu d’être le modèle de sa réussite.
Talon dans l’embarras
Le chef l’État, soutenu par deux grands partis politiques, notamment le Bloc Républicain et l’Union Progressiste, n’a jusque-là, officiellement, pas prêté allégeance à aucune de ces formations. Et c’est bien ce qui pourrait être le goulot d’étranglement de sa probable candidature. Le Bloc Républicain et l’Union Progressiste vus souvent par les opposants au pouvoir en place comme les frères jumeaux du père Patrice, se voient, chacun, l’enfant légitime dont le père devrait porter l’étendard à la présidentielle de 2021. Et les va-et-vient du chef de l’État entre les deux formations politiques en août 2020, en disent long. Tout se passe comme dans un foyer polygame. Mais là où le bât blesse dans ce cas de figure, c’est que les réalités du monde politique diffèrent toujours des autres domaines. Dans cet univers, les frustrations peuvent faire payer cash. Il arrive parfois sur le continent, de voir un ancien collaborateur du président en exercice lui arracher le pouvoir par la voie des urnes bien évidemment après les frustrations.
Et le président Talon, souvent qualifié par ses laudateurs, d’avoir toujours une longueur d’avance sur l’ensemble de la classe politique béninoise, semble être dans l’embarras. Le Bloc républicain et l’Union progressiste, bien qu’ils soient traités de frères siamois, se livrent une guerre fratricide sur le terrain politique. Chacun se voulant être le plus grand parti national, n’a que pour objectif, la conquête du pouvoir d’État avec Talon ou pas.
La réponse à l’épineuse question de l’appartenance politique du président Talon pourrait être la toute première source de dislocation de la mouvance à la présidentielle prochaine. Toutefois, le duo présidentiel instauré par la constitution pourrait également être un compromis qui peut apaiser les esprits.