L’émission hebdomadaire » 90 minutes pour convaincre » de la radio nationale du dimanche 28 juin 2020 a porté sur l’électrification rurale au Bénin. Le Directeur général de l’Agence béninoise d’électrification rurale et de maîtrise d’énergie (Aberme), Jean-Francis Tchékpo a fait le point global des réalisations les quatre dernières années et les actions en perspective pour sortir les localités reculées de l’obscurité, avec un point d’honneur au décret fixant les normes minimales de performance énergétique au Bénin qui prend effet à compter du 30 juin 2020.
L’Agence Béninoise d’électrification rurale et de maîtrise d’énergie (Aberme) s’engage dans une nouvelle dynamique de gouvernance. Ce n’est pas le Directeur général, Jean Francis Tchékpo qui dira le contraire. Lui qui a donné de plus amples détails sur les réalisations opérées ces quatre dernières années, sous l’impulsion des réformes engagées à tous les niveaux de l’administration. Cette structure qui a pour mission essentielle la mise en œuvre la politique de l’Etat dans les domaines de l’électrification rurale et de la maîtrise d’énergie, enchaine les belles performances ceci, grâce aux actions courageuses conduites avec dextérité par l’actuelle équipe dirigeante, à sa tête, Jean Francis Tchékpo. En effet, l’ambition du gouvernement béninois en matière d’électrification rurale et traduite dans le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) fait son petit bonhomme de chemin. Il fallait suivre l’émission dominicale » 90 minutes pour convaincre » pour s’en convaincre. D’avril 2016 à 2019, soit après trois ans, le taux d’accroissement en matière d’électrification rurale a doublé, passant de 2,4% à 4,52%. Selon les chiffres avancés par le Dg/Aberme, Jean-Francis Tchèkpo, 163 localités ont été raccordées au réseau conventionnel au cours de la même période contre 135 localités entre 2010 et 2015. Ainsi, plus de 31 600 ménages ont été touchés, soit 209.000 personnes en 3 ans contre 159.500 en 5 ans. Aussi, le taux de couverture en milieu rural est en nette progression depuis quatre ans. Il est passé de 32,50% en 2015 à 37,56% en 2019. Des statistiques qui crèvent l’œil et conforte l’Aberme dans son crédo d’impacter plus de localités avec moins de ressources. Pour le Dg/Aberme, les 3 francs de kilowattheure qui servent de charges et fonctionnement ne suffisent pas pour servir toutes les localités en un temps record. Il fallait voir du côté des bailleurs de fonds et investisseurs privés. Une option qui se révèle concluante, vu les nombreuses réalisations et celles en cours. Grâce aux partenaires au développement, notamment l’appui de la Banque Africaine de Développement (BAD) et de la Banque d’Investissement et de Développement de la Cédéao (BIDC), c’est 309 localités qui sont en train d’être électrifiées à raison de 233 localités rurales et 76 localités péri-urbaines, pour un montant global de 56,805 milliards de francs CFA. Le projet, dans sa phase pilote consiste à poser 6331 lampadaires efficaces LED pour l’éclairage public en vue de réduire la consommation d’énergie sur le réseau de la SBEE. 48 000 nouveaux ménages devront être raccordés à un coût promotionnel de 50.000 ou 90.000 F au lieu de 180.000 franc, avec possibilité d’échelonnement du paiement sur trois mois. Au terme du projet, le taux d’accès à l’énergie en milieu rural connaîtra une croissance de 5,80% et le taux de desserte de 13,89%. Autre chose, grâce au Fonds Vert mis en place par le second Compact du Millennium Challenge Account (MCA), des promoteurs privés s’illustrent également sur le terrain sur la base d’un contrat sur le système de pré-payement. A ce niveau, c’est 128 localités qui ont été électrifiées par le biais de central solaire et photovoltaïque. Aussi, que ce soit les branchements conventionnels à coup réduit ou hors réseau, la nouvelle politique énergétique conduite par l’Aberme transforme les localités reculées du Bénin qui sortent de l’obscurité.
D’autres actions en perspectives concernent l’étude d’APD pour l’électrification de 500 nouvelles localités rurales et une autre étude pour la densification du réseau dans plus de 200 localités péri-urbaines. Le défi est de contribuer ainsi à l’atteinte des objectifs du PAG. « Notre objectif est d’aller très vite pour que d’ici 2025, nous puissions parvenir à couvrir la totalité de nos localités rurales », rassure le Dg Jean-Francis Tchèkpo qui salue la volonté politique du chef de l’Etat d’offrir de l’électricité à tous les Béninois. Aujourd’hui, toutes les 77 communes sont couvertes par les réalisations de l’Aberme. Du Nord au sud et de l’est à l’ouest, l’électrification rurale est une réalité perceptible. Sous le gouvernement de la Rupture, le projet a connu une intensification. Les populations conjuguent désormais l’obscurité au passé pour avoir accès à l’électricité grâce à la volonté du gouvernement par la mise en œuvre effective du volet accès aux services sociaux de base du PAG.
