Le Bénin depuis 2016 est sans nul doute une République en harmonie avec les chiffres. Des chiffres et courbes qui réconfortent les dirigeants actuels dans ce qu’ils pensent être leur élan vers un « Bénin Révélé ». Des embellies en matière d’indicateurs se succèdent au point de mettre en boule les détracteurs du régime. Ces derniers voient dans la chansonnette des indicateurs une dictature des chiffres face à une réalité bien plus difficile. Dans tous les domaines, il y a ces chiffres qui tombent par vagues et cadences accélérées.
Le pays est, depuis un bout de temps, dans le rang des nations à revenu intermédiaire et les chiffres ne cessent de pleuvoir. Patrice Talon est dans son marigot, la compétition. Une compétition qu’il mène si bien face aux présidents qui l’ont précédé. Mais dans cette âpre compétition que le chef de l’État tient en rêve absolu, il y a une faille béante qui se dresse irréparable et qui maquille en tache noire les acquis de Patrice Talon. Cette faille a nom la liberté d’expression. La presse, si elle n’est pas muette, est d’une absence éloquente dans la contradiction. Les réflexions sont rares, les idées vendues à longueur de journées sont à la gloire de la machine exécutive et de son chef. Peu de médias font exception, des intellectuels sont aussi noyés. Sauf ceux qui constituent le think tank appelé CiAAF, Civic Academy for Africa Future. Cette fin du mois d’août, cela fait 2 ans que l’équipe brise le silence en osant opiner dans un Bénin où l’opinion semble rangée au profit des réformes qui ont force de lois mais surtout puissance de mutisme.
Le CiAAF, ce sont 12 membres fondateurs, 10 chercheurs, 22 assistants répartis dans 5 groupes de recherches. Un cadre de résistance à l’omerta. Tous les sujets y passent. La qualité de la recherche est rendue dans un langage abandonné au goût de lecture des citoyens. En deux ans donc, le think tank, dirigé par le politologue Expédit Ologou, a produit de la réflexion sur tout. Les 5 groupes de chercheurs et associés repartis dans la sous-région et un peu partout dans le monde se sont faits abondants. La gouvernance, les relations internationales, les médias, la communication, l’agriculture, l’environnement, les sciences politiques, l’économie, le numérique, la santé sont autant de disciplines où le think tank CiAAF martèle tous les jours sa présence. Dans la réflexion préventive et l’alerte, l’analyse des textes et lois engagés dans le cadre des réformes diverses, l’appréciation du fonctionnement des institutions nationales et internationales, des champs dans lesquels le groupe n’a jamais tari d’engagement.
Des productions articles et vidéos se comptent par centaines, sur le site internet du groupe, après seulement 24 mois d’existence. Une exception à comparer à l’ambiance générale dans les espaces d’opinion. Des espaces où sur les réseaux sociaux la traque des voix dissonantes est systémique. Le pays comme un désert de pensées croisées et de discussions sans insultes s’adosse finalement sur CiAAf, cet îlot de pensées encore fécondes mais surtout courageuses à toute épreuve à l’image de son président Expédit Ologou, sorti du lot des cadres de la rupture juste après quelques mois de règne à la Direction Générale du Développement des Médias (DGDM).