Face à la diaspora béninoise en visioconférence (fin de semaine écoulée) et à ses compatriotes de Cotonou, le professeur Frédéric Joël Aïvo qui s’annonce à grands pas dans la course à la présidentielle de 2021, a déclaré sa flamme pour le géant voisin de l’est que le Bénin devrait avoir pour premier partenaire économique et commercial . Les raisons qui plaident pour ce choix sont multiples et multiformes…
S’il y a un fait majeur qui a caractérisé les cinq ans de gestion du Président Patrice Talon, c’est le froid glacial qui prévaut dans les rapports économiques entre le Bénin et le Nigéria. Un froid qui s’est fait visible par la fermeture des frontières terrestres du voisin de l’est. Une situation qui n’a laissé personne indifférent. Encore moins Joël Aïvo qui pense que cette situation, parmi tant d’autres au plan diplomatique, fait du repositionnement du Bénin à l’international un chantier prioritaire pour le prochain chef de l’Etat. Et comme principal acte à poser sur ce chantier, le professeur titulaire de Droit public propose de faire du Nigéria le premier partenaire économique et commercial du Bénin.
Un an déjà que les frontières entre le Bénin et le Nigéria se sont « fermées» aux transactions commerciales en contradiction des protocoles de libre circulation des biens et des personnes qui lient les deux pays à la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et à l’Union Africaine (UA). Si la culture francophone et l’appartenance du Bénin à l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) constituaient deux limites aux rapports entre les deux pays, le Nigéria étant anglophone et disposant de sa propre monnaie, la CEDEAO et récemment l’Union Africaine venaient quelque peu colmater les brèches. Mais la crise actuelle entre les deux pays nécessite plus que des accords communautaires. Cette crise mérite carrément des accords bilatéraux, fondés sur des liens plus solides.
Les atouts naturels, acquis de fait.
Pour Frédéric Joël Aïvo, « nous avons la chance d’avoir à nos portes, la première puissance économique et diplomatique du continent ». Et, « le défi de notre génération est de connaître et comprendre le Nigéria» pour en tirer le maximum de profit. Levant un coin de voile sur sa pensée, le Professeur rappelle que c’est avec le Nigéria que le Bénin partage sa plus longue frontière (700 kilomètres). Du Sud au nord, les deux pays partagent la même identité culturelle. Leurs populations parlent le Goun, le Yoruba, le Nagot, le Bariba, le Haoussa et bien d’autres langues et donc une même identité culturelle. Mieux, on retrouve parfois les mêmes patronymes de part et d’autre de la frontière avec particulièrement Lagos, la ville la plus béninoise du Nigéria. Les échanges commerciaux informels sont si immuables qu’il faut en capitaliser les acquis.
A la fois pays le plus peuplé d’Afrique et première économie du continent noir, le Nigéria aspirerait tout naturellement les denrées produites au Bénin si ce dernier adapte son économie aux besoins nationaux et aux besoins du géant voisin de l’Est. Dans un passé récent, avant les réformes du régime Talon, le Bénin a répondu à une forte demande de formation supérieure venue du Nigéria, ce qui laisse entrevoir qu’une économie du savoir, adaptée à la demande nigériane peut bien prospérer au Bénin et impacter d’autres secteurs comme l’immobilier, l’agroalimentaire, les transports, les soins corporels et la mode. Plus loin dans le passé, le projet de coopération de la fin des années 1990 entre les deux pays qui a employé des enseignants du français au Nigéria laisse penser que si la formation des jeunes béninois s’adapte à l’économie du pays de Buhari, les diplômés béninois verraient leurs opportunités d’emploi démultipliées sur l’ensemble des deux pays.
En plus de ces avantages potentiels que peut tirer le Bénin de sa proximité avec le Nigéria, sa vocation de pays de transit et de services se trouverait consolidée et productive dans des accords bilatéraux équitables en matière commerciale et économique. Les investissements étrangers auxquels aspire si tant le Bénin pour son développement dans les domaines de l’agriculture et des infrastructures par exemples, pourraient bien alors venir juste d’à côté puisque « c’est un marché immense de plusieurs centaines d’habitants » auquel « nous devons nous adosser ».
Prof. Aïvo J. dans son argumentation a oublié le projet conjoint entre le Nigéria et le Bénin qui permettait aux ingénieurs agronomes formés à la Fsa de bénéficier d’un séjour scientifique accompagné de bain linguistique au Nigéria. Ce projet était d’une utilité indescriptible pour les cadres formés à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi, Bénin. Bonne chance à vous cher Professeur Aïvo J.