Venue en tête des législatives d’avril 2019 face à son rivale le Bloc Républicain, unique parti contre qui elle était en lice, l’Union Progressiste se devrait de confirmer en grignotant d’autres territoires. A l’issue des communales dernières, le parti au baobab a étendu son emprise en remportant des sièges et des mairies dans des bastions qu’on savait appartenir à la Force Cauris pour un Bénin Emergent ou au Bloc Républicain. Dans l’Atacora, la percée a été inattendue. Une gifle aux barons jusqu’ici confortables à l’instar de l’honorable Barthélémy Kassa et son Bloc Républicain. Une victoire que le baobab doit à ses recrues. Certaines piochées juste à la dernière minute au temps fort du mercato, des débauchages et ralliements tous azimuts. C’est le cas de Kouaro Yves Chabi. Il a basculé de l’UDBN de Claudine Prudencio in extrémis. Son poids sur le résultat final au profit du parti de Bruno Amoussou est inédit.
Kouaro Yves Chabi ou la discrétion ravageuse
C’est un homme dont on a jusqu’ici très peu de traces. Jamais d’interview à la presse, pas d’interventions dans les médias sauf le dimanche 28 juin dernier où il apparait hésitant sur « Entretien du Dimanche », une émission de E-télé. Un homme presque invisible sur lequel l’Union Progressiste a misé pour contrecarrer la vague jusque-là irrésistible de Barthélémy Kassa, dans le département mais surtout dans la région de la Pendjari.
En 2019 en effet, quand l’Union Progressiste se lançait dans les législatives c’est un boulevard qui s’est dressé au Bloc Républicain dans ladite zone. L’effet Kassa et compagnie est irrésistible. Les communales elles pourtant sont toute une autre histoire. Dans toute la Pendjari, cette zone constituée de 4 communes à savoir Tanguiéta, Cobli, Toucountouna et Matéri, l’Union Progressiste rafle tout sauf Materi qui tombe dans l’escarcelle BR. Les 3 restantes sont baobab. Un triomphe identique dans presque tout l’Atacora. l’Union Progressiste, percée dans ce haut Nord, l’une des explications s’appelle Kouaro Yves Chabi. Son profil fait rêver les jeunes cadres de la région, son activisme social le rapproche de la population. De Boni Yayi à Patrice Talon, il a eu sa place. 9 ans durant, Directeur des ressources humaines au ministère de l’Enseignement Secondaire sous les deux regimes. Quant à la faveur de la réforme de l’organigramme des ministères, la DRH disparait, il se retrouve sans responsabilités. L’instant d’épurer ses congés administratifs accumulés, il sera rappelé au palais de la République. Il y est toujours et sert dans l’Unité Présidentielle de Supervision de l’éducation (UPS)
Un profil, une modestie
La politique, c’est souvent du bruit pour par grande chose dans la cervelle, surtout sous les tropiques. Chez le natif de Tanguiéta, c’est tout le contraire, un profil hors norme. Une carrière pleine d’enseignements et pourtant champion en discrétion. Kouaro Chabi, c’est une Maîtrise en Droit à l’Université d’Abomey Calavi, une Maîtrise en Administration de l’éducation au Canada et une autre Maitrise aux États-Unis. A son retour au pays, c’est par Kandi au tribunal en tant que greffier qu’il démarre sa carrière. Moins d’un an après, il va échouer dans l’administration scolaire où il gravit les échelons pour se hisser à la Direction des ressources humaines du Ministère de l’enseignement secondaire. Sur le plan social, manu militari, les jeunes le cooptent à la tête du Mouvement pour le développement de la Pendjari, sa région. Pour une association qui concentre ses actions sur les 4 communes à savoir Tanguiéta, Cobly, Tocountouna et Matéri, le mouvement pour le développement de Pendjari a réussi à avoir en son sein, des membres influents aussi résidents des autres communes de l’Atacora étendant ainsi les horizons d’influence de son président.
Kouaro Yves Chabi, la nouvelle figure politique
Dans cette zone montagneuse de l’Atacora extrême, être candidat signifie affronter un roi, un nom : Barthélémy Dahoga Kassa. C’est un risque évident, tant le poids lourd, a soulevé année après année des challenges politiques avec succès. C’est pourtant le challenge que Kouaro Yves Chabi accepte de relever en s’alliant à Bruno Amoussou au lieu de Abdoulaye Bio Tchané aux communales dernières. Dans Tanguiéta, sa commune, il a tout ravagé, Cobly, Toucountouna aussi. Seul à Matéri, commune d’origine de Barthelémy Kassa et commune maternelle de Yves que le Bloc Républcain a pu s’arracher. Kassa le gourou si confortable perd son challenge, une nouvelle figure politique est née.
Conseil communal de Tanguiéta, la fausse note
Les jeunes se sont mobilisés pour la cause de l’Union Progressiste. Ils l’ont fait misant sur Chabi pour diriger le conseil communal. Les partis ayant eu avec la relecture des textes, la main pour opérer, l’UP a fait une autre option, choisissant un autre pour diriger le conseil communal. La population a gardé cet épisode en travers de la gorge. « On va expliquer, les populations comprendront » lâche le néo progressiste.