Depuis ce texte sur sa page facebook, Angela est plus célèbre que toute l’ascension que lui a apportée sa formidable carrière de communicante en santé publique entamée il y a plusieurs dizaines d’année. Preuve de la gravité, de la profondeur du mal qu’elle indexe. Un mal, finalement connu et couvert par tous. Face à la connivence et la complicité générale, Angela a fait son choix. Un coup bien préparé, bien administré et ça a fait mouche. Au vu des témoignages qui se succèdent les uns plus précis que d’autres. Certains plus détaillés en indices que d’autres. Au point où un responsable des plus importants d’un média s’est vu dans l’obligation de répondre et d’en appeler à l’action du procureur.
Harcèlement, l’affaire de toute la presse béninoise
Le problème et sa gravité sont au-delà de l’office de radiodiffusion et télévision béninoise visé au départ. C’est toute la presse finalement sous le viseur du ‘’me too béninois’’. De la presse privée à la presse universitaire des histoires, révélations et témoignages nous dessinent une presse telle qu’elle n’a jamais été décrite.
Les dysfonctionnements des systèmes, les connivences et collusions politiques sont des huiles dont la perversité s’enduit
Si le mal est bien connu et jusqu’ici aussi toléré, c’est qu’il y a des raisons solides à son enracinement. La perversité s’enduit forcément des dysfonctionnements des systèmes, des connivences et collusions politiques. Et dans ce cas précis le premier dysfonctionnement est la culture de la médiocrité et la floraison des raccourcis. Demandez aux jeunes béninois depuis quand ils ont entendu parler de recrutement dans cet office béninois de radiodiffusion et de télévision, pareil pour d’autres structures étatiques. Beaucoup de la génération 2000 pourtant adultes aujourd’hui vous diront jamais. Certains tenteront vaguement de vous remémorer quelques rares souvenirs. La presse privée prenant le pli d’un manque de culture de performance a aussi creusé les nombreuses tranchées dans lesquelles se nichent les harceleurs. Seul remède pour leur en extirper, c’est élever le goût, l’attachement à l’excellence.
Quand une presse se dresse unanimement contre les valeurs, les compétences, du public au privé développant une évidente aversion pour l’émulation de la créativité, les raccourcis de parcours deviennent règles du jeu. Ces raccourcis prônés aux yeux et à la barbe de tous, avec même la bénédiction de certains haut placés, voilà ce qu’il faut changer. Barrer la voie au placement de cousins et de filles potentiels uniquement physiques et parfois aux potentialités essentiellement liées à la générosité qui rend agréable certains dessous des climatisations élevées des bureaux. La connivence politique les collusions qui entourent les mécanismes de recrutement et cette perte du nord en terme talent voilà ce qui dans l’ensemble doit être débattu.
Harcèlement, obligation d’un débat large et sans passion
Et l’erreur, c’est de feindre en ne parlant que des médias. Dans nos administrations les chefs et sous chefs sont là, sculptant les saisons à l’attente des dotations nouvelles en stagiaires filles. Ces proies si faciles qui ne rêvent que d’ascension au point d’être prêtes à toute position derrière le bureau du chef. Pourra-t-on oublier au CNHU et ailleurs ce régime de recrutement d’agents occasionnels ? Des aides-soignantes recrutées pour six mois et qui, pour garder leur chance de renouvellement sont obligées de céder. Là encore, tout se joue derrière les bureaux des petits et grands chefs qui s’oublie dans leur humanité pour arborer la tunique du Dieu capable de donner de chance après juste un coup de rein précipitamment consommé. Oublier ? Non. Impossible de consommer et oublier. Oublier ? Non. Impossible d’oublier nos universités, écoles et collèges aussi où les notes sont bien souvent sexuellement transmissibles. En gros notre société a en ce moment une chance de faire le débat. Sérieux débat avec une grande place à accorder aux historiens, aux sociologues et psychologues pour donner plus de chance à un retour des valeurs et de la honte dans les esprits. En attendant, il faut désinfecter les abords de ces bureaux. Ils sont les témoins silencieux des spectacles dont des prétendus demi-dieux sont des acteurs pornographiques. Témoin d’une honte qui entache tout de notre estime collectif.