L’un des secteurs de l’informel qui connaît une grande animation au Bénin est sans aucun doute, le marché de la téléphonie mobile. En effet, la prolifération des points de vente de téléphones portables laisse place à une concurrence déloyale. L’absence d’une législation qui réglemente le secteur en rajoute aux difficultés des consommateurs à s’offrir des portables au prix normal et d’une durabilité acceptable. Ce qui implique la responsabilité de l’Arcep.
C’est un secret de polichinelle que le secteur de la communication s’anime abondamment. Plus qu’un luxe, le téléphone portable est devenu une nécessité, au point où les marchés d’approvisionnement de cet outil de communication s’agrandissent de jour en jour. Aussi, retrouve-t-on dans toutes les ruelles de Cotonou comme ailleurs, les boutiques de vente de portables. Selon un sondage, l’activité la plus rentable aujourd’hui se trouve être le commerce de la téléphonie mobile. Au regard de la demande très forte, tout quidam qui rêve de réaliser des bénéfices n’hésite pas à s’investir. Mais le seul hic, c’est que le secteur de la vente du téléphone portable n’est pas organisé. Pendant que certains opèrent dans la légalité, d’autres par contre défient royalement le service des impôts. En effet, leurs marchandises ne subissent jamais un contrôle douanier. Ces opérateurs économiques indélicats se comptent par milliers. Les cargaisons de portables sont introduites illégalement dans le pays sans prélèvement de taxes. Ce qui crée naturellement de nombreux manques à gagner à l’Etat. Selon les statistiques, plus d’un milliard échappe à la nation par mois. Une situation qui est à la base du laisser aller qu’on constate dans le secteur de la vente du téléphone portable. Du fait qu’il n’existe aucune législation pour réglementer le marché de la téléphonie mobile, la pagaille s’est installée. L’autre problème, c’est qu’il y a des agents douaniers qui facilitent parfois l’acheminement de ces outils sur le territoire sans qu’aucune taxe ne soit prélevée. Ce qui du coup, encourage certains opérateurs économiques à persévérer dans leurs forfaits de fraudes douanières.
Des opérateurs économiques indélicats
Il suffit d’avoir un frère aux Etats-Unis, une tante à Dubaï ou un cousin au Nigéria, etc, pour ouvrir un centre de vente de portable au Bénin. Si certaines structures ont réussi à s’imposer sur le marché pour leur crédibilité, d’autres par contre ont préféré faire de la vente du téléphone portable, une opportunité d’escroquerie. On déverse dans le pays des portables de qualité douteuse. S’en suit la vente aux enchères. Sur les étalages, on pourrait retrouver toutes sortes de marque et de génération. Nokia ; Samsung ; MBO ; Alcatel ; ZTE ; Itel, Huawei, etc. Dans le lot, rares sont les portables qui proviennent directement des usines mères. Sans aucun accord de garantie, vous êtes contraints de débourser au regard de l’urgence pour s’offrir le précieux sésame. Une fois ce bien acquis, c’est des pannes répétées. Vous devenez subitement client d’un autre groupe d’escroquerie qui se fait appeler techniciens de portables, comme s’ils ont pris part à la conception du produit, acheté à prix d’or. A qui intenter le procès ? Les besoins de communication étant pressants, c’est la ritournelle. On retourne dans ces centres de téléphone portable pour faire l’expérience d’une autre marque, dans l’espoir d’être constamment dans la communication, disons dans la tendance. En effet, la notion de double qualité met le consommateur dans une situation inconfortable. Même avec une bourse de 20.000 f cfa, le client n’a pas l’assurance d’avoir sous la main, un portable de qualité avec lequel il pourrait naviguer où s’exercer à d’autres prestations qu’offre l’Internet via les réseaux GSM. Même les échanges téléphoniques deviennent un chemin de croix, du fait des frottements des portables mis sur le marché. Les produits communément appelés « Dubaï ou made in China » envahissent le marché et ne laissent aucune chance aux consommateurs de faire une bonne opération d’achat.
Une concurrence déloyale
Un autre fait qui passe anodin, c’est la concurrence déloyale qui s’est installée dans le secteur. Le portable de même marque et sorti de la même usine que vous retrouvez peut être à 10.000 ou 20.000 f cfa sur un étalage peut avoir une valeur double chez un autre opérateur économique. D’autres par contre obtiennent des exonérations énormes depuis les usines de fabrication. Mais une fois sur le marché de vente, c’est à prix d’or qu’ils livrent leur stock. Plus grave, la plupart de ces opérateurs économiques n’ont pas reçu mandat de la part des usines de fabrication de portable pour commercialiser ces outils de communication. C’est dire que nombre d’entre eux opèrent dans l’illégalité. La notion de droit d’auteur est systématiquement mise à rude épreuve. Or, dans les autres pays, on ne se lève pas du jour au lendemain pour se proclamer opérateur GSM ou de vente de portable. C’est un parcours de combattant qui nécessite de l’endurance. Mais ce qui se passe au Bénin s’apparente à un désordre qui ne dit pas son nom. Ceci, avec le silence coupable des autorités politico-administratives.
L’ARCEP doit prendre ses responsabilités
Son rôle ne doit pas se limiter aux promoteurs des réseaux GSM. L’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (ARCEP) doit se pencher sur le dossier du marché de la téléphonie mobile. Le seul fait qu’il n’y ait pas une loi qui réglemente le secteur ouvre la voie à toutes sortes de dérives. Les populations souffrent le martyre de l’escroquerie dont elles sont victimes de la part des opérateurs économiques indélicats. La vente du téléphone portable s’opère dans un environnement indécent. C’est un secteur où on a institué le « vol » et ses corollaires. Le gouvernement a sans doute vu le danger venir. Lui qui a été intelligent en changeant la dénomination de l’ATRPT en y adjoignant les communications électroniques. C’est dire que le champ d’intervention de cette structure a été élargi. Une décision judicieuse est donc attendue pour inverser la tendance.