La mobilisation des partisans de l’opposition vise le mandat présidentiel de Patrice Talon. La Constitution révisée a prévu un mandat qui s’achève en mai.
Le bilan de ce que l’opposition considère comme la fin du mandat de Patrice Talon ne fait pas encore de morts encore moins de blessés. Ce mardi 6 avril, l’opposition radicale à Patrice Talon a appelé à manifester sur toute l’étendue du territoire. Le bilan fait état de biens privés et publics incendiés, de pneus brûlés sur la voie publique, de routes bloquées. Dans certaines villes notamment dans le centre et le nord, favorables à l’opposition, les populations ont scandé des slogans demandant le départ de Patrice Talon, le président sortant. On signale des personnes interpellées.
Pendant ce temps, les partis en campagne électorale ont poursuivi leurs opérations de charme. Le président sortant, Patrice Talon, observait curieusement une pause ce mardi. C’était prévu, d’après son entourage relayé par les médias internationaux. Peut-être que Patrice Talon avait besoin de réfléchir à certaines questions. Mais il a surtout démontré qu’il ne se laisse pas ébranler par les manifestations en recevant ce mardi Bertin Koovi, l’un de ses opposants radicaux qui a tourné casaque. Et la présidence a communiqué sur cette rencontre au palais de la Marina sur les réseaux sociaux.
Des questions sans réponses
Le message des manifestants est très clair : ils demandent le départ de Patrice Talon. « 5 ans, c’est 5 ans », ont-ils scandé. Pour les proches du pouvoir, la Constitution révisée a validé la rallonge d’un mois et demi. C’est au nom de cette Constitution révisée que l’opposition radicale a déposé son dossier de candidature à la commission électorale nationale autonome (CENA). De facto et de jure, les opposants validaient la date du scrutin présidentiel du 11 avril et la prestation de serment en mai. L’opposition radicale a aussi constitué des duos pour déposer son dossier, conformément à la Constitution révisée dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2019.
Pour le reste, si l’opposition demande le départ de Patrice Talon, elle avance masquée sur l’après Patrice Talon. Si le président de la République démissionne, retourne-t-on à la Constitution non révisée ? Qui prend alors le pouvoir ? Sera-ce l’opposition radicale ? Avant la révision de la Constitution, c’est le président du Parlement qui assure l’intérim et il organise un scrutin dans un délai bien précis. L’opposition radicale va-t-elle accepter que Louis Vlavonou dirige le pays ? L’opposition a toujours dénoncé les législatives de 2019 à la suite desquelles Louis Vlavonou est devenu député puis président du Parlement. L’opposition veut-elle organiser une transition ? Si oui, avec qui? L’armée ? L’opposition veut-elle organiser des assises nationales, comme elle l’a toujours martelé ? Pour l’heure, c’est Patrice Talon qui détient les clés du pouvoir. On ignore jusqu’à quand, et la date de la fin des manifestations.
Talon, Soglo, Yayi, Houndété, Aïvo…
La réponse du président Patrice Talon est officiellement attendue. En ne réprimant pas les manifestations, le pouvoir semble avoir donné le mot d’ordre. En 2019, les manifestations lors des législatives avaient fait des morts. Le ministre porte-parole du gouvernement, Alain Orounla, a voulu rassurer, ce mardi 6 avril, la population « sur le sens d’anticipation et de la responsabilité du gouvernement sur les mesures préventives et dissuasives mises en œuvre pour étouffer toute velléité criminelle, toute velléité persistante à l’ordre public dans le respect du droit des uns et des autres à ne pas être d’accord et à le manifester pacifiquement ». Les prises de positions des anciens présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi ne comptent pas pour du beurre. Ils sont jusqu’à présent silencieux. Il en est de même pour le président du parti Les Démocrates et le constitutionnaliste Joël Aïvo encore moins de Sébastien Ajavon, hors du pays.
Mais d’autres opposants loin du Bénin ont appelé à ces manifestations. Loin, ils n’ont donc pas forcément la maîtrise de ce qui se passe sur le terrain. Un terrain sur lequel le Bénin avance glissant à quelques jours du scrutin présidentiel. C’est la 7ème élection depuis le renouveau démocratique et surtout la première après les 30 ans de la conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990. A l’heure actuelle, on ignore dans quelles conditions ce rendez-vous va se tenir.