Au dixième jour de son isolement forcé, le professeur d’université est convaincu que quelque chose n’est pas clair au sujet de la décision des autorités sanitaires.
Joël Aïvo est formel : « ce samedi-là, je savais que je n’étais pas positif au Coronavirus et ce, depuis le début ». Ce début-là, c’est le samedi (12.12) lorsque le professeur d’université décide de rencontrer des soutiens à Porto-Novo, la capitale. Il ne s’y rendra plus, décidé dit-il, de respecter les consignes des autorités sanitaires.
Après dix jours de ce que le constitutionnaliste a appelé sur Facebook « confinement blanc », Joël Aïvo a tenu à communiquer. Pour lui aussi, c’est une manière de faire passer un message : il n’a jamais été positif au Covid-19. Avec à l’appui un message en filigrane, la restauration de la démocratie qu’il espère. Il est surtout « revigoré par ce sentiment d’injustice et plus que jamais aguerri » après la méditation à laquelle il s’est aussi adonné durant sa décade.
A défaut d’une communication venant des autorités sanitaires, c’est Joël Aïvo qui a tenu à informer l’opinion publique depuis son supposé test positif au virus à la fin de sa période d’auto-isolement. Un peu comme si les autorités ont décidé d’être indifférentes à propos de la situation du professeur d’université qui, il n’est plus besoin de le rappeler, n’est pas un citoyen ordinaire. Joël Aïvo est considéré comme un potentiel candidat à la magistrature suprême du pays et critique du pouvoir en place. Son opposition à la gestion actuelle explique-t-elle le silence des autorités sanitaires sur son état actuel ? Quand Joël Aïvo parle de son quatrième jour d’isolement, « en pleine forme », sans « aucun symptôme », personne au ministère de la santé ne monte au créneau. Le scénario est encore le même à la fin de sa retraite forcée à domicile. Sorti du confinement, le professeur annonce son « retour au combat » en rencontrant, mardi (22.12), des jeunes qui soutiennent ses idées. Pour parler certainement politique, probablement aussi de son isolement de dix jours.
Aïvo, positif ou négatif ?
Dans ce schéma dans lequel ne sont servies que des versions d’une seule partie, les autorités sanitaires gagneraient à avancer moins masquées sur la situation sanitaire de Joël Aïvo. Autrement, elles alimentent les allégations de soutiens du constitutionnaliste qui dénoncent une Covid-19 politique. Mais la situation est d’autant plus ubuesque que les autorités sanitaires ne communiquent pas sur l’identité des personnes déclarées positives. Elles ne l’ont jamais fait même lorsque l’opinion publique demandait à voir les cas de Covid-19. Le ministère de la santé peut-il déroger à cette démarche adoptée depuis le début de l’épidémie au Bénin ? Mais, une très bonne source nous confirme que le professeur d’université a bien été testé positif. Un peu comme d’autres opposants au régime qui ont décidé de ne pas parler de leur cas sur la place publique, ajoute notre interlocuteur. Notre source ne croit pas que les autorités sanitaires vont s’exprimer publiquement sur le cas Aïvo.
S’il est difficile de s’attendre à une réaction publique des autorités sanitaires, nous avons cependant plusieurs fois appris dans le monde, des défaillances au niveau des tests. Un test peut s’avérer positif pour une personne et être négatif peu après. De même, une personne négative à un test peut être positive après un autre test, tant on n’a pas fini d’apprendre sur ce virus. Le scénario s’est-il vérifié pour le cas Aïvo ? A-t-il été positif pour être ensuite positif ? A-t-il jamais été positif ? Quid de l’entourage immédiat du professeur d’université et des soutiens qu’il a rencontrés ? Sont-ils aussi négatifs, comme Joël Aïvo le mentionne pour ce qui le concerne ? A défaut de réponses, c’est peut-être chez Joël Aïvo qu’il faut trouver le bout d’un tunnel nébuleux. « Soyez prudents et prenez soin de vous », a écrit le professeur d’université sur Facebook.