Nous sommes le 06 avril 2021. Un jour qui devrait avant la Constitution révisée, marqué la prestation de serment d’un nouveau Président élu. Hélas ! L’ambiance est tout autre.
A 72 heures de la fin de la campagne électorale pour la présidentielle du 11 avril selon la nouvelle constitution controversée, entre peur, courage de manifester et de battre campagne, les Béninois des quatre coins du pays sont partagés. L’appel à la résistance de l’opposition radicale à la gouvernance de Patrice Talon semble avoir pris. De Matéri à Cotonou, en passant par Parakou, Tchaourou, des manifestations suivies de casses ont été enregistrées. Des mouvements d’humeur de femmes, jeunes adolescents, de personnes âgées et même d’enfants, scandant des messages hostiles au pouvoir en place pour dénoncer la prorogation de 45 jours du premier mandat de Patrice Talon.
Si pour la mouvance c’est une rallonge à juste titre en vue de rester dans l’objectif d’alignement des élections en 2026, pour les opposants radicaux, c’est le contraire. La prorogation de 45 jours du mandat de Patrice Talon n’a pas encore reçu l’assentiment qu’il faut. De ce fait et suite à l’appel ce 05 avril, de Komi Koutché, l’ancien ministre des Finances du gouvernement de Boni Yayi, plusieurs personnes ont manifesté pour dénoncer, en plus de la prorogation, les dérives et les brimades supposées sous le règne de la rupture. Dans ces mouvements d’humeur, des édifices publics ont été ciblés. La place de l’étoile rouge à Cotonou, le pont de péage et pesage de Diho à Savè, des maisons d’autorités, une station radio à Parakou, des sièges de campagnes… La situation est tendue dans le centre et le nord du pays ( considérés comme base de l’opposition radicale), mais un peu calme dans le sud. Les forces armées en face de ces manifestants ont jusqu’à l’heure actuelle géré avec tact sans un mort ou blessé dans le rang des manifestants.
Les réseaux sociaux. Mis à contribution, les activistes de tous les bords tirent le drap de leur côté. Tandis que les uns rappellent que Talon est toujours au pouvoir, les autres informent de l’évolution des manifestants ou des exploits connus dans des contrées. Dans le même temps, des messages de paix constituent les armes et arguments d’autres.
Pendant ce temps-là, la campagne électorale bat son plein à des endroits donnés. Dans la capitale économique Cotonou, le maire de la ville, Luc Atrokpo et Oswald Homeky, ministre des sports ont exécuté des programmes de campagne. À une cinquantaine de kilomètres, dans la capitale politique, Porto-Novo, des caravanes ont chanté la gloire du pouvoir en place et appelé à la réélection de Patrice Talon. Toujours dans la capitale, le Président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, a, avec ses lieutenants, tenu des meetings politiques pour le duo Talon-Talata. Dans la commune de Lokossa (à l’ouest), le duo FCBE a tenu un meeting.
Pour le gouvernement, ce qui se passe est normal et une preuve que le Bénin est un pays démocratique. Toutefois, ces manifestations devraient s’arrêter pour la paix selon Orounla Alain, ministre de la communication et porte parole du gouvernement. C’est ainsi qu’il déclare « Aujourd’hui, sous prétexte qu’un mandat serait terminé, certains ignorants sont sortis. Et nous avons démontré que nous sommes un État démocratique. Nous n’avons pas dit que tous les Béninois sont avec la gouvernance actuelle. Quand on est en démocratie, on reconnait que nos détracteurs puissent avoir des partisans, sans doute payés et nourris pour s’agiter, et donc dans le respect des règles démocratiques, nous tolérons ces petits échauffourées mais qu’on ne doit pas laisser perdurer parce que les Béninois doivent aller voter en paix. » Par ailleurs, poursuit-il, « Je voudrais rassurer les Béninois sur le sens d’anticipation. Je voudrais rassurer tous les Béninois, sur le sens de l’anticipation et de la responsabilité de notre gouvernement qui est toujours en fonction, sur les mesures préventives et dissuasives mises en œuvre pour étouffer toutes velléités criminelles, de troubles persistant à l’ordre public dans le respect du droit des uns et des autres à ne pas être d’accord et à le manifester pacifiquement ».