L’affaire Carlos Adohouannon ressort et expose au monde, le vrai visage de l’administration financière publique béninoise. Des couloirs émaillés d’influences, pas souvent catholiques. Alors que le procès démarre, le chef de l’État et son prédécesseur « divertissent ».
4 milliards de francs CFA s’évaporent des caisses de l’État. Un scandale à peine évoqué par les autorités béninoises, encore moins par l’opposition. Après plusieurs mois de cavale, le seul nom cité dans cette évasion de billets est rattrapé à Dakar au Sénégal. Le procès se vit à Porto Novo, la capitale béninoise et dans la presse comme dans l’opinion, peu d’informations filtrent. Carlos Adohouannon est en cage, certes. Mais une affaire de 4 milliards FCFA pour un régime qui a bâti son discours sur la crédibilité et la fiabilité de son système de gestion des fonds publics, c’est un coup dur. Laisser le citoyen se faire son opinion sur cette actualité est fatal.
L’interview de Jeune Afrique, la diversion en maître
D’ordinaire, Patrice Talon et la presse, les Béninois en demandent d’abord. Les quelques sorties médiatiques ont été enregistrées après moult réclamations. Les sympathisants du chef de l’État expliquent son trop de silence par sa concentration sur l’essentiel : le développement du pays. Cette fois et sans que l’opinion n’en exprime le besoin, Jeune Afrique, le média panafricain a réussi à s’arracher une interview de celui qui n’a pas la presse pour tasse de thé. Sauf que le timing est à mettre au profit de la rupture. Elle qui s’englue dans cette affaire de 4 milliards FCFA que Dakar a permis de relancer en interpellant Carlos Adohouannon sur qui pesait un mandat d’arrêt international. Cerise sur le gâteau, la suite de cette interview est rythmée de la diatribe lancée par Boni Yayi, l’ancien chef de l’Etat contre l’actuel locataire de la Marina.
4 milliards FCFA, une si grosse affaire. L’affaire des 30 heures des pré insérés du secondaire, une si béante préoccupation qui touche à une couche socioprofessionnelle dont le devenir n’est que précarité et recommencement depuis que le réformateur s’est attaqué au secteur de l’enseignement. Préoccupation aussi capitale tant il est question de l’avenir des enfants, intrinsèquement lié à celui du pays. Tant de choses à dire, mais pour Patrice Talon, l’obsession reste le silence de Yayi et Soglo. Il le dit, assorti presque d’un avertissement. Yayi réplique. La presse a un contenu !
Les Béninois eux peuvent continuer par ployer sous le diktat des inondations à Karimama, Okpara et ailleurs dans le pays. Le trésor public ? Un autre Carlos peut y faire ses affres. On y reviendra quand Talon et Yayi finiront de s’attaquer par presse interposée. La souffrance du peuple et le développement du pays ? On en reparle dès qu’ils se seront mis d’accord sur qui est plus nuisible. Cette confrontation est la rixe de trop. Elle enlève à notre peuple ses acquis et ses atouts de démocrate. À insister, les deux, dans leurs diversions répétées, peuvent induire et ramener les populations à leur querelle. Cette querelle qui sans doute a des origines et motifs loin d’être liés aux préoccupations de chômage, de manque d’emploi et de pauvreté qui hantent la jeunesse.