Le scrutin présidentiel est dans six semaines. Tous les yeux sont braqués sur cette échéance électorale au grand dam des plus de cinq millions d’électeurs.
Le Bénin fait face à une seconde vague de la Covid-19. « Cette deuxième vague est une réalité », insiste Ali Imorou Bachabi, secrétaire général du ministère de la santé dimanche (28.02.21) sur la radio nationale. Un peu comme pour convaincre les populations que l’urgence est à une prise de conscience individuelle et collective. En 72h, le pays a connu cinq décès, précise le site du gouvernement. A la date du vendredi (19.02.21), le pays totalise 70 décès pour plus de mille cas actifs. Selon le médecin de santé publique Ali Imorou Bachabi, le Bénin a connu un doublement de cas en trois mois. Il a fallu autant de cas en huit mois depuis le premier cas du virus le 16 mars au Bénin.
La situation reste inquiétante. « Nous enregistrons beaucoup de cas graves », s’inquiète Ali Imorou Bachabi sur la radio nationale. Encore plus inquiétante est sa prise de position sur les variants de la Covid-19. Les souches britannique, anglaise et sud-africaine sont considérées comme plus contagieuses. Il n’y a aucune raison qu’il n’y ait pas de variants britanniques au Bénin, constate le médecin.
Le gouvernement en première ligne de la riposte ?
Cette sortie médiatique du secrétaire général du ministère de la santé survient à moins de deux mois du scrutin présidentiel. Depuis quelques jours, le gouvernement multiplie les appels au respect des gestes barrières. Dans la récente publication « Attention ! Le coronavirus existe bel et bien au Bénin et tue – Preuve à l’appui », le gouvernement montre dans une vidéo tourné au centre de traitement Covid-19 d’Allada la réalité du virus. La publication remonte à six jours. Trois jours avant cette publication, une autre vidéo « Alerte coronavirus » était publiée. La veille de cette alerte, un communiqué du ministre de la santé était publié.
Que peut faire le gouvernement en dehors de la sensibilisation ? Selon le secrétaire général du ministère de la santé, Ali Imorou Bachabi, le gouvernement ne peut mettre un gendarme derrière tout le monde. Un appel donc à une prise de conscience individuelle ? Mais depuis que le Bénin est dans la fièvre électorale – il y était d’ailleurs depuis longtemps – de nombreux regroupements se forment. Les images et les vidéos sur les réseaux sociaux montrent des personnes sans masques et sans le moindre respect de la distanciation sociale. Même sur des plateaux de télévision, journalistes et leurs invités sont loin de donner le bon exemple.
Le gouvernement a levé la suspension des manifestations sportives et culturelles. Il n’est pas sûr que les mesures barrières soient strictement observées sur les stades, salles de spectacles… Le gouvernement en est bien conscient. Mais visiblement, Porto-Novo n’est pas dans une dynamique de serrer la vis, prenant ainsi des mesures drastiques pour stopper la propagation du virus.
Le Littoral et l’Atlantique les plus touchés
Pourtant, le virus circule. D’après Ali Imorou Bachabi, 80% des cas de Covid-19 sont enregistrés dans les départements du Littoral et de l’Atlantique. Viennent ensuite les départements de l’Oueme et du Borgou. Ces quatre départements concentrent généralement un grand nombre d’électeurs. Et alors que le scrutin du 11 avril approche, les regroupements vont crescendo, les contacts aussi au mépris des règles pour combattre le virus. Le secrétaire général du ministère de la santé ne conseille pas de reporter le scrutin présidentiel. Ali Imorou Bachabi propose plutôt un encadrement de la campagne électorale pour limiter la propagation du virus. Un encadrement difficile à mettre en place alors que certaines populations ne respectent rien du tout en termes de mesures barrières.
Face à des populations qui se moquent des gestes barrières, les vaccins peuvent-ils être la porte de sortie ? Le gouvernement devra déjà convaincre certaines personnes gagnées par le complotisme. Ali Imorou Bachabi annonce l’arrive pour très bientôt des vaccins de l’initiative Covax. Le gouvernement s’activerait aussi pour avoir d’autres doses, selon ce cadre du ministère de la santé. Les populations qui le désirent se feraient vacciner gratuitement. Pour l’instant, on n’a aucun calendrier. Le gouvernement n’a pas encore fixé le cap. Les rendez-vous majeurs disponibles sont ceux liés à l’élection présidentielle : le jour du scrutin et la prestation de serment. Les cas de Covid-19 auraient-ils augmenté ? Le prochain président de la République devrait prendre connaissance des chiffres. Avant son entrée en fonction, on finira bien par infectés par le manque de stratégie du gouvernement face à la seconde vague, à défaut de voir tous les onze millions de Béninois contaminés. Ce dimanche (28.02.21), le ministre porte-parole du gouvernement, Alain Orounla, était sur une chaîne de télévision privée. C’est le scrutin du 11 avril qu’il a mis le plus en avant. Le reste viendra après.