Houngbédji a promis le samedi 19 septembre une « remontada ». Son discours d’ouverture de l’université de vacances de cette année aura été tonique, ferme contre la pensée unique. Une critique virulente pour ce membre de la mouvance. Une démarche tout de même habituelle pour Houngbédji et son parti.
A l’université de vacances 2020 Adrien Houngbédji était samedi et dimanche (19-20 septembre) face à sa longue histoire politique. Une histoire trentenaire jonchée de contradictions, de hauts mais surtout de passages à vide. Cet anniversaire s’est justement célébré cumulativement avec l’université de vacances dans un contexte symbolique du chemin tortueux des « tchoko tchoko ».
Hier encore, quand à l’aurore de la rupture, Houngbédji et les siens embarquaient avec Talon, tous les béninois devinaient que c’était incestueux comme relation. Beaucoup savaient que c’était risqué une amitié qui naît en force juste après un âpre combat entre le candidat du PRD Lionel Zinsou et Patrice Talon. Un spectaculaire retournement de veste. Mais qu’importe ! Contre tous les avertissements, Adrien Houngbédji, Président de l’Assemblé Nationale, a servi à l’aveuglette les causes d’une réforme politique qui lui tenait à cœur mais qui scellait aussi son sort pour le temps que ça durera. La suite de l’histoire tous les enfants en rient : les « tchoko tchoko » sont out pour les législatives et éliminés du partage des sièges aux communales.
L’arme de la victimisation
Adrien Houngbédji a fait dans cette université de vacances le requiem du pluralisme qui a cédé place à la pensée unique. C’est un procès virulent contre le régime. Le Parti du Renouveau Démocratique est pourtant de la plateforme solide des alliées du chef de l’État. Un but contre son camp, diront les sportifs.
Cette position « victimiste », « pleurnicharde » qui consiste à faire passer les conséquences de ses choix pour des souffrances infligées par les régimes en place, n’est pas nouvelle. Elle fait partie des méthodes et armes du PRD. Et tout le long de son existence, le parti n’a eu de cesse de ressembler à son chef vacillant entre complaintes, infidélité vis-à-vis de sa propre ligne pour souvent finir par passer au doux chantage politique face à ses partenaires. Il en a toujours ainsi été de Houngbédji et de son parti.
« Tchoko tchoko », le parti renard
En politique au Bénin, on connait les renards de Djakotomey et de Djrègbé. Hommage au Président Amoussou Bruno et à feu Professeur Albert Tévoedjrè. Mais il y a aussi un parti renard dont on ne parle pas. Le PRD est le parti qui, aujourd’hui encore, reste coloré inconstance saupoudrée d’une malice politique hors pair de son chef. Houngbédji, c’est la classe dans une intelligence jamais mise à l’épreuve. Mais en politique comme dans bien de domaines, trop d’intelligence finit par agacer. Trop de malice attise un fil, une fibre de méfiance fatale. Le passage à vide que connait le parti est dû sans nul doute à cette réalité.
Patrice Talon sait certainement que le PRD et Houngbédji sont toujours positionnés dans le dernier tournant des zigzags qui séparent l’opposition farouche à la mouvance jouissive. D’où cette distanciation entre lui et le parti trentenaire. Déjà avec Soglo, et cette image est prémonitoire, quand il revient à Houngbédji de dire s’il est candidat oui ou non face au banquier, pour qui plusieurs personnalités penchaient, sa réponse est jusqu’aujourd’hui restée floue. Davantage floue encore ses relations avec le Kérékou démocratique. A l’avènement du changement et de la refondation alors même que c’est Yayi qui l’a écarté du pouvoir en 2006, le PRD est entré dans « l’Alliance Nationale » en 2016. Ce regroupement qualifié dans le temps de « monstre à trois têtes », a été mis sur pied pour la campagne de l’ancien Premier ministre Lionel Zinsou. Une instance trop calculée pour être perçue par le peuple. Mais des zigzags qui finissent par pourrir les espérances d’un homme pour qui les Béninois ont une profonde estime. Tel aura été le destin politique de Hagbè, un destin noyé par ses liaisons dangereuses avec le pouvoir. Trente ans de vie mais aussi trente ans d’inconstance couronnée par des choix toujours incompris.