Imaginer le football béninois sans les mythiques clubs Dragons FC, Requins, Buffles. Impensable il y a quelques mois, pourtant on n’en est plus loin. Dans ce vent des réformes qui remettent tout à plat, le risque de voir ces géants manquer de souffle ou même disparaitre est plus que d’actualité. Leur mutation en société s’annonce improbable.
Depuis la dernière assemblée générale de la Fédération béninoise de football, le ton est donné. L’environnement du sport roi béninois s’attend à plusieurs changements, notamment le débarquement de géants financiers et industriels. Les clubs existants doivent se constituer où se muer en entreprises sportives. Un peu moins d’un mois après l’annonce de cet impératif de transformation, Dragons FC de Porto-Novo, Requins FC de Cotonou, Buffles FC de Parakou, Tonnerre de Bohicon, Panthères FC de Djougou, Béké FC de Bembéréké restent sans suite pour l’instant dans cette procédure obligée de mutation. Ils se mettent tout de même aux pas imposés.
Par contre, les clubs individuels comme Soleil FC, ESAE FC tous de Cotonou, Tanéka FC, UPI ONM ou encore USS Kraké se convertissent vite en entreprises sportives. Leur manège échappe à la curiosité du monde sportif avec des détails des deals entre entreprises et anciens propriétaires. De quoi raviver les curiosités et les interrogations sur le devenir des clubs identitaires. Ces clubs qui recèlent en eux et dans leur passé un peu de mythes dont aura forcément besoin le football de demain.
Clubs identitaires, mutations improbables
L’atmosphère et l’environnement des clubs béninois, des clubs identitaires en particulier, on le sait, sont insoutenables. Ces clubs régionaux ont une chaleur due à l’implication directe des supporters ou la communauté qui rend leur gestion exigeante, mais aussi explosive. Certains d’entre eux sont tombés dans le patrimoine des communes avec un cadre administratif flou ou presqu’inexistant. Au fil de l’histoire du football béninois, les mécènes qui s’y sont frottés s’y sont piqués.
Cette réalité intenable des clubs populaires, identitaires, mais difficilement gérables, a fini par aiguiser l’envie chez les mécènes et autres investisseurs de se débarrasser des géants pour créer des clubs individuels. Telle est la raison de l’apparition récente d’une floraison de clubs tenus par des individus.
Cette même réalité semble barrer la voie aux sociétés dans leurs envies de s’adjuger les grands clubs. Avrankou Omnisports et ses »fous » de supporters auraient sans doute voulu avoir une entreprise qui se positionne, mais hélas. Il faudra trouver l’alchimie entre l’ancienne organisation et les nouvelles exigences qu’impose la professionnalisation prônée par le ministre Oswald Homeky.
Sans une solution miracle et une capacité d’adaptation de ces clubs que les Béninois savent plus populaires, le championnat à venir, la ligue pro, va sonner le glas de la fin de course des clubs historiques rien qu’à voir l’allure à laquelle les changements de noms de clubs se font. Mais structurellement, il est quasi impossible d’enlever de l’esprit des socios de Dragons, Tonnerre, Requins, Buffles, Panthères, que leur club ne leur appartient plus. Tout aussi difficile pour eux de consentir à la disparition programmée de ces clubs qui plus que tous les autres drainent plus de monde au stade.