De nouveaux paradigmes en matière de maîtrise d’énergie
Contrairement à la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE) qui est une structure commerciale, l’Aberme est chargée de réaliser pour le compte de l’Etat en matière d’ouvrage délégué, les ouvrages d’électrification par raccordement aux réseaux pour les localités situées non loin du réseau électrique conventionnel de la SBEE, de recruter et d’accompagner les promoteurs privés pour la réalisation des ouvrages d’électrification hors réseau pour les localités beaucoup plus éloignées du réseau électrique et également d’apporter des appuis technico-financiers aux promoteurs privés et aux communautés locales pour la réalisation des installations électriques hors réseau. C’est dans ce cadre que le décret fixant les normes minimales de performance énergétique au Bénin a été pris et dont l’Aberme aura la lourde responsabilité d’œuvrer à son application sur le terrain. En effet, conscient des dommages que créent les matériels et équipements électriques énergivores aux populations, le gouvernement béninois a décidé d’inverser la tendance. Le présent décret qui entre en vigueur le mardi 30 juin 2020, fixe les normes minimales de performance énergétique et le système d’étiquetage énergétique des lampes et climatiseurs individuels. Il s’agit de réguler l’économie sur la consommation d’énergie. Dès lors, les importateurs d’équipements non réglementaires y compris les distributeurs doivent vider leurs stocks. Pour Jean-Francis Tchèkpo, ces opérateurs économiques qui ont été suffisamment sensibilisés sur le décret disposent encore d’une période d’un an pour se conformer à la réglementation en vigueur. Ceci ne sous entend pas une prorogation de délai, mais plutôt une démarche responsable pour aider cette communauté économique à renouveler leur stock ceci, pour le bien des consommateurs d’énergie. « On ne proroge pas le délai. Le décret entre en vigueur le 30 juin, mais nous allons observer une période d’un an où il n’y aura pas de pénalité à l’endroit des importateurs. On va laisser la liberté à ces importateurs de se débarrasser de ces équipements, d’aller vers les laboratoires de tests pour tester leurs équipements qui étaient en stock pour se rendre compte de sa conformité aux normes et par la suite prendre les dispositions qui permettraient d’écouler ou de débarrasser leur magasin de ces équipements », a-t-il fait savoir. L’objectif visé par ce décret étant l’assainissement du secteur énergétique à travers l’accès à la population d’équipements efficaces, qui permettent de faire des économies sur la consommation d’électricité. Le Dg Aberme reste convaincu que ces opérateurs économiques parviendront à trouver un terrain d’entente avec leurs différents fournisseurs. « Tout dépend du contrat qu’ils ont avec leurs fournisseurs. Il y a des éléments qu’on peut récupérer dans les lampes aujourd’hui pour faire des lampes efficaces. Donc, on peut faire des récupérations d’une partie, changer l’électronique qu’il y a à l’intérieur, mais maintenir l’ensemble de la partie physique de manière à ne pas tout perdre », a-t-il rassuré. Il n’a pas manqué de rappeler que tous les acteurs intervenant sur la chaîne d’approvisionnement à savoir les associations de consommateurs, les distributeurs, les importateurs, les laboratoires de tests à l’Ecole polytechnique d’Abomey-Calavi (Epac) et l’Agence nationale de la métrologie (Anm) ont été associés à cette réforme qui s’impose au regard des nuisances faîtes aux consommateurs finaux.
Éclairage public
Un autre sujet très important abordé au cours de l’émission concerne l’éclairage public. Le constat fait à ce niveau est que les communes qui avaient prérogatives de réaliser ces infrastructures au profit des populations ont lamentablement échoué. Il fallait définir une nouvelle approche. Aujourd’hui, l’Aberme se voit attribuer ce nouveau défi. Le Dg Jean-Francis Tchèkpo reste convaincu que les recommandations issues de la table ronde convoquée à ce sujet et qui a réuni les 77 communes connaîtront une suite favorable. Il appelle les populations qui n’ont pas encore bénéficié des réalisations de l’Aberme à garder leur patience, puisqu’il y a un vaste projet en cours qui prend en compte environ 309 localités.
De l’Aberme et de ses missions
L’ABERME est une structure d’Etat sous tutelle du ministère des Infrastructures et des Transports créée en 2004 et qui a pour mission de mettre en œuvre la politique de l’Etat dans les domaines de l’électrification rurale et de la maîtrise d’énergie.
A cet effet, elle est chargée :
- de faire les études stratégiques, d’élaborer les programmes nationaux et régionaux de développement, de coordonner et de suivre leur mise en œuvre ;
- de réaliser les projets pilotes de démonstration ;
- d’appuyer le montage de projets par divers acteurs à travers la stimulation de l’initiative locale, l’assistance technique, et la prestation de services divers ;
- de proposer les mesures d’incitation et d’encouragement susceptibles d’aider à la promotion de la maîtrise de l’énergie et de l’investissement privé dans l’électrification rurale ;
- d’instruire les projets d’investissement sollicitant le bénéfice des mesures d’encouragement visant la promotion de l’électrification rurale et de la maîtrise de l’énergie ;
- de contribuer au développement et au renforcement du secteur privé national dans les domaines de l’offre de services techniques et de fourniture d’équipements nécessités par l’élaboration et la réalisation des programmes d’électrification rurale et de maîtrise d’énergie ;
- de contribuer à la recherche et au développement de solutions technologiques novatrices et à moindres coûts.