Le journaliste d’investigation vient de séjourner 6 mois à la maison d’arrêt de Cotonou. 6 mois au cours desquels ses proches, confrères et les organisations de défense des droits de l’homme n’ont cessé de mettre la pression sur les autorités béninoises pour réclamer la libération du jeune journaliste. Ces pressions ont-elles porté des fruits ? Difficile de répondre à cette interrogation. L’essentiel et le plus important à retenir aujourd’hui est que Ignace Sossou dormira auprès de sa famille qu’il a dû laisser depuis fin décembre 2019.
Libéré après 16 heures et demi heure locale ce 24 juin 2020, il a livré ses premières impressions aux micros des confrères journalistes présents à sa sortie de la prison de Cotonou. « Mon état d’esprit est l’état d’esprit de quelqu’un qui vient de passer 6 mois de prison. Un prisonnier est un prisonnier. La prison c’est pas une palace, j’ai essayé de m’adapter.(…) Je suis heureux de retrouver ma famille mes proches… » a déclaré Ignace Sossou qui se porte plutôt bien physiquement. Mais devra certainement suivre des analyses pour être fixé sur son bon état de santé.
Une libération qui suscite la réaction des organismes internationaux
Amnesty international Bénin l’un des principaux organes dans cette bataille de libération du journaliste se réjouit. « #Benin Le journaliste Ignace Sossou vient de sortir de la maison d’arrêt de Cotonou ce mercredi après plus de 180 jours en détention arbitraire. À l’heure de sa sortie, nous lui témoignons tout notre soutien et rappelons que le journalisme n’est pas un crime. Presse Libre » peut-on lire sur la page Facebook de l’organisation béninoise, accompagné d’un commentaire de son président Fidèle Kikan « Encore une autre victime dont la faiblesse défie la surpuissance du fort. Tout finit par finir Ignace Sossou n’aurait jamais dû passer une seconde en privation de sa liberté. Le journalisme n’est pas un crime ».
CFI qui avait organisé l’atelier au cours duquel les propos du procureur Mario Metonou ont été rapportés par Ignace Sossou a aussi réagi peu après sa libération. « Ignace Sossou a enfin recouvré sa liberté aujourd’hui, au terme de six mois de détention qui ont suscité l’indignation. CFI lui réitère son soutien et appelle à un débat urgent entre organisations représentatives des médias et autorités de régulation, autour des nouveaux enjeux de la liberté d’informer…Ignace Sossou n’avait fait que son métier de journaliste en reprenant les déclarations du procureur, sans avoir aucunement détourné le sens des propos exprimés » peut-on lire dans le message de l’institution qui s’est encore une fois dédouanée. « A cet égard, CFI rappelle avoir fait parvenir le 16 janvier 2020 un courrier officiel au ministre de la Justice du Bénin, appelant à sa libération. Ce courrier a été versé au dossier lors de la procédure d’appel.
CFI a conscience qu’un dysfonctionnement interne, caractérisé par un premier courrier envoyé aux autorités béninoises sans suivre les voies de validation de l’agence et en total décalage avec ses principes déontologiques, a été instrumentalisé dans la procédure qui a conduit Ignace en prison » justifie CFI. Son Directeur général adjoint affiche la détermination de l’organisme « Nous pensons à Ignace Sossou en ce jour où il retrouve enfin la liberté au terme de six mois de détention éprouvants. Cet épisode choquant et douloureux renforce la détermination de CFI et son engagement en faveur de la liberté d’expression et de la liberté de la presse… nous déplorons en outre qu’Ignace Sossou n’ait pas été relaxé en appel. Nous sommes solidaires du combat qu’il entend mener pour être pleinement rétabli dans ses droits. L’emprisonnement abusif dont il a été victime souligne l’urgence de mener une réflexion d’ensemble sur les conditions d’exercice du métier de journaliste dans la sous-région, afin que ce qui est arrivé à Ignace puisse servir à la communauté des médias » a fait savoir Alan Dréanic.
Ignace Sossou avait été condamné à 18 mois de prison ferme en décembre 2019. Il était accusé de « cyber harcèlement » sur la personne du procureur de la République Mario Metonou. Ses avocats ont fait appel de cette décision avant que le journaliste ne bénéficie d’une réduction de peine lors du procès au second degré. Il sera alors condamné à 12 mois de prison dont 6 ferme. En mai où le procès se tenait, Ignace avait déjà épuisé 5 mois d’incarcération. Il sort libre un peu plus d’un mois après un procès qui ne devrait plus jamais avoir lieu au Bénin. La place du journaliste n’est pas en prison.