[Dossier] Dans le Bénin silencieux, Richard Boni Ouorou une voix

Publications Facebook sponsorisées, des écrits faisant le tour des forums WhatsApp ou repris par les médias en ligne, sa parole est devenue une voix, une figure et une vision du Bénin. Richard Boni Ouorou a réussi à se créer une sphère où depuis le Canada en Amérique du Nord, son opinion passe pour le magister dixit.

Ce vendredi 3 juillet 2020, il était en débat avec Bertin Coovi. L’un de ses compatriotes qui se réclame exilé politique et qui résiderait au Pérou après avoir eu des ennuis judiciaires en Guinée Équatoriale. Ils sont les invités de Arouna Souleymane, un autre compatriote qui anime  »Inside Africa » sur Tempo TV, une télévision panafricaine. Les 3 Béninois ont échangé via visioconférence sur les perspectives de la démocratie et de l’opposition béninoise avec un repère : les élections présidentielles de 2021.

Chez Bertin Coovi, la seule perspective c’est la révolution, le soulèvement. Richard Boni Ouorou va rester tout le long du débat (1heure 30 minutes) dans la pédagogie, les explications. Sa thèse établit une corrélation directe et inaltérable entre démocratie et développement. Et, à l’en croire, l’inquiétude est de voir le Bénin peu à peu s’en écarter. « Patrice Talon lui-même est un exemple de la force de la démocratie » lance-t-il. Un résumé presque de tout son argumentaire. Un ardent défenseur des vertus de la démocratie. Ce n’est pas un opposant qui opine. Pas non plus un exilé politique qui se déchaîne. Il y a chez Richard Boni Ouorou de l’argumentaire dont l’ossature est montée pièce par pièce sur l’irréversible devoir d’aller à la démocratie. Une obsession qui trouve sa source dans sa formation, la sociologie politique.

Richard Boni Ouorou, activisme et responsabilités politiques

En 2016, l’élection battait son plein au Bénin. Dans le staff du Général à la retraite, Robert Gbian, il était là dans les rangs, Directeur de la communication. Son air hautain en apparence, cette fierté héritée des origines princières  »yom » en faisait un élément en phase avec l’ex Général à l’époque en course pour les présidentielles. Le fils de Robert Gban et lui sont proches. Boni Yayi finissait, dans le septentrion, le terrain politique s’est dégagé. Lionel Zinsou, candidat du président sortant n’a pas la côte régionale dans le septentrion. Le cheval de Richard Boni Ouorou finira par rater le coach. Son candidat s’aligne dans ce qui va conduire au second tour à la victoire de Patrice Talon. Cette victoire à l’époque fait de lui, un homme de la mouvance, un cadre du régime. Sa position actuelle pourtant ne fait l’ombre d’aucun doute, il ne se reconnait pas dans les options du régime dans lequel son Général joue de grands rôles depuis le début.

Devenu activiste ardent publiant à succession des écrits prêchant la démocratie, c’est désormais une audience non négligeable dont la visibilité est aidée par des réseaux sociaux boostés mais surtout par un courage de prise de parole dans un Bénin où la contradiction se rétrécit. Richard Boni Ouorou est de tous les durs contre Talon, l’un de ceux qui ne dévoilent pas leurs jeux. Quelques meneurs de l’opposition motivent et inspirent la plupart des activistes. Les activistes proches de Koutché, proches de Yayi sans oublier ceux qui ont plus de penchant pour Léhady Soglo et Valentin Djènontin, les exilés parisiens, tous les activistes laissent des traces. Mais lui, ses écrits ne dégagent que pour le Bénin, un don de tout le verbe.

Le profil canadien, de l’activiste politique

Au Bénin avec l’ex Général Gbian, si Richard Boni Ouorou a été responsable à la communication lors de la campagne présidentielle de 2016, au Canada il est dans l’équipe de Justin Trudeau. Ses proches au pays disent qu’il est bien introduit dans le système, le régime canadien. Son réseau s’étendrait même jusqu’aux couloirs de l’Élysée. C’est en tout cas un activiste de luxe qui s’affiche dans ses interventions visuelles. Fort de sa différence de ton, ce membre de la « société québécoise de science politique » est incontournable. Tant parmi les rares voix qui osent s’élever, il est de ceux qui trouvent encore des arguments, des alternatives à brandir contre le régime Talon qui se fermente jour après jour dans ses options que beaucoup ne partagent plus.