Malgré les tentatives pour désamorcer la polémique liée au coût de la poubelle, le gouvernement ne parvient toujours pas à enlever de la tête des opposants notamment que le hautement social promis a du mal à passer.
C’est une affaire dont le gouvernement se serait bien passé. Patrice Talon a, à peine jeté à la poubelle les dernières heures de son premier mandat qu’il doit régler une question qui dérange : la poubelle. Ce réceptacle d’ordures doit être homologué, selon le gouvernement. Obligatoire ou non ? Les alternatives des communicants du régime n’ont pas manqué, allant de la non-obligation à acheter à la poubelle, à l’achat de poubelles pas homologuées par la société SGDS en passant par la réunion de plusieurs locataires pour débourser les 25.000 FCFA pour le précieux sésame.
Notre mannequin national
Loin de tout ce tollé médiatique sur les réseaux sociaux, Patrice Talon est impassible, imperturbable. Certainement que pour le président de la République, il n’y a pas de quoi en faire toute une histoire. C’est connu de tous : l’ancien homme d’affaires devenu président aime le beau, quitte à en mettre les moyens. Déjà dans la formation de son gouvernement lors de son premier mandat, alors que l’opinion publique s’interrogeait sur le réel salaire de ses ministres, il a balayé cette critique du revers de la main : ne demandez pas à des compétences à l’extérieur d’accepter un bas salaire rien que par patriotisme.
Patrice Talon ne supporte pas la laideur et il tient à le faire savoir. Dans son style vestimentaire, dans ce qu’il souhaite pour le pays. Il a ainsi proposé aux Béninois l’asphaltage, redimensionné le projet de la route des pêches de son prédécesseur, pas à son goût. Du coup, les sacs de jute servant de réceptacle pour les ordures ménagères ne peuvent pas agréer Patrice Talon. Le gouvernement du compétiteur né veut des poubelles homologuées, autrement dit des poubelles qui ne laissent pas voler les mouches çà et là. Le président de la République ne veut pas que les mouches exportent la présumée saleté des Béninois dont il a horreur. Quoiqu’en coûtent les poubelles homologuées, les populations des communes du Grand Nokoué devraient s’en approvisionner.
Les saigneurs de la République
Les poubelles de la polémique interviennent dans un contexte marqué par la cherté des prix des denrées alimentaires. Une cherté liée en partie à la pluviométrie, selon le gouvernement. Mais comment faire face à l’achat des poubelles homologuées alors que les poches des Béninois sont sèches ? Comment y faire face alors que le gouvernement ne semble pas disposé à revoir à la baisse le prix des poubelles homologuées ?
Le gouvernement de Patrice Talon a-t-il conscience du cri d’alarme des populations ? Le chef de la Rupture, dans sa tour d’ivoire, est très éloigné des préoccupations de son peuple. De plus, le chef de l’Etat, ancien chef d’entreprise, a toujours donné des signaux d’une gestion libérale. Bien de personnes ont ainsi douté du « hautement social » promis par le président réélu.
Pour autant, les Béninois vont devoir faire un choix : entre les poubelles homologuées et la propreté qui va avec et les poubelles non homologuées et leur lot de saleté présumée. Patrice Talon, lui, a déjà fait son choix : ses poubelles homologuées, peu importe ce que cela vous coûte. Le chef de l’Etat n’entre-t-il pas à nouveau dans l’histoire ? Pas dans une poubelle en tout cas